A l’occasion de la fin du programme Feral Labs Network de coopération Creative Europe co-financé par l’Union Européenne (2019-2021) et de la sortie de la publication associée « Feral Labs Node Book #1: Rewilding Culture », Stefanie Wuschitz de Mz* Baltazar’s Laboratory propose un essai sur l’apprentissage non formel et les communautés autonomes.
Notre hacklab féministe à Vienne est plutôt vide ces jours-ci, en raison des restrictions sanitaires. Et pourtant, les membres gravitent vers le labo une par une, pour y travailler seule pendant quelques heures. Mais il manque quelque chose. Seul un medium qui disparaît devient visible, écrivait Marshall McLuhan, et maintenant qu’il ne se passe plus rien au labo, on voit bien combien les hacklabs sont importants pour notre bien-être et notre état d’esprit général (McLuhan, 1964). En tant que laboratoires d’apprentissage des technologies et de collaboration sur des projets en open source, ils deviennent des espaces de création autonome (Butler, 2005). Les gens qui se réunissent ici, s’occupent des outils et tissent des liens d’amitié font de cet espace un hacklab. Et oui, le but de cultiver une perspective critique joue un rôle important pour réunir les gens (Maxigas, 2012). Ici, on partage la passion de découvrir de façon ludique ces codes, câbles, puces et contrôleurs. Cependant, ce n’est pas de ces choses-là qu’il s’agit (Ostrom 1990; Helfrich 2012). Ce n’est pas un objet, une technologie ou une commodité qui est au centre, ce n’est même pas les dessins ou le prototypage. Il s’agit d’une contre-communauté pour l’apprentissage non formel, entre membres qui ont en commun diverses difficultés et expériences d’oppression. En réussissant leurs forces, les membres créent de nouvelles subjectivités. Par exemple, lorsque nous, femmes* et autres personnes non-binaires, détournons du matériel pour le circuit-bending, une tâche dont nous sommes supposées incapables mais que nous réussissons à maîtriser en trois heures, cela change notre façon de nous considérer nous-mêmes et nos possibilités. Et ne manque pas d’influencer comment nous faisons face aux préjugés sexistes à l’avenir.
Il faut activement désapprendre les comportements nuisibles
Les structures auxquelles nous sommes confrontées sont socio-politiques, patriarchales, coloniales, environnementales, et ne peuvent pas être défaites rien qu’en y ajoutant le dernier plug-in high-tech ou en déboggant du code. Il faut d’abord désapprendre les comportements nuisibles de manière active, à travers l’auto-formation non formelle. Par la fuite. Foucault a expliqué comment fuir ces relations personnelles qui expriment, incarnent et constituent le pouvoir au quotidien (qui donnent un sentiment d’oppression). Il a imaginé un nouveau lieu qu’il appelait hétérotopie : un espace différent (Foucault, 2013). Monter un hacklab, c’est des gens avec des différences qui se réunissent pour créer un espace différent. Un espace où l’apprentissage non formel peut s’épanouir. Les membres veulent que ce soit un espace pour surmonter les conflits, aborder leurs différences, créer de la confiance, considérer ce qui doit être dit et compris, en somme, pour désapprendre les motifs d’oppression. Ce rêve demande beaucoup de travail, mais il peut aboutir à une véritable hétérotopie : un espace autonome temporaire (Hakim Bey, 1991). Il s’agira toujours d’un processus temporaire et continu, plutôt que d’un fait accompli. Les hacklabs arrivent à une indépendance relative par l’interdépendance, la pratique collective et les soins mutuels. Tout cela est facilité par un labo partagé et des rituels qui engagent l’esprit. Ce que les membres retiennent de ce travail bénévole (qui est en soi une forme d’apprentissage non formel) est un plus grand attachement à un sujet, parfois même une forte passion partagée pour aborder un problème particulier, ainsi qu’un sentiment d’appartenance. A travers cet intérêt considérable, les membres finissent par devenir expertes. Evidemment, le marché néolibéral risque d’être enchanté par cette expertise et d’essayer de l’exploiter, tout comme le sont l’eau, l’air, la terre et même le sexe, mais le Licence Open Source permet à l’expertise d’éviter la tarification.
Norbert Schweizer m’a dit que les Hacklabs étaient des écoles Montessori pour les adultes. Un principe fondamental de la pédagogie de Maria Montessori était de créer un environnement pour les enfants libres qui permette le développement des manifestations individuelles et spontanées du caractère naturel de l’enfant (Montessori, 1949). En fait, non seulement la pédagogie de Montessori crée un espace pour des manifestations spontanées du caractère individuel, elle place ces manifestations au cœur de sa pédagogie et évolue autour d’elles. Le fait de s’imposer librement un objectif, de rester dans le flux et de s’intéresser à la micro-dynamique de ses propres observations, vous aide à être davantage engagé avec le monde et à mieux comprendre les complexités qui vous entourent. L’enfant plongée dans son jeu de blocs en bois, presque comme si elle était accro de l’apprentissage, ne s’arrêtera pas avant d’avoir réussi à construire ce pont qu’elle avait imaginé. Montessori espérait qu’ainsi, les manifestations du caractère d’un individu puissent donner forme aux pratiques, et que les pratiques puissent former le caractère de l’individu.
Une survivante de la persécution du mouvement Gerwani des femmes indonésiennes (un mouvement brutalement interdit en 1965) m’a dit dans une interview que les enseignantes formées par Gerwani sortaient en forêt avec leurs élèves, pour travailler avec la terre, le bois et le sol, et apprendre la biologie. Chez les vendeurs de rue, ils ont posé des questions sur leurs vies et leur moyens d’existence, afin d’apprendre les différences de classe ; dans leur propre quartier, ils ont appris la culture et l’artisanat. On encourageait les gosses à explorer, à envahir et à enquêter leur monde (Ita Fatia Nadia, 2020). Les pédagogies de Montessori et de Gerwani commencent toutes les deux avec ce qui se trouve ici et maintenant pour faciliter l’apprentissage. Cette association au moment précis et à la situation actuelle nous lie étroitement au présent, et donc forcément nous politise. C’est ce que Donna Haraway appelle « vivre avec le trouble » (Haraway, 2016). Dans son livre du même titre, Haraway écrit : « Il importe quelles matières on utilise pour penser d’autres matières ; il importe quelles histoires on raconte pour raconter d’autres histoires ; il importe quels nœuds nouent les nœuds, quelles pensées pensent les pensées, quelles descriptions décrivent les descriptions, quels liens lient les liens. Il importe quelles histoires font les mondes, et quels mondes font les histoires. » (Haraway, 2016)
Une nouvelle relation à la proximité pour créer des mondes
Cette nouvelle relation à la proximité est une façon de créer des mondes, et elle nécessite beaucoup de courage. Les érudites féministes ont pendant des décennies acquis leurs connaissances à partir de rencontres personnelles, d’expériences personnelles et de troubles personnels. Cette méthode s’appelle Production de Connaissance Située et est étroitement liée à l’apprentissage non formel. Donna Haraway a établi le terme de « connaissance située » (situated knowledge) dans les années 1980 pour décrire le contexte subjectif individuel comme une source de perspicacité et d’évidence. La recherche féministe, l’apprentissage féministe, l’apprentissage informel commence là on l’on se trouve maintenant, avec les gens qui nous entourent, dans notre propre environnement, est finalement centré sur notre portée cognitive immédiate. Aujourd’hui le dictionnaire d’Oxford définit ainsi la Connaissance Située : « l’idée que toutes formes de connaissance reflètent les conditions particulières dans lesquelles elles ont été produites, et à un certain niveau reflètent les identités sociales et les positions sociales des producteurs de connaissances ». Au final, tout le système de la chaîne d’approvisionnement économique, tout l’écosystème, tout le système du corps humain peuvent être abordés en partant de l’ici et maintenant, de ma propre subjectivité, puis en augmentant progressivement mon empathie.
Comme les structures patriarcales avaient depuis des siècles refusé aux femmes* le droit de vote, l’accès à l’éducation, le droit de décision sur la reproduction et leur propre plaisir sexuel, il était hors de question qu’elles réclament l’objectivité. Il était impensable que les perspectives féministes subjectives puissent contribuer à la recherche scientifique et à la production de connaissance. La science était dominée par la suprématie des hommes blancs, qui ne tolérait aucune résistance à l’hégémonie existante. Le fait qu’il importe quelles matières on utilise pour penser d’autres matières (Haraway, 2016) s’applique également à l’oppression fondée sur la race, pas seulement le sexe, et à la discrimination intersectionelle. Audrey Lorde a remarqué dès 1978 que « les outils du maître ne démonteront jamais la maison du maître ». Dans ce sens, il faut considérer le Hacklab comme une page blanche qui attend que la matière soit utilisée pour penser d’autres matières : peut-être du point de vue d’un insecte ? d’un champignon ? d’un iceberg ? « Nous, les féministes dans les débats sur la science et la technologie, sont les “groupes d’intérêts particuliers” de l’époque de Reagan dans le domaine raréfié de l’épistémologie, où traditionnellement ce qui est considéré comme de la connaissance est contrôlé par des philosophes qui codifient le droit cognitif. » (Haraway, 1988)
Ce n’était pas seulement les femmes américaines de la classe moyenne des années 1990 qui pensaient ainsi. Cette forte notion de créer des communs, de gagner des ressources afin de permettre la production de connaissance non formelle, se retrouvait tout au long de l’histoire humaine. On peut signaler la culture matrilinéaire Minangkabau du Sumatra occidental il y a mille ans (Göttner Abenroth, 1991), le mouvement de Beginen et Begarden en Europe au Moyen Age, les communautés résidentielles autonomes de Mahatma Gandhi il y a 70 ans, le mouvement Gerwani en Java il y a 60 ans, la Pédagogie des opprimés de Paulo Freire au Brésil il y a 40 ans (Freire, 1970), des communautés au Timor occidental, telle que celle autour de l’activiste Aleta Baun, jusqu’au présent (Goldman Environmental Foundation, 2013). Leurs méthodes d’apprentissage non formel ont toutes engendré d’experts puissants qui avaient les compétences pour transformer leur société.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un hasard. Montessori connaissait, admirait et citait l’idée de Gandhi que le but central de l’éducation doit être la défense de la vie (Montessori 1949, p.9). Elle partageait cette idée d’une extension de l’éducation tout au long de la vie, celle qui considère la vie elle-même, devient un soutien dans la vie. Et bien sûr, les activistes du mouvement Gerwani en Indonésie étaient des lectrices ferventes d’écrits progressistes, féministes et anti-impérialistes, et participaient aux conférences internationales, et donc elles connaissaient bien Montessori et Gandhi. Tout était en open source.
Même aujourd’hui, on peut trouver des personnes partageant les mêmes idées tout autour de nous. Durant ces jours à bout de souffle en été 2020, j’avais la permission de visiter Schmiede dans le village alpin de Hallein en Autriche pour ma résidence Feral Labs. Là, j’ai pu faire l’expérience d’apprentissage non formel sur une petite échelle délicate et encourageante. J’étais libre d’observer, de rencontrer, d’interagir avec un groupe de co-participants soigneusement sélectionnés, et je trouvais que ces artistes partageaient leurs projets dans une atmosphère transformative d’esprits ouverts. Encore plus que les nombreuses conférences et rencontres avec les artistes, ce qui comptait ici c’était l’échange implicite de connaissance. Mais qu’en est-il de la connaissance implicite, située ? Peut-elle être répliquée ?
Un mélange d’observation, d’internalisation, de routine et de compétence
Heide Inhetveen décrit dans un papier comment les enfants élevés à la ferme absorbent les compétences et les connaissances des pratiques fermières de façon ludique, sans en avoir conscience, avec tout leur être, esprit et corps. Dans ce papier, une fermière raconte comment, à l’âge de seulement 12 ans, elle observait qu’une vache allait accoucher. Comme il n’y avait personne d’autre à la maison, elle-même a aidé la vache à accoucher du veau ; elle savait instinctivement comment faire. L’auteur insiste sur le fait que savoir ce qu’il faut faire et quand constitue une connaissance incarnée, il s’agit de sentir et avoir conscience des besoins de la situation. C’est un mélange d’observation, d’internalisation, de routine et de compétence. A Schmiede on voit plus d’installations d’art interactif que de veaux qui naissent au monde. Pourtant, la connaissance implicite, située, incarnée de comment agir dans un effort collaboratif remonte aux rituels qui stimulent l’apprentissage non formel (Lefebvre, 1974).
De l’extérieur, les environnements qui sont organisés en tant qu’espace commun pour l’échange de connaissance non formelle, comme les hacklabs, peuvent paraître anarchiques, hasardeux, chaotiques, voire inefficaces. Pourtant, il s’agit d’entités sophistiquées, solides, développées au fur et à mesure, et résilientes. Si on regarde les hacker camps, hacklabs, hackerspaces, studios d’artistes, tiers-lieux ou squats autour du monde, ce sont rarement les institutions pédagogiques les plus appréciées de leur région, et ils sont souvent en manque grave de financement. Néanmoins, plusieurs d’entre nous ont été bénévoles pour investir de l’énergie pour l’art, le hacking, le développement communautaire, la recherche, l’activisme… Passer son temps avec et au sein de groupes et de collectifs d’art pour co-créer avec des pairs peut sembler de l’extérieur une activité frustrante et chronophage. Et au-delà du confinement, on pourrait avoir l’impression qu’il s’agit plus de loisir que de travail. Mais on devrait quand-même prendre au sérieux, au même titre que Montessori, Gandhi et Foucault, ces environnements d’apprentissage non formel développés jusqu’à présent, car on ne saurait sous-estimer leur valeur hétérotopique. La culture hacker prend ce qui se trouve ici et maintenant et joue avec, l’examine, le démonte, le recombine, le facilite et l’améliore. Ce travail de soins mutuels aide une communauté à maintenir les ressources nécessaires et cruciales à sa survie. Ces ressources permettent à chaque membre de la communauté de se plonger profondément dans une occupation significative et transformative, tout comme Paulo Freire l’avait imaginé et transformé en Théâtre des opprimés (Boal, 1993).
Etre cultivé signifie être capable de se situer, de se contextualiser, de construire un clan, de commencer à réagir au mode par défaut, au déséquilibre du pouvoir, à la distribution inégale de la connaissance. Si les audiences et les contre-audiences sont interpellées et contestées, une chose paraît de plus en plus évidente : ce que nous, artistes de la culture hacker, avons en commun, c’est de proposer des stimulations de loin les plus inouïes pour engager avec le monde. Le masque au visage, je vois plus clairement maintenant que chaque rencontre entre personnes facilitée par la culture hacker demande qu’on se tisse dans un tapis de relations, assez solide qu’on puisse marcher dessus, et qu’on entre dans des zones autonomes (Hakim Bey, 1991). Au sein d’un groupe solide auquel je fais confiance et où je me sens en sécurité—où je prend le risque de me tromper, d’explorer mes vulnérabilités et les compétences que je développe encore—la connaissance implicite, située, incarnée et non formelle peut aussi guérir.
Une fois que la pandémie sera révolue, nous fêterons ce que nous avons créé ensemble.
Références :
Boal, A. 1993. Theater of the Oppressed. New York: Theatre Communications Group.
Butler, J. 2005. Giving an Account of Oneself. Fordham: Fordham University Press.
Fatia Nadia Ita. 2020. Recorded interview online with Nilu Ignatia, Dhalia and Stefanie Wuschitz, December 11, 2020.
Foucault, M. 2013. Les hétérotopies. Les corps utopiques. Zwei Radiovorträge. Berlin: Suhrkamp.
Freire, P. 1970/2005. Pedagogy of the Oppressed. Translated by Myra Bergman Ramos. New York: Continuum Publishing Company.
Göttner-Abendroth Heide. 1991. Das Matriarchat II, 1. Stammesgesellschaften in Ostasien, Ozeanien, Amerika. Stuttgart-Berlin: Kohlhammer
Goldman Environmental Foundation, 2013. Aleta Baun 2013 Goldman Prize Recipient for Islands and Island Nations.
Haraway, D. 1988. “Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective” In: Feminist Studies, Vol. 14, No. 3 (Autumn, 1988), pp. 575-599 https://doi.org/10.2307/3178066
Haraway, D. 2016. Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene. Duke University Press.
Hakim Bey. 1991. T.A.Z. The Temporary Autonomous Zone: Ontological Anarchy, Poetic Terrorism, Brooklyn: Autonomedia
Helfrich, S. 2012. Commons. Für eine neue Politik jenseits von Markt und Staat. Bielefeld: Transcript Verlag.
Inhetveen, H. 2001. “Mit Leib und Seele Bäuerin sein? Körpererfahrung in der Landwirtschaft”. In: Geschlecht weiblich: Körpererfahrungen – Körperkonzepte. Berlin: Ed. Ebersbach, 2001
Lefebvre, H. 1974. The Production of Space, Translation: Donald Nicholson-Smith, Maiden: Blackwell Publishing.
Lorde, A. 2007. “The Master’s Tools Will Never Dismantle the Master’s House.” In Sister Outsider: Essays and Speeches, 110–13. Crossing Press, Berkeley.
Maxigas, 2012. “Hacklabs and Hackerspaces – Tracing Two Genealogies” In Journal of Peer Production, Volume 2: 1-10.
McLuhan, M. 1964. From: Understanding Media: The Extensions of Man by Marshall McLuhan, The Medium is the Message. London; Penguin Books Ltd
Montessori, M. 1949/1988. The Absorbent Mind. Amsterdam: Clio Press Ltd.
Ostrom, E. 1990. Governing the Commons. The Evolution of Institutions for Collective Action. (Political Economy of Institutions and Decisions). Cambridge: Cambridge University Press.
Le site web et la page Instagram de Stefanie Wuschitz
Stefanie Wuschitz travaille à l’intersection de la recherche, de l’art et de la technologie, en s’intéressant particulièrement aux hackerspaces féministes, à la technologie open source et à la production entre pairs. Elle a cofondé le hackerspace féministe Mz* Baltazar’s Laboratory. Sa thèse de doctorat en 2014 était intitulée « Feminist Hackerspaces. A Research on Feminist Space Collectives in Open Culture ».
Télécharger la publication Feral Labs Node Book #1: Rewilding Culture (en anglais).
Le réseau Feral Labs a été cofinancé (2019-2021) par le programme Europe créative de l’Union européenne. La coopération est menée par l’Institut Projekt Atol à Ljubljana (Slovénie). Parmi les autres partenaires de #ferallabs : Bioart Society (Helsinki, Finlande), Catch (Helsingor, Danemark), Radiona (Zagreb, Croatie), Schmiede (Hallein, Autriche) et Art2M/Makery (France).