Kongo Astronauts : « l’astronaute se sent étranger sur sa propre planète, un homme exilé par la force des choses »
Publié le 12 octobre 2021 par Maxence Grugier
Kongo Astronauts (KA) est un collectif né à Kinshasa en 2013 à l’initiative des artistes Éléonore Hellio et Michel Ekeba. Leur pratique artistique transmédiatique englobe la performance, la vidéo, la photographie ou l’art en réseau. Investis dans le réseau culturel alternatif de Kinshasa, mégalopole de 17,7 millions d’habitants, KA met en jeu des questions relatives à l’afrofuturisme et aux réalités locales congolaises, pour dénoncer et faire réfléchir au devenir de l’Afrique contemporaine à travers son histoire récente, dans une ville et un pays qui doit dealer avec l’héritage colonial et une réalité urbaine parfois hostile.
Si Kongo Astronauts exprime une envie d’avenir, c’est aussi un cri. Celui d’artistes qui étouffent dans une mégalopole tentaculaire où il faut entrer dans l’action au jour le jour pour exister. Kongo Astronauts (KA pour ses créateurs) est tout autant issue d’une histoire intime que d’un besoin d’expression publique. C’est un monstre de Frankenstein qui incarne le refus de baisser les bras face aux conditions de vie difficiles imposées par son environnement issu de la condition postcoloniale. Face à cette dureté inhérente au milieu, Kongo Astronauts réplique par l’action performative.
Au gré d’apparitions spontanées, où futur, passé et présent s’entrechoquent, KA offre une échappatoire aux pièges du quotidien, ouvre une possibilité d’imaginaire commun à l’Afrique et l’Occident et propose la réalité alternative d’une interzone où la fiction d’une Afrique technologique joue en miroir avec son double, celui d’une Afrique trop souvent victime de ses clichés de pays « en développement ». Rencontre avec Éléonore Hellio et Michel Ebeka, à l’occasion de la clôture des rencontres « Afrique – Utopies Performatives », qui se tenait à la Cité des Arts jusqu’en septembre dernier et réunissait de nombreux artistes, performers africains et occidentaux.
Makery : Comment est née cette expression d’une « utopie performative » qu’est Kongo Astronauts ?
Eléonore Hellio : Je dirais de la rencontre un peu obscène entre le techno-business international et les artistes émergents qui pensent la ville de Kinshasa au futur présent. En 2012, j’ai été amené à m’occuper, pour le compte d’une grosse entreprise de communication et d’évènementiel, de la direction artistique du lancement d’une « box » d’accès au réseau mobile 4G pour les zones subissant une mauvaise connexion Internet. Pour produire quelque chose ici, il faut bénéficier du soutien des capitaux privés de sociétés diverses et variées ou de fonds en provenance de l’international. Ce lancement était l’occasion de parrainer des artistes en les invitant à réfléchir sur l’impact de la globalisation digitale. Avec Michel Ekeba nous avons décidé d’évoquer subtilement la guerre du Coltan à l’est de la RDC (République Démocratique du Congo) qui commençait à être médiatisée. Cela a été notre première apparition publique.
Michel a créé sa première combinaison en recyclant des circuits électroniques achetés sur le marché des déchets électroniques. Avec un seau en plastique sur la tête en guise de casque équipé d’une caméra et d’un micro dans le jardin luxueux où se déroulait l’évènement, la caméra diffusait en direct des images sur un vieux téléviseur. Les interactions, animées par l’humoriste kinois Dauphin Bula Matadi (parfois écrit « Bula Matari ») et les invités, tournaient autour de questions relatives aux minerais utilisées dans les appareils électroniques. Le père de Dauphin fabriquait les cannes de Mobutu Sese Seko, le très controversé ex-président du Zaïre. De manière ironique, c’était une rencontre entre l’histoire coloniale, le régime de Mobutu, l’Afrique du futur et ses astronautes, au bord d’une piscine dans un milieu très aisé. C’était aussi un clin d’œil au rêve spatial avorté de Mobutu. « Bula Matadi » est aussi le surnom que l’on donnait à Henry Morton Stanley, l’explorateur britannique qui a ouvert la voie de la colonisation du Congo par les Belges. Cela signifie « casseur de pierre », c’est-à-dire « celui qui passe à travers tout, qui écrase tout sur son passage ». On a vraiment démarré au cœur des paradoxes.
Makery : Comment l’art se crée dans les milieux où il n’existe aucun soutien, ni financier ni autre ?
Michel Ekeba : À Kinshasa nous vivons au jour le jour. Nous vivons avec ce que nous appelons « le taux du jour », une métaphore pour dire que l’on n’a pas de salaire. Il faut savoir se débrouiller. En art aussi nous avons été amenés à développer des tactiques de survie.
Eléonore Hellio : Des soutiens, il y en a quand même, mais peu et parvenir à de nouvelles dynamiques tient à des individus. Dans les années 2000, un certain nombre d’individus ont transformé le paysage encore très académique de l’art et ont stimulé de nouveaux possibles. On y trouvait l’école informelle « Guetto Kota Okola » de Bebson Elemba, dit « Bebson de la rue », le Fond de Solidarité Prioritaire mis en place par Jean-Michel Champault (alors directeur de l’Institut français), la brillante Stéphanie Suffren, active dans le milieu de l’art en RDC jusqu’à aujourd’hui, l’ancien Directeur des Beaux-Arts Daniel Shongo, le collectif Kinois « Eza Possible » avec Mega Mingiedi, Pathy Tshindele et bien d’autres, les étudiants du Noyau (un espace en rupture avec l’académisme), dont Seigneur Mekhar, Androa Mindre Kolo, Kiki Zagunda, Panya Bula-Bula avec son intarissable source de savoir (décédé prématurément).
Les performances de Vitshois Milambwe (aujourd’hui directeur de Kin Art studio) et de Wantina ont également eu un impact. Les Scénographies Urbaines organisées par Jean-Christophe Lanquetin et ses collaborateurs (parmi lesquelles Steven Cohen, l’artiste Sud-Africain, qui a fait une performance spectaculaire). Mes ateliers de recherche et création autour de l’art en réseau et de la performance accompagnée par le critique d’art congolais Charles Tumba (dans le cadre d’un programme d’échange unique entre la Haute École des Arts du Rhin et l’Académie des Beaux-Arts durant lequel plus de 60 personnes ont voyagé dans les deux sens). Le chorégraphe Faustin Linyekula (Studio Kabako), l’atelier de création et de réflexion « in situ » du Camerounais (hélas disparu) Goddy LEYE Kodjo, et enfin les apparitions spectaculaires de Kongo Astronauts ont tous et toutes contribué à réactiver l’art « en action » présent en RDC depuis des millénaires.
Être un astronaute à Kinshasa
Michel Ekeba : Quand j’enfile ma combinaison d’astronaute, je me sens comme asphyxié, comme Kinshasa m’asphyxie parfois. On étouffe. Beaucoup d’arbres ont été abattus ces 20 dernières années, la température a augmenté, les parcelles ont de moins en moins d’espaces non-construits. La mégalopole est devenue un environnement difficile, parfois hostile. Au début, faire l’astronaute était l’occasion de rencontrer des européens et de les « minder ». En kinois « minder », cela veut dire faire preuve d’intelligence, avoir de l’esprit, être assez malin pour « accrocher » les gens, pour « marquer leur esprit », qu’ils s’intéressent à toi. Cela fait partie aussi de l’esprit de débrouillardise des Congolais. C’est encore une tactique de survie.
Makery : Quelles sont les réactions quand tu déambules dans Kinshasa habillé en astronaute ?
Michel Ekeba : Cela entraîne beaucoup de rencontres et d’échanges. Les gens ne voient pas tous la même chose. Certains pensent à un robot, d’autre à un soldat et enfin certains à un astronaute. Nous organisons les apparitions des Kongo Astronauts de manière très spontanée. Depuis 2017, le festival d’art performance « KINACT » a commencé à rassembler beaucoup d’artistes autour de la création de costumes. Être nombreux à descendre dans la rue provoque des réactions intenses. Il y a aussi une forme de concurrence comme dans les battles de sapeurs, ou de rappeurs, et ça me plaît d’y participer de temps à autre.
Makery : Comment procédez-vous durant les performances, comment cela se passe ?
Michel Ekeba : Dans une des dernières apparitions, j’ai fait brûler de l’encens sur de petits braséros. La fumée dégagée symbolisait le mal-être du pays, la pollution, l’asphyxie dont je te parlais tout à l’heure. Il y a une dimension rituelle… C’est à la fois un symbole de délivrance et une dénonciation.
Eléonore Hellio : Quand Michel a commencé à traverser la foule en 2013, seul comme un attracteur étrange, il captait tous les regards dans sa combinaison argentée. Peu à peu, son costume est devenu plus élaboré et aussi plus lourd. C’est très physique comme performance et ça demande beaucoup de force et d’endurance. Michel est comme un condensateur qui stocke des charges électriques opposées sous un soleil de 40 degrés. Enivré par cette charge et cette chaleur écrasante, cela donne un aspect particulier à ses mouvements : l’astronaute se sent étranger sur sa propre planète, un homme exilé par la force des choses.
La « vibe » à Kinshasa
Michel Ekeba : Le problème c’est que la modernité n’amène pas que du bon. Aujourd’hui par exemple les gens consomment l’eau dans des bouteilles en plastique. Avant, nous gardions l’eau dans des bouteilles en verre recyclables. Ce qui est censément un facteur de développement devient un problème. Maintenant, les gens jettent leurs bouteilles dans la rivière. Les fleuves et les rivières sont pleins de plastique. À l’origine la ville et les rivières n’étaient pas sales. Elles le sont devenues avec le développement. Les gens s’adaptent doucement, mais la prise de conscience est longue. Il commence à y avoir des gens qui ramassent le plastique et essai de le revendre. Cela fait partie de la débrouillardise des Congolais.
Eléonore Hellio : Kinshasa est une ville dont les infrastructures sont détériorées. Les infrastructures, ce sont les gens, leur intelligence, leur endurance, mais c’est loin d’être simple et c’est dur. À moins de vivre sur des salaires d’expatriés, tu n’as pas d’eau ni d’électricité 24h/24. Il faut souvent installer des hydrophores pour pomper l’eau du sous-sol. Certains systèmes électriques datent de la colonisation et sont restés en l’état. Beaucoup de bâtiments sont construits avec les matériaux les moins chers pour des raisons d’économies des constructeurs. Tout s’abime très vite. Tout est bricolé pour entretenir la survie, mais rien n’est tout à fait fini. Mais la ville vibre, les gens se parlent, s’engueulent, négocient…
Une envie de futur vrai pour l’Afrique
Michel Ekeba : Nous ne vivons plus dans la même réalité qu’auparavant. L’arrivée des networks, d’Internet et des réseaux sociaux a eu beaucoup d’impact sur les activités et les imaginaires au Congo. Cela a vraiment métamorphosé notre vie et notre ville. Le futur a déboulé dans nos vies en quelque sorte et nous l’avons improvisé au jour le jour. Nous continuons d’ailleurs à le faire avec les Kongo Astronauts. À l’origine nous n’avions pas vraiment planifié quoique ce soit. C’est le futur qui s’est imposé à nous. Ces performances incarnent une forme d’action contre l’environnement dans lequel nous vivons. C’est une réaction au moment présent, politiquement, économiquement, etc. C’est aussi une manière de se moquer des promesses et des discours du politique qui nous parlent toujours d’avenir, du fait que ce sera mieux « dans le futur ». C’est aussi une manière de sortir de l’exil. L’exil est large, il n’est pas uniquement physique, c’est aussi dans ta tête, un exil mental. Du coup, tu t’inventes un futur qui s’échappe du présent dans lequel tu vis.
Makery : Comment ressentez-vous l’intérêt des milieux artistiques et des médias européens ?
Eléonore Hellio : C’est compliqué. Cet intérêt mutuel n’est pas toujours très transparent. La relation avec les Européens de passage est forcément biaisée par l’écart qui existe entre l’intérêt momentané que les journalistes ou les acteurs de la culture européenne nous portent et leur désir d’une « authenticité » congolaise. Il y a là un renversement… Michel et moi avons créé KA ensemble. Nous ne sommes pas de la même culture, lui Congolais et moi Française avec des chemins de vie totalement différents. KA est ce qui nous sépare autant que ce qui nous rassemble, c’est une confrontation entre plusieurs mondes.
Rêve d’Afrique et rêve d’Europe
Makery : Éléonore, comment débute ton « rêve d’Afrique » ?
Eléonore Hellio : Il n’y a pas eu de rêve, je me suis d’abord connectée virtuellement via une collaboration entre Jean-Christophe Lanquetin, enseignant de la Haute École des Arts du Rhin et le chorégraphe congolais Faustin Linyekula. Je les ai invités à participer à une performance en réseau entre la France, la RDC et le Canada (les images étaient très lentes, syncopées), mais c’était une première en RDC. Peu de temps après, grâce au Fond de Solidarité Prioritaire mis en place par Jean-Michel Champault dont je t’ai parlé, un partenariat entre l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa et la HEAR de Strasbourg s’est enclenché en permettant à beaucoup d’artistes et d’enseignants de circuler entre les deux pays. Cela ne se serait pas fait sans la volonté des deux directeurs de ses écoles à l’époque, Daniel Shongo à Kinshasa et Jean-Pierre Greff à Strasbourg, ni sans que les directeurs suivants aient la même volonté.
Au cours de l’édification de ce partenariat, j’ai été invité à participer à une de ces collaborations internationales à l’occasion d’un festival nommé « Scénographies Urbaines ». La rencontre avec la RDC a été un choc. Dans ce cadre, je devais proposer une œuvre et j’en ai été incapable tellement je me suis sentie déphasée et décalée. Je ne m’imaginais pas proposer quoique ce soit dans un pays où je ne comprenais encore rien. J’ai préféré faire quelque chose avec des artistes locaux que j’avais eu la chance de rencontrer, et de les accompagner dans une création. Dans ce contexte, j’ai initié d’autres performances en réseau. La plus emblématique s’est déroulée en 2009 entre Kinshasa, Strasbourg et la Lettonie lors d’une action menée par Exyzt. Cela a donné une impulsion, une envie d’ouverture et de partage des connaissances.
Makery : Et comment vous êtes-vous rencontrés Michel Ekeba et toi ?
Eléonore Hellio : Nous nous sommes rencontrés en 2012 au cours d’un workshop sur la performance que je donnais à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. À la fin de l’atelier, je devais choisir deux étudiants pour participer au programme de recherche « Play Urban » qui se déroulait cette année-là à la WitsSchool of Arts de Johannesburg. J’ai embarqué Michel et Christ Mukenge, un autre étudiant en Afrique du Sud. De retour à Kinshasa, nous avons mis au point ensemble une installation performative pour le lancement de la box dont je te parlais plus haut. Puis j’ai dû rentrer en France. Michel est resté avec ce costume que nous avions créé sans trop savoir quoi en faire. Il se sentait coincé et un peu perdu après des expériences artistiques intenses en Afrique du Sud. Il a commencé à sortir avec sa tenue d’astronaute tout seul, histoire de donner du sens à tout ça, aux choses qu’il ressentait et auxquels il pensait à propos de son pays, de sa ville. Quand je suis venue m’installer définitivement à Kinshasa, nous avons décidé de décoller dans l’espace et de donner un nom à notre collaboration : Kongo Astronauts.
Makery : Dans la démarche de Kongo Astronauts, il y a aussi l’idée de contamination, me disais-tu…
Eléonore Hellio : Au bout d’un moment oui, nous nous sommes dit « laissons cet astronaute libre sans trop écrire, sans trop dire pour voir ce qu’il se passe ». Et très vite, il a contaminé les esprits et les réseaux sociaux. De nombreux artistes ont commencé à faire leurs propres performances. Beaucoup se sont rendu compte que ces costumes intriguaient, qu’ils provoquaient du questionnement et permettaient d’avoir de la visibilité. C’est drôle parce qu’au départ nous n’étions pas du tout dans une stratégie, mais dans une tactique de contamination pour entrer en contact avec, on peut le dire au pluriel, « des mondes multiples ». C’était très spontané. Je faisais des films assez cryptiques de mon côté et Michel sortait avec son costume quand il se sentait inspiré. Et puis nous sommes devenus victimes de notre succès et de nombreux journalistes, réalisateurs ou photographes ont voulu s’emparer du phénomène en quelque sorte. Il faut reconnaitre que c’est aussi ce qui nous a fait connaître.
Vivre à Kinshasa : une performance permanente
Eléonore Hellio : Certains performeurs puisent leur force dans des pratiques ancestrales dont les fonctions sociales étaient spécifiques. Certaines de ces pratiques persistent, certaines se sont transformées, d’autres sont apparues au travers des sursauts de l’histoire coloniale. Les exemples sont nombreux, mais on peut évoquer les féticheurs, les voyants, des ngangas (médecins traditionnels) dans les cités et dans les villages, les actes de délivrance dans les églises de réveil, les prêcheurs sur les marchés et dans les bus, les battles de sapeurs qui exhibent les marques de leurs vêtements dans la rue, la culture du catch où s’inventent des costumes et des actions surprenantes… Les masques du passé ne sortent plus, les plus puissants ayant été confisqués, pillés, mal acquis puis enfermés dans les plus grands musées du monde. Les Congolais n’ont quasiment pas accès à cet héritage culturel d’où la question très actuelle de la restitution. Et parallèlement, de nouvelles pratiques artistiques émergent…
Rituels sacrés versus rituels futurs
Makery : Justement, existe-t-il un lien entre les aspects rituels séculaires et les performances des Kongo Astronauts ?
Michel Ekeba : Oui je pense qu’il y a un rapport en effet. Il y a un aspect cérémoniel, que ce soit dans les déambulations ou les préparations. Il y a un côté spirituel. Cela demande de la concentration et de la discipline. Comme je le disais, le costume est lourd et encombrant. Pour réussir une belle performance, il faut être dans un certain état, parfois second. La performance peut durer une heure, deux heures, parfois toute la nuit. Ça a aussi une fonction : tu supportes la charge, c’est aussi cela la dimension rituelle. Pour faire passer ton message, tu dois être capable de tenir. Ça t’épuise et en même temps cela te donne de la force. Ça n’est pas seulement porter un costume et déambuler, tu es porteur de costume, mais porteur de message aussi. Sur ton pays, ta ville. Le monde dans lequel tu vis.
Eléonore Hellio : Kongo Astronauts, avec beaucoup d’autres, ont canalisé une énergie puissante autour de l’envie de créer des costumes et d’incarner à travers ceux-ci une vision, un positionnement autre dans la société. Il y a des moments où cela a pris des allures de carnaval, un vent positif de liberté qui a emporté toute une génération d’artistes qui n’avait pas envie d’uniquement fabriquer des objets, mais de s’approprier l’espace public de la ville et de tisser de nouveaux liens avec les habitants. Aujourd’hui nous sommes dans une période de transition qui s’éloigne un peu des aspects carnavalesques du début pour aller vers des actions plus élaborées.
Makery : Quels liens entretenez-vous avec l’exposition « Kinshasa Chroniques » présentée au MIAM à Sète en 2019 et à Paris en 2020, et avec « Afrique – Utopies Performatives » à la Cité des Arts cette année ?
Eléonore Hellio : Nous dialoguons depuis huit ans avec Dominique Malaquais (historienne d’art et politologue à l’Institut des mondes africains au CNRS). Elle a contribué en tant que commissaire à l’exposition « Kinshasa Chroniques » coproduite par le Musée international des arts modestes et la Cité de l’architecture et du patrimoine, présentée à Sète du 24 octobre 2018 au 2 juin 2019 et à Paris en 2020. Dominique Malaquais suit les pulsations de KA. À travers nos échanges, elle écrit et analyse. Cela nous permet d’allier la réflexion et l’action, d’engager d’autres regards dans notre voyage.
Pour l’évènement du MIAM nous présentions Kongo Astronauts aux côtés de 70 artistes de la jeune génération qui travaillent à Kinshasa. KA était présenté dans le cadre de la partie « ville futur(e) ». Pour la Cité des Arts, nous étions présentés avec Mega Mingiedi, Androa Mindre Kolo, Julie Djikey, Gosette Lubondo et bien d’autres. C’est une exposition qui reflétait de façon très profonde l’émulation de l’art à Kinshasa sous toutes ses facettes. Cela nous a amenés à travailler avec une galerie « Axis Gallery New York » qui est un interlocuteur critique et exigeant.
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