Makery

Partage des connaissances en open source : de l’électronique bricolée aux associations d’artistes autogérées

© Maryia Kamarova

Lauréate de la bourse Rewilding Cultures Mobility Conversation, l’artiste biélorusse Maryia Kamarova a participé à une résidence dans plusieurs lieux du centre de la France avec l’artiste Pierre Pierre Pierre (aka PPP), consacrée au développement d’une installation multicanal portable assemblée avec des microphones électret, de l’électronique bricolée et des objets trouvés. En commençant par le village de Saint-Arnoult-en-Yvelines, les artistes se sont ensuite rendus à Orléans, où ils ont séjourné à La Labomedia et présenté leur travail dans le cadre du festival Re/Dé}Connecte. Maryia raconte son été itinérant pour Makery.

Maryia Kamarova est une artiste interdisciplinaire dont la pratique se situe aux croisements des arts du spectacle, de la scénographie, du son et de l’installation. Elle crée des environnements spatiaux qui suscitent un sentiment de curiosité et d’attention à l’égard du quotidien. En mettant en scène et en réaffectant techniquement des objets banals, l’artiste met l’accent sur le potentiel créatif du monde non humain. Abordant le son comme un médium performatif, elle développe continuellement des objets électroacoustiques bricolés et les laisse habiter temporairement les sites de performances et d’installations. Son travail a été présenté internationalement en Europe, en Biélorussie, en Ukraine et au Mexique.

Préamplificateurs, chèvres et leurs effets mutuels

Je me souviens d’avoir observé mes mains le tourner soigneusement d’un côté à l’autre. J’essayais de trouver une pliure ou au moins un indice montrant que ce morceau blanc de plastique dur avait une autre couche, cachée au premier coup d’œil ; ainsi, je pourrais le démonter et révéler sa fonction, comme cela arrive parfois avec des objets utiles étranges. Mais en vain : mes mains tenaient une breadboard sans trous. « Je me suis dit : « À quoi ça sert, s’il n’y a pas de trous ? ».

Le mystère restait entier. Les heures passées au-dessus de la table avec des schémas de circuits ont clairement trouvé leur place dans mes rêves pendant les nuits tranquilles passées à la campagne. Spoiler : la simplicité des objets tels que la breadboard ne garantit pas leur fiabilité éternelle. Ainsi, lorsqu’il s’agit de prototypage, même avec un ensemble minimal d’outils employés et une passion pour les échecs, il est préférable de s’assurer de leur compétence.

La première partie de notre résidence s’est déroulée dans le petit village de Saint-Arnoult-en-Yvelines, chez des amis de Pierre, le couple de musiciens Rachel Langlais et Nicolas Cueille. A la recherche d’un contexte pour se rencontrer et poursuivre notre collaboration après la première résidence en décembre 2024, Pierre a fait appel à son réseau en France (1). Il a reçu une réponse positive de Rachel et Nicolas qui ont proposé leur place, ainsi que de La Labomedia, une association basée à Orléans, où nous nous sommes rendus après une semaine dans le village. Nous avons pris rendez-vous le 12 juin à midi à Paris Bercy Seine, d’où nous avons continué vers Vendôme, la gare la plus proche de notre destination.

La maison de Rachel et Nicolas dispose de deux studios d’enregistrement, d’un salon confortable avec une collection de disques vinyles et d’une bibliothèque remplie de bandes dessinées. Les musiciens étaient absents lorsque nous sommes arrivés, mais ils nous ont permis d’utiliser leurs chambres, leur jardin et leur voiture, ce qui nous a permis de nous déplacer facilement dans le coin et de faire des courses. Cependant, lorsqu’ils sont revenus à la fin de notre séjour, j’ai eu l’impression de les connaître déjà grâce à leur musique et aux objets personnels qui gardaient leur maison pendant l’absence de leurs propriétaires. Il y avait aussi d’autres gardiens – deux chèvres noires, qui erraient sur le flanc de la colline et nous rejoignaient de temps en temps pendant les pauses déjeuner.

Avant la résidence, nous avons rassemblé plusieurs schémas de préamplificateurs utilisables avec des capsules de microphones à électret et nous avons acheté tout le matériel nécessaire. J’ai expérimenté différentes capsules à électret, en commençant par des capsules bon marché que j’avais dans ma boîte d’électronique et en passant à la PRIMO EM282 commandée chez Micbooster au Royaume-Uni. Le choix principal s’est porté sur la capsule fournie par PUI Audio (AOM-5024L-HD-R), qui sonnait bien et était facilement disponible auprès de nombreux fabricants en Europe.

Atelier électronique improvisé dans le studio de la maison de Rachel et Nicolas. © Maryia Kamarova

Pendant quelques jours, un des studios de la maison a été transformé en atelier d’électronique. Pierre construisait un circuit qu’il avait trouvé sur l’un des forums (2) basé sur un amplificateur opératif NE5534. Je travaillais sur un circuit basé sur un transistor PNP trouvé dans un livre de Graham Bishop sur les circuits audio (3). Nous voulions tester plusieurs schémas pour comparer les résultats et choisir le meilleur pour construire un prototype sur une perfboard. Les sons de la radio et de la rétroaction se sont mélangés à nos monologues, moi parlant en russe et Pierre en français. J’imagine qu’il pourrait s’agir d’une compilation audio intéressante de paysages sonores d’ateliers d’électronique, de fablabs, d’espaces de piratage, mettant en scène des gens qui se parlent à eux-mêmes dans des fablabs. (ce que, je crois, beaucoup d’entre nous font en travaillant). Au final, nous avons choisi un circuit basé sur un amplificateur opérationnel (amp-op).

Nature morte sur le plan de travail.

En partant de notre idée d’une installation modulaire pour la capture et la reproduction du son en temps réel, nous avons cherché à utiliser des objets sonores indépendants, chacun incorporant un microphone, un préamplificateur à gain réglable, une carte d’amplification, un haut-parleur et une alimentation, remplaçant ainsi la console de mixage omniprésente. La portabilité et la taille compacte de ces objets ont permis ce que nous avons appelé le « performative roo(u)ting », qui se réfère à un acte consistant à déplacer les objets dans la pièce plutôt que de les contrôler à l’aide d’un bouton panoramique sur une table de mixage.

Les premiers tests ont été effectués à Porto en décembre 2023, à Sonoscopia (4), où nous avons installé notre configuration initiale improvisée à l’aide d’une vieille table de mixage. Avec ses multiples sous-groupes, nous avons pu émuler notre système en envoyant chaque canal d’entrée vers une sortie séparée. Le son était produit par des assemblages d’objets trouvés et de petits moteurs à engrenages, ce qui nous permettait d’entendre simultanément leurs versions acoustiques et amplifiées depuis différents endroits de la pièce. L’espace ressemblait en quelque sorte à un studio de bruitage pour un faux documentaire bizarre, la bande sonore étant produite en temps réel. De petits appareils électroniques imitaient les bruits de pas dans la forêt, les coups de sabots, les bruissements d’ailes et les cris de singes bizarres, tandis que nous nous tenions sur le côté, ajustant la technologie et les réglages pour faciliter le comportement des appareils.

Des gestes minimaux réalisés avec un maximum d’efforts. Nous avons d’abord installé le réseau complexe de câbles et de circuits intégrés pour écouter joyeusement l’imitation des pas dans la forêt. Ensuite, nous avons voyagé dans un autre pays, passant une semaine penchés sur des breadboard à moitié cassées, puis au poste de soudure, à déboguer un circuit couramment disponible en ligne et livrable directement dans votre boîte aux lettres. « Quel est l’intérêt ? », pourrait-on se demander, toute cette action pour un effet qui pourrait sembler modeste. Outre la possibilité d’écouter des bruits de pas dans votre chambre sans qu’il y ait de véritables arbres, la nature exigeante du bricolage électronique produit souvent des résultats inattendus. Elle nous permet d’approfondir nos connaissances sur les objets que nous utilisons et, je crois, de favoriser un lien plus étroit et plus personnel avec la technologie et les matériaux impliqués dans notre processus créatif.

Pierre et moi sommes des autodidactes dans le domaine de l’électronique. J’ai appris (et continue d’apprendre) presque intuitivement, en prenant mon temps et en laissant la place à l’échec et à l’imperfection. Dans les moments où l’on peut être surpris par le comportement inattendu de l’objet, en le laissant se déployer, des interactions dynamiques se produisent où nous collaborons avec le matériau, en le traitant comme un agent actif – un partenaire et un collaborateur. Ce que j’apprécie le plus dans ce domaine, ce sont précisément ces processus de collaboration lents et stimulants.

Gare à la Rochette !

« Ce que l’attention portée au moment de la production et à l’engagement avec la matière révèle, c’est que la production de tout artefact est beaucoup plus proche d’une négociation que de la simple imposition d’une forme à une matière passive. Et comme c’est le cas pour toutes les négociations, on ne peut pas dire que le résultat final ou le produit de la négociation soit le résultat d’un plan préexistant et bien défini. »
BRYANT, R. Levi. Onto-Cartography. An Ontology of Machines and Media. Edinburgh University Press. 2014.

Quelques jours après la résidence, j’ai reçu un message de Pierre avec un lien vers un produit d’un fabricant français d’électronique : « Regarde, une carte de préamplificateurs légale avec le même amp-op que nous avons utilisé ». La carte était plus grande, principalement en raison de sa configuration stéréo et des deux gros condensateurs 3300µF qui dominaient le design. Elle coûtait 49 euros, avec un délai de livraison de deux ou trois jours. En l’espace de quatre jours, nous avons construit plusieurs prototypes fonctionnels, le coût des matériaux pour chacun d’eux étant inférieur à 4,90 euros. Même s’ils n’étaient pas parfaits, ils étaient prêts à être testés.

Le site du festival à Thoré-La-Rochette.

Pendant la semaine, nous avons eu la chance de passer du temps avec nos amis caprins et d’assister au festival Gare à la Rochette ! qui se déroulait autour de l’ancienne gare de Thoré-La-Rochette. Nous y avons rencontré Antoine Capet, un artiste et fabricant que Pierre connaissait, qui a déménagé de Paris pour s’installer dans le village depuis peu et qui organise lentement ses activités dans un espace de travail installé au dernier étage de la gare, juste sous les combles. Il nous a montré une pièce lumineuse équipée d’une découpeuse laser, d’une imprimante 3D et de plusieurs tables de travail utilisées lors des ateliers destinés à la communauté locale, qu’Antoine organise avec son collègue et des artistes de la région. De simples instruments de bricolage et d’autres objets artisanaux étaient posés sur les tables. Tout en ayant une pratique étendue d’éducateur spécialisé et en étant occupé avec Brut Pop (5), Capet travaille à l’accessibilité de l’art et de la pratique musicale dans des communautés spécifiques qu’il incorpore maintenant dans ses activités sur le lieu où il vit.

Rachel et Nicolas sont arrivés le dernier jour de notre séjour à Saint-Arnoult, ce qui nous a permis de partager un dîner ensemble. Comme Antoine, ces deux artistes ont quitté les grandes villes pour s’installer à la campagne il y a quelques années. Aujourd’hui, cet endroit leur offre une retraite tranquille où ils peuvent échapper à l’agitation de la vie urbaine et trouver un environnement paisible pour se reposer et se concentrer sur leur musique. Pour ceux dont le travail implique des déplacements fréquents et des engagements sociaux, disposer d’un endroit où se détendre et ralentir est inestimable. Vivre à la campagne a ses propres avantages : coût de la vie moins élevé, possibilité de cultiver sa propre terre, plus d’espace et de liberté pour jouer de la musique sans déranger les voisins. Compte tenu de la situation actuelle du logement dans les villes, cette alternative devient une excellente stratégie de survie. D’autre part, les villages et les petites villes bénéficient de l’essor des communautés artistiques, qui contribuent au développement du paysage culturel local. Le lendemain matin, un couple partait pour Tours, tandis que Pierre et moi nous dirigions vers Orléans pour notre prochaine destination, La Labomedia. Antoine nous a gentiment conduits à la gare.

Infinite Summer – Slow Down. Un des rares projets dans lequel le couple Rachel Langlais et Nicolas Cueille ont collaboré musicalement en jouant de la musique R&B et Soul ironique :

Lieux de retour

Notre séjour à La Labomedia correspondait bien aux dates de leur festival annuel Re/Dé}Connecte où nous avions prévu de faire la première présentation publique de notre projet en cours. Situé dans la ville d’Orléans, La Labomedia fonctionne comme une plateforme soutenant la création artistique, la recherche et le développement dans le domaine des arts numériques. En plus d’offrir un programme cohérent d’activités artistiques et éducatives, l’association se distingue par sa pratique de l'(h)activisme et est impliquée dans divers projets dans le domaine de l’esthétique numérique et de la promotion de la connaissance open-source, atteignant un public très large. L’un d’entre eux, par exemple, est FuturÉtic – une plateforme numérique francophone qui offre des outils en ligne gratuits, éthiques et décentralisés qui donnent la priorité à la confidentialité des données (6).

À notre arrivée, Benjamin Cadon (l’un des fondateurs de La Labomedia) nous a accueillis à proximité de l’appartement et nous a donné un guide rapide à l’intérieur de la maison. Il s’est ensuite empressé de retourner au centre. C’était le premier jour du festival et de nombreuses activités étaient sur le point de s’accumuler. L’association était située au 108 – un centre culturel niché dans le bâtiment d’une ancienne usine de chocolat qui, entre autres, accueillait des ateliers scolaires, des ateliers d’artistes, un centre social et d’autres initiatives culturelles locales.

Lors du vernissage du lundi soir de l’exposition SKIPP 99, nous avons été approchés par Paul Laurent, qui nous a invités à partager notre projet lors de son atelier MusicLab du mardi soir, ce que nous avons bien sûr accepté. Les jours suivants, Pierre et moi avons oscillé entre l’atelier électronique et une salle de conférence, installant notre installation sur une longue table. Nous avons organisé deux présentations, chacune accompagnée d’une brève présentation de l’artiste et d’un espace pour les réactions et les questions du public. La première a été suivie par les participants de MusicLab, des personnes âgées de 15 à 60 ans, tandis que la seconde a impliqué un cercle étroit de spectateurs du festival et de personnes impliquées dans l’organisation en tant que partenaires et collaborateurs. Le cadre communautaire nous a permis d’arranger nos appareils pour une performance en direct tout en nous déplaçant autour de la table avec le public, qui pouvait observer de près les manipulations. Certains ont comparé cette configuration à une radiographie ou à un théâtre anatomique, où toutes les parties du « corps » technologique étaient exposées à l’observateur.

Objets de notre « project-in-progress ».

Le festival Re/Dé}Connecte à La Labomedia a attiré un public nombreux et diversifié de la communauté locale et au-delà. Tous les événements étaient gratuits, ce qui les rendait accessibles aux visiteurs spontanés qui passaient dans le quartier, attirés par les concerts et les sons des mixages sans entrée. Combinant studios ouverts, dîners, performances et conférences, le programme s’est équilibré entre des actes de réflexion critique, de partage et de présentation.

A_R_C_C, le duo d’Arnaud Rivière et C_C.

Jeudi soir, j’ai assisté à une conférence de Marie Lechner sur l’extraction du lithium en France et dans d’autres pays, son principal sujet de recherche ces derniers temps. Marie Lechner a mis l’accent sur les préoccupations concernant les impacts sociaux, écologiques et économiques de la transition énergétique en Europe, remettant en question le cours et les questions liées à l’« économie à faibles émissions de carbone ». L’équipe et certains membres de l’auditoire m’ont gentiment offert une traduction simultanée. Cela m’a fait réfléchir à l’intérêt d’organiser de tels événements plus souvent le soir, peut-être après des dîners partagés ou même entre deux concerts, en ouvrant l’espace à la réflexion et au partage dans des contextes moins attendus.

Dans l’ensemble, ce séjour à (et avec) La Labomedia a été une excellente occasion d’avancer et de partager notre travail, mais aussi d’échanger des idées et d’observer les processus des autres, en s’inspirant mutuellement. En tant que personne qui voyage fréquemment, j’apprécie la chance de retourner dans des endroits que j’ai déjà visités. Mais pour y retourner, il faut d’abord y arriver et y passer du temps, afin de nouer des liens avec le lieu et ses habitants.

L’un de ces lieux que j’ai récemment visité est Sonoscopia à Porto, d’où j’écris actuellement ce compte rendu. C’est la troisième fois que je viens ici en tant que résidente, et j’y ai également travaillé en tant que stagiaire dans le passé (comme Pierre l’avait fait il y a quelques années). Lorsque je suis arrivée samedi dernier, João Ricardo m’a accueillie à la porte, m’a offert un dîner et m’a montré les changements survenus dans la maison. La collection de matériel électronique vintage donnée à Sonoscopia entre 2022 et 2023 a été magnifiquement organisée dans un studio à l’initiative conjointe de João et de Wouter Jaspers. Ils ont coordonné la collecte et organisé le transport depuis l’Allemagne, car la plupart des pièces ont été livrées depuis ce pays. Les synthétiseurs, oscillateurs, générateurs de bruit et magnétophones ont été offerts par diverses personnes, dont Hainbach, Jochen Hänsel, Jaspers lui-même et d’autres (7). Les pièces du côté sud de la maison ont été transformées en bibliothèque (avec de nombreux livres offerts par Vitor Rua), en galerie exposant des œuvres collectives et en salle de détente. Auparavant, cette partie de la maison souffrait d’un toit qui fuyait, de sorte qu’une ou deux pièces étaient inondées pendant la saison des pluies. Lorsque la pièce était vide, je l’utilisais pour faire sécher les objets que je trouvais sur la côte, car elle recevait beaucoup de lumière naturelle. Maintenant, il y a de belles plantes, un canapé et un système audio pour écouter des cassettes ou simplement la musique d’un téléphone.

Il y a cinq ans, lorsque l’association a quitté ses anciens locaux pour s’installer ici, le collectif a dû rénover l’ensemble du bâtiment, en remettant en état les sols, les plafonds, l’électricité et l’eau. Aujourd’hui, les étagères sont remplies de matériel électronique, d’archives de cassettes et de disques, d’objets électroniques fonctionnels et obsolètes et d’instruments bricolés. Et, bien sûr, il y a beaucoup de place pour les gens – artistes, musiciens itinérants et résidents, visiteurs et amis du collectif. Ce sera ma base pour les deux prochains mois (septembre et octobre 2024) et un lieu pour poursuivre notre collaboration avec Pierre.

Quelques mots pour conclure

En ce qui concerne la transparence et l’économie de la création musicale, nous observons souvent une hiérarchie claire dans les aspects des processus qui sont présentés au public, dans les technologies et les moyens qui sont visibles et dans ce qui reste derrière le rideau. Une approche horizontale peut être appliquée et appréciée dans ce domaine, tout comme dans d’autres systèmes communautaires. Si le fait d’écouter un concert ou de regarder un spectacle peut être considéré comme divertissant ou même immersif, il crée également un contexte social puissant, que nous, créateurs et organisateurs, pouvons façonner en collaboration avec le public et les participants. Il est tout aussi important d’amener la discussion critique sur la technologie contemporaine au grand public que de présenter les avantages qu’elle offre.

Alors que nous naviguons dans le paysage en évolution rapide de l’art multimédia dans le contexte d’un marché technologique en constante progression, l’importance du partage des compétences et des connaissances ne peut être surestimée. En ces temps d’innovation constante, il est essentiel de maintenir un équilibre entre notre fascination pour les nouveaux outils incorporés dans notre travail et un scepticisme sain à leur égard. Tout comme les personnes marginalisées par les systèmes sociétaux ont développé des stratégies créatives pour résister à leurs limites et les renverser, nous devons, en tant que travailleurs culturels, cultiver une conscience critique des outils à notre disposition. Le partage de cette conscience nous permet d’exploiter le potentiel de la technologie tout en restant vigilants face à ses pièges, garantissant ainsi que notre travail reste à la fois innovant et ancré dans une pratique éthique.

Toutes les photos sont de l’auteur.

Plus d’informations sur le projet artistique et la démarche de Pierre et Maryia sont disponibles via le lien suivant.

Maryia Kamarova a été lauréate de la bourse 2024 Rewilding Cultures Mobility Conversation. Rewilding Cultures est cofinancé par l’Union européenne.

notes :

(1) Pierre Pierre est un artiste sonore autodidacte qui s’intéresse à l’électronique et aux situations dysfonctionnelles. Il travaille avec de l’électronique artisanale, des appareils hi-fi communs et bon marché, de la synthèse audio et des logiciels de codage. Il a collaboré avec divers artistes et a présenté son travail à l’international, avec des sorties sur des labels comme Amateur et Fougère Musique. Ancien membre de Cable# et du collectif de cinéma expérimental Mire à Nantes, Pierre dirige aujourd’hui 50hz et participe à des projets dans l’espace public avec La Méandre et Veiculo Longo. Il est également membre du collectif Concerts Dispersés qui organise des événements et des performances hors réseau dans le centre de la France.
(2) Circuit Exchange International. Op-Amp Microphone Preamp : https://www.cxi1.co.uk/Circuits/Audio/lf071_mic.htm
(3) BISHOP, Graham. Audio Circuits and Projects (Revised Edition). Macmillan Education ltd, 1980. ISBN 978-0-333-37221-0. p. 30 (figure 3.2b)
(4) Sonoscopia est une association basée à Porto, au Portugal, qui fonctionne à la fois comme un collectif artistique et comme un espace de réflexion et de développement créatif dans le domaine de l’art sonore et de la musique expérimentale. L’association existe depuis 2012 tandis que le collectif est activement impliqué dans le paysage culturel portugais et étranger depuis la fin des années 90.
(5) Brut Pop est une association d’artistes, initiée par Antoine Capet et David Lemoine, active depuis 2009 et axée sur la pratique artistique, impliquant des personnes souffrant de handicaps mentaux ou psychologiques. Les activités de l’association couvrent l’animation d’ateliers sonores dans des établissements de soins, des publications et l’organisation de divers événements qui croisent l’art et le handicap, ainsi que des réflexions sur le rôle des nouvelles technologies dans l’aide sociale et les soins de santé.
(6) FuturÉtic a été conçu en priorité pour la région Centre-Val-de-Loire mais est ouvert et accessible à tous.
(7) Plus d’informations sur le studio (y compris la liste complète des donateurs).