Open Source Body: Makery fait son festival
Publié le 19 décembre 2017 par Ewen Chardronnet
Makery organise son premier grand événement Open Science Hardware autour du matériel ouvert pour la santé. Un festival bioDiY comme vous n’en avez jamais vu en France.
Avec Open Source Body, le medialab Makery propose du 22 au 27 janvier 2018 une semaine de festival, ateliers, rencontres, conférences et performances pour se saisir des enjeux du matériel ouvert pour la santé. Né des pratiques de la science ouverte et citoyenne, du biohack et du bioDiY, le mouvement de l’Open Science Hardware considère que pour démocratiser l’accès aux dispositifs médicaux, réduire les coûts des matériels d’analyse et de recherche, il faut en faciliter la fabrication, la customisation et le recyclage. Open Source Body, rythmé par cinq jours d’ateliers et de meet-ups avec les partenaires du festival la Paillasse, Echopen, le Centre de recherches interdisciplinaires, et par deux jours de présentations, démos de matériel et performances à la Gaîté lyrique, propose la rencontre entre les scientifiques, les médecins, les designers, les artistes engagés dans le mouvement et le plus large public.
Du labo à la mallette d’analyse portable, le matériel joue un rôle déterminant dans les expérimentations et avancées du monde de l’instrumentation scientifique. Comme il l’a été dans les différentes révolutions scientifiques qui ont permis d’étendre les observations au-delà des cinq sens humains. Bien que les scientifiques soient des bricoleurs nés, la chaîne actuelle de fourniture en matériel scientifique limite l’accès à ces matériels et entrave la créativité et la customisation. En réduire les coûts apporterait d’importantes améliorations à l’ensemble de la recherche et de la santé. Mieux, le matériel et les logiciels pourraient potentiellement être open source, au sens où leur développement serait distribué sans copyright et leur commercialisation plus ouverte qu’aujourd’hui.
Ateliers art et santé ouverte
Bien sûr, impossible d’imaginer un festival du matériel ouvert pour la science sans une grosse part d’expérimentation et d’ateliers. Open Source Body démarrera donc à la Paillasse, le biohacklab parisien, par trois ateliers à la convergence de la création artistique et de la santé ouverte.
L’atelier Unborn0x9 appelle bio-hackers, acteurs sociaux et agitateurs politiques à concevoir un environnement sonore dérivé de la conversion des fréquences ultrasoniques de l’échographie ultraportable. Les lecteurs les plus assidus de Makery auront repéré qu’il s’agit d’une nouvelle phase de développement du projet de création artistique de Shu Lea Cheang autour de l’écho-stéthoscope open source à bas coût d’Echopen, le fablab de l’Hôtel-Dieu à Paris. Objectif : préparer la performance de hacking dirigée par Shu Lea Cheang à la Gaîté le 27 janvier.
Les Espagnoles de Pechblenda et les Suisses de Hackteria animeront l’atelier Open Science Friction and Noise Disturbance à la biobase de la Paillasse, « un temps et un espace pour la confluence des cyborgs, cyber-sorcières et alchimistes dégénérés ». Au programme : « Perturbations noiSEX à partir des outils DIWo, fluides et corps non statiques. »
Bureau d’études saisit l’opportunité d’Open Source Body pour faire avancer son projet collectif de théâtre tactique Aliens in Green autour de la controverse des perturbateurs endocriniens. Au programme : les 22 et 23, conception d’un serious game sur la politique des perturbateurs endocriniens, puis, du 24 au 26, appel à des spécialistes et non-spécialistes pour réaliser des entretiens évoquant notre vie dans des environnements toxiques (pesticides, pollutions industrielles, etc.).
Initiations à l’open hardware biologique
À partir du 24, Open Source Body propose en partenariat avec le CRI et le programme Doing It Together Science deux ateliers open hardware pour la santé. Le premier, mené par André Maia Chagas de Prometheus Science, est une initiation au microscope Flypi, une plateforme open source imprimable en 3D pour la microscopie fluorescente, l’optogénétique et le contrôle de la température. Alexey Zaytsev, venu tout spécialement de Shenzhen en Chine, fera tester DI-Lambda, un colorimètre open hardware permettant de réaliser des dosages colorimétriques essentiels. L’atelier permettra d’apprendre à mesurer la concentration de protéine dans le lait et la concentration de plomb dans les sols.
Les ateliers seront rythmés par des soirées meet-ups rassemblant les participants (mardi chez Echopen, mercredi à la Paillasse, jeudi au CRI). Le vendredi à la Gaîté lyrique, le meet-up sera l’occasion d’une sortie des ateliers.
Grande journée publique à la Gaîté Lyrique
Le 27 janvier, Open Source Body proposera une journée grand public en partenariat avec la Gaîté lyrique. Pour s’initier et comprendre les enjeux du matériel pour la science ouverte, pour découvrir les prototypes d’équipements de santé mobiles et leur impact potentiel sur la réduction des inégalités sociales d’accès au soin. Mais cette journée sera également l’occasion d’explorer les convergences entre scientifiques, médecins, hackers, makers, designers et artistes. Conférences, démonstrations, performances viendront rythmer la journée de 14h à 22h.
Open Source Body souhaite faire se rencontrer des acteurs du monde entier à la croisée de la recherche en biologie, de la médecine de première ligne et du développement de matériel santé open source. Objectif ? Discuter des perspectives ouvertes par ces nouveaux équipements à bas coût et des problématiques de mise à l’échelle pour la mise en pratique sur le terrain. Il y sera (entre autres) question du MiniLab de Médecins Sans Frontières, du fablab Echopen de l’Hôtel-Dieu à Paris, du lab santé et handicap My Human Kit. Seront également présents des membres du réseau bioDiY Hackteria et de GaudiLabs, des chercheurs de l’Institut Pasteur, l’Open Wetlab de la Waag Society d’Amsterdam ou des Italiens de Made4You. On y parlera des Parleuses, ce kit d’éducation sexuelle en tissu consacré aux organes féminins.
Performances cyberféministes et gynepunk
La réduction des coûts promise par le mouvement du matériel ouvert pour la science et le développement de « forks », ces variantes pour la création, ouvrent des possibilités nouvelles pour la pratique artistique corporelle : imagerie par ultrasons (échographie), microscopie numérique par webcam ou loupes binoculaires numériques, endoscopie numérique et robotique pour la chirurgie, gynécologie DiY et analyse des fluides, sonification des échanges bactériens et cellulaires… C’est pourquoi Open Source Body s’achèvera samedi soir par une soirée de performances d’artistes cyberféministes, transhackféministes et gynepunk. On ne sait pas trop encore à quoi nous/vous attendre, sinon que lesdites performances, Unborn0x9 de Shu Lea Cheang et Labomedia et [[Performative lab]o[dy Ritual]] de Pechblenda et Hackteria, sont à réserver à un public adulte.
Inscriptions et infos sur la page Facebook d’Open Source Body et sur le festival Open Source Body