Fab City: In My BackYard construit l’hospitalité
Publié le 12 juin 2018 par Pauline Comte
En préambule au Fab City Summit, le dernier MakeryMedialab de la saison invitait l’association Fab City Grand Paris et le collectif Quatorze à la Gaîté lyrique le 7 juin. Focus sur le projet In My BackYard.
La « ville productive et solidaire » était la thématique de la dernière rencontre de la saison du MakeryMedialab, le 7 juin à la Gaîté lyrique à Paris. En guise de « Fab City Summit warm-up », la rencontre internationale qui se tiendra à Paris du 11 au 13 juillet en amorce de FAB14, Francesco Cingolani et Minh Man Nguyen, de l’association Fab City Grand Paris, ont présenté le concept de ville résiliente et autosuffisante, où la production serait relocalisée via la fabrication numérique et les circuits courts. On ne manquera pas de vous en reparler puisque Makery est partenaire de la manifestation.
L’objectif du rendez-vous était de montrer que cette initiative internationale comporte aussi son volet solidarité. Romain Minod du collectif d’architectes Quatorze a présenté le projet d’« hospitalité constructive » et d’hébergement citoyen In My BackYard (IMBY), qui vise à lutter contre l’étalement urbain et l’exclusion sociale.
Migrants, réfugiés, sans domicile… Pour répondre aux besoins de logement, l’association Quatorze « développe une approche de l’architecture sociale et solidaire pour une ville agile et résiliente ». Ses membres ont imaginé une tiny house en bois à installer dans son jardin pour héberger une personne sans domicile. « Vivre avec des colocs n’est pas toujours facile et encore moins quand ils ont subi des traumatismes liés à la guerre ou à la misère », rappelle Romain Minod pour expliquer comment l’idée de la maison individuelle leur est apparue comme une solution aux problèmes d’intimité.
Quatorze présente In My BackYard:
Un logement écolo
In My BackYard est pour l’instant un prototype de tiny house qu’on peut facilement déplacer via une remorque. D’une superficie de 20m2, la maison est installée dans le jardin de propriétaires souhaitant accueillir une personne sans logement. Du bois issu des forêts françaises (trois plis et douglas pour les connaisseurs), du carton comme isolant et des panneaux solaires : la maison a tout d’un logement respectueux de l’environnement. Le bois ne subit aucun traitement. C’est la technique japonaise du bois brûlé qui est utilisée pour résister aux insectes et aux intempéries.
La première tiny house de Quatorze a été installée à Montreuil dans le jardin d’un couple désireux de transmettre « la notion d’accueil » à ses enfants, raconte Romain Minod. Les hôtes qui souhaitent recevoir un réfugié chez eux (souvent « issus de la charité chrétienne » ou « laïcs de gauche », selon Romain Minod) rencontrent au préalable l’équipe du Samu social pour expliquer leurs motivations, avant de faire connaissance avec leur futur « colocataire ». Premier occupant d’In My BackYard, Sadek, un Afghan, vit à Montreuil dans le jardin de Charlotte et Dominique depuis cinq mois et vient de trouver un CDI dans le secteur de la vente. Il quittera prochainement la maison au fond du jardin pour s’installer dans son propre appartement. Côté « retour utilisateur », Sadek a donné son avis pour améliorer les plans des prochaines constructions. Favoriser la lumière zénithale pour « agrandir » l’espace et conserver le jardin d’hiver font partie de ses suggestions.
Coconstruction et convivialité
Le prix de revient d’une maison atteint 35.000€. Quatorze a réfléchi à la façon de réduire au maximum les coûts de construction en proposant des stages payants, ouverts à tous ceux qui souhaitent apprendre les métiers de la construction en bois. Quant à l’installation, le collectif encourage les hôtes à mener leur propre campagne de financement participatif, pour laquelle chaque participant devient mécène de l’ingénierie du projet.
Le chantier de coconstruction, mené par des bénévoles, est en lui-même une « bulle de convivialité », explique l’architecte.
Le logement est conçu pour accueillir une personne pendant quelques mois (deux ans maximum), le temps qu’elle trouve un toit et un emploi stable, avec l’aide du Samu social de Paris. Le suivi social est financé par la direction interministérielle de l’accès au logement et à l’hébergement. Après cinq ans d’occupation, les maisons seront revendues à des centres de loisirs.
Cinq maisons vont pousser dans les jardins
La région Ile-de-France s’est engagée à financer la construction de cinq nouvelles maisonnettes. Deux d’entre elles verront le jour dans le jardin d’une propriété à Issy-les-Moulineaux et d’un château en Essonne qui a déjà témoigné d’une tradition d’accueil pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des maisons d’une superficie plus grande (avec deux chambres de 4m2) pouvant accueillir des familles vont aussi être conçues. Quatorze dit « avoir besoin de la communauté maker », familière de la cofabrication, pour s’implanter dans d’autres villes comme Lille et Bordeaux. A la façon de projets open source, l’association veut transmettre sa méthodologie en documentant son projet pour que d’autres personnes soient en mesure de porter In My BackYard dans différentes villes de France et du monde. Le Fab City Summit en juillet à Paris sera l’occasion de mettre en relation ce type d’initiatives avec les autres villes membres du réseau Fab City.
Plus d’infos sur In My BackYard et sur le Fab City Summit