Comment j’ai perché mon chat avec l’atelier Chutes libres
Publié le 23 février 2015 par Nicolas Barrial
Un collectif de jeunes designers accueille les apprentis makers chaque dimanche au Pavillon de l’Arsenal, autour d’ateliers d’upcycling des chutes des scénographies d’expos passées. Makery a testé pour vous.
L’esprit DiY continue de souffler sur nos institutions, le Pavillon de l’Arsenal n’échappe pas au phénomène. Construit en 1875, ce lieu d’exposition parisien est dédié à l’urbanisme et l’architecture depuis 1988. C’est avec l’idée du réemploi des chutes de matériaux utilisées pour les scénographies des expositions que sont nés les ateliers “Chutes Libres”, conçus et animés par le collectif Prémices, fondé par quatre anciens élèves de l’école de design et d’architecture intérieure Boulle. On vient travailler avec des pros à partir de chutes «libres» et on repart avec un meuble sous le bras, à l’issue de trois heures d’atelier.
Le collectif Prémices imagine workshops et ateliers pédagogiques autour de la valorisation de la matière recyclée et fait appel à des designers confirmés pour les animer. Après une première session en 2014, j’ai intégré l’entame de la nouvelle session, du 15 février au 3 mai 2015. En total novice de l’atelier bois, je n’avais pas la prétention de faire un meuble pour humain, alors j’ai pensé que j’allais faire un perchoir pour mon félin préféré. Son dédain ou son appréciation feraient loi.
C’est dimanche, la queue du chat balance. Il est 15h, c’est parti pour trois heures qui ne seront pas de trop si je veux faire entrer ma création dans une démarche d’upcycling.
L’atelier est vaste, sous une belle lumière délivrée par une verrière. Les « gentils organisateurs » sont identifiables avec leurs t-shirts rouges.
Tout est propre et bien rangé avant une débauche de sueur et de sciure.
Les établis sont bien identifiables par spécialité, on nous invite à respecter les zones et ne pas disperser les outils.
Les vraies stars de l’atelier, les fameuses chutes qui n’attendent que nous pour vivre une nouvelle vie. Mieux vaut choisir des tailles à la mesure des projets pour ne pas créer trop de nouvelles chutes orphelines.
On commence à cogiter. L’équipe de Prémices s’adapte à votre niveau mais invite au challenge – vous n’allez pas vous en tirer avec une boîte. Et si vous avez oublié comment se calcule un angle, ne vous inquiétez pas, vos assistants sont des disciples de Pythagore.
La plupart des participants sont venus avec leurs projets pensés à l’avance mais on peut aussi fabriquer les designs élégants proposés par l’atelier.
Mon dessin témoignant de mon incurie en matière de design de meuble, Bastien Phung, mon mentor dont c’est le métier, m’indique alors une technique d’assemblage plus sophistiquée. Des pieds en croix et un plateau posé en diagonale. J’opte pour le plan d’un tabouret, mais je décide d’en augmenter singulièrement la hauteur, à 120 cm.
Voilà à quoi va ressembler mon pied, il va falloir que j’en fasse deux comme ça, en pensant bien à faire des encoches en regard l’une de l’autre. La partie supérieure va venir se loger en croix dans le plateau.
J’ai fait mon choix de chutes, deux panneaux pour les pieds croisés. Mais le plateau me semblait trop petit pour mon gros matou, alors j’ai pris une planche plus grande et j’ai refait mes calculs.
On commence à reporter les plans sur la matière, tous les âges sont à la manœuvre.
De mon côté, j’ai fait mes tracés, je n’aurai que trois planches à découper mais le temps file et les ateliers de découpe sont déjà pris d’assaut.
On apprécie le matériel électrique. La scie sauteuse est l’outil le plus utile pour cet atelier qui privilégie les découpes fines. Elles sont en nombre suffisant pour la quinzaine de participants.
Participants et organisateurs sont unis dans une même passion du faire.
L’heure de vérité, ça rentre ou pas ? Un coup de marteau pour forcer le destin.
Ceux qui ont choisi un design conçu par le collectif s’échinent sur des découpes complexes mais ils vont pouvoir emporter un bel ouvrage chez eux.
Et les autres héritent d’un tabouret tout droit sorti de la Guerre des monde. Mais mon tabouret d’1,20m fait son petit effet dans l’atelier.
Il reste peu de temps, on rentre en mode «dirty work», mon assistant d’un jour s’y adapte gentiment et va vérifier mes cotes pour que le plateau s’emboîte bien.
Pendant ce temps-là, à la section ponçage, les participants les plus efficaces assurent les finitions.
Voilà, c’est fini. Le temps d’une photo de l’équipe du collectif Prémices.
De retour à la maison, pas le temps de mettre un coup de lime pour ajuster le plateau et poncer les courbes, je vais devoir attendre que mon chat se réveille. Projet validé !
Non seulement cet atelier de mobilier responsable est plus que recommandable, avec son équipe compétente et disponible, mais on a pu vérifier que certains participants étaient déjà venus et reviennent donc avec plaisir. Petit conseil si vous vous décidez : venez avec une idée et des mesures, quitte à vous faire réorienter. Vous pourrez ainsi rejoindre plus rapidement les établis et rentabiliser les 22€ d’inscription en repartant avec un objet réalisé par vos soins. Il n’est pas interdit non plus d’apporter des éléments qui viendraient s’associer à votre structure en bois.
Chutes libres, atelier au Pavillon de l’Arsenal, du 15 février au 3 mai 2015, le dimanche de 15h à 18h, inscriptions sur le site du Pavillon de l’Arsenal, 22 €, 15 personnes maximum.
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(Texte et photos Nicolas Barrial)