Mécaniques d’engagement au pays des horloges
Publié le 20 mars 2017 par DCALK (Paris/Bruxelles)
Du 10 au 12 mars se tenait le 8ème Ludesco, un festival autour du jeu à La Chaux-de-Fonds, en Suisse. Entre «murder party» et stands de jeu, nos chroniqueurs de Dcalk ont participé à une table ronde sur le jeu engagé.
La Chaux-de-Fonds, correspondance
Si l’on a pu ricaner en sortant de notre ludothèque noire l’excellent Secret Hitler et se frotter les tempes pour remporter une partie contre Manu Valls dans Le Jeu de la ZAD, la question reste entière : qu’est-ce qu’un « jeu de société engagé » ? Quels en sont les contextes, les formats d’édition, les objectifs ? Heureusement, nous n’étions pas tout seuls pour répondre. Cette colle nous a été posée au cours d’une table ronde par Loïc Hans, l’un des organisateurs du festival de jeux et expériences ludiques suisse Ludesco, qui a tenu sa 8ème édition à La Chaux-de-Fonds, du 10 au 12 mars 2017, et revendique 3700 festivaliers.
Autour de la table, l’association Underconstruction, dont les jeux et kits d’animation sous licence libre empruntent tant au serious game qu’aux techniques d’éducation populaire, Aurélien Lefrançois, un couteau suisse du game design que l’on retrouve dans des initiatives parisiennes engagées comme Jeux Debout ou Game Impact, et la Suisse Mélissa Pisler, qui a présenté le projet Democrapcy.
Jouer pour apprendre la démocratie
C’est lors d’un workshop « game design & serious game » en octobre 2015 à la Haute école d’art et de design de Genève (la HEAD, où Mélissa étudie) que le prototype a été développé. La chancellerie suisse proposant aux étudiants d’imaginer un jeu de sensibilisation aux quatre élections annuelles pour jeune public. Le proto Democrapcy a été retenu et retravaillé en 2016 sous l’œil attentif des professeurs de l’école (Nicolas Nova, Etienne Mineur, Douglas Stanley). Il a ensuite été présenté dans le sillage des Éditions Volumique lors d’événements majeurs de l’édition du jeu de société (Cannes, Essen). On espère bien retrouver Melissa et son Democrapcy lors d’une session « jeu et politique » spécial premier tour de la présidentielle française, le 23 avril prochain à Paris…
Magma associatif
Pour une première virée à La Chaux-de-Fonds, on peut dire que l’on s’est retrouvés dans un bon magma associatif, hébergés que nous étions au LAC, le Laboratoire autogéré de création où s’agite actuellement un collectif porteur d’un projet de fablab. Encore au stade de proposition, Ici Autour agrège déjà bon nombre de curieux dans cette commune au passé ouvrier et autonome. On a pile eu le temps de rencontrer Hélène Carrel, l’une des instigatrices du projet.
Ingénieure design formée à la Haute Ecole ARC de Neuchâtel, elle a adopté le fablab de l’établissement tourné ingénierie et microtechnologie. Chaux-de-fonnière, elle souhaiterait développer un projet local au service de sa commune ; elle a alors réuni les énergies et poussé quelques actions en extérieur pour mobiliser, concevoir et promouvoir l’idée, avec un noyau dur d’une dizaine de personnes. Comptant aujourd’hui 400 soutiens, le collectif poursuit sa campagne de promotion et espère trouver un local à la rentrée.
On attend des nouvelles en espérant visiter bientôt ce lieu hybride qui regroupe des constructeurs, des décorateurs, des graphistes, des designers, des artistes, des bricoleurs mais également des horlogers ! A l’instar de Roman Winiger, qui réfléchit à des kits de mécanique de précision open source regroupés sous le collectif Openmovement.
Retrouvez les chroniques de Dcalk, association de promotion du jeu en tant qu’objet culturel notamment via le projet Ludobox