L’équipement et l’accès au soin jouent un rôle décisif dans le progrès de la recherche scientifique et médicale. Il a été un élément clé de nombreuses révolutions scientifiques qui ont développé nos moyens d’observation au-delà des cinq sens humains. Néanmoins, la chaîne d’approvisionnement actuelle limite l’accès, la créativité et la personnalisation. La science ouverte et citoyenne, les mouvements de hackers / makers, les activistes de la culture DIY et les artistes-chercheurs s’attaquent à ce problème en partageant des conceptions ouvertes de petits instruments scientifiques et de matériaux innovants. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre du mouvement plus large de la science frugale, qui prône le développement et la distribution d’outils scientifiques abordables dans le but de s’attaquer aux problèmes de santé mondiale.
Des questions telles que « Mon corps et tout ce qui le constitue et tout ce qu’il produit m’appartiennent-ils ? » peuvent sembler avoir des réponses simples, mais elles ne vont pas de soi dans le contexte des traitements pharmacologiques, où les données sanitaires et génétiques sont collectées, stockées et commercialisées par des entreprises. Ces questions de contrôle, de propriété et de gouvernance de nos propres corps, qui ont toutes de graves répercussions individuelles, en particulier dans le cas des corps marginalisés, peuvent être effectivement soulevées par les pratiques artistiques.
Les artistes chercheurs contemporains engagent également des discussions sur les politiques d’accès aux soins de santé, les questions globales liées à l’aide au développement par la formation et l’autonomisation (des marginalisés sociaux aux minorités ethniques raciales des pays fortement industrialisés et des pays moins industrialisés), la revendication de l’autonomie corporelle, la subversion « xénopolitique » et la désacralisation de la science et de la médecine universitaire. Les artistes nous rappellent que la subversion, ou du moins l’établissement de points de résistance, est une condition préalable pour que les citoyens prennent le contrôle des défis posés par la science.
Les professionnels de la médecine, les living labs et les communautés scientifiques ouvertes apprécient l’esprit créatif des artistes, ainsi que leurs approches uniques pour discuter des valeurs éthiques et de l’équité dans l’accès aux soins de santé. Mais ces collaborations fragiles ont encore du mal à trouver des cadres dédiés pour une production fructueuse.
Le projet ART4MED entend favoriser ces rencontres entre les pratiques artistiques et la recherche biomédicale en santé dans un environnement sociétal en pleine mutation, sous l’influence des big data et des innovations matérielles et techniques. Il prend en particulier en compte l’exclusion des groupes marginalisés des soins de santé, les migrations mondiales, l’effondrement de la santé environnementale et la nécessité de renforcer radicalement les politiques de soin en ces temps de pandémie.
Afin d’aborder ces questions urgentes, 5 partenaires de 5 pays de l’UE ont formé un consortium pour s’unir autour de leur intérêt commun pour expérimenter et diffuser des collaborations entre les pratiques et sciences humaines médicales et les méthodologies de l’art d’investigation. En 2021 et 2022, le consortium proposera 5 résidences, 5 symposiums, des conférences, des ateliers de méthodologie co-créative, des collaborations en ligne, des sessions pratiques, des expositions, et une publication finale et un festival à Paris.
ART4MED c’est :
> Construire une coopération transnationale interdisciplinaire afin de soutenir et de produire des projets exploratoires favorisant l’accès aux soins ;
> Ouvrir de nouveaux champs d’expérimentation et de création pour les artistes qui remettent en question l’état actuel de la science et de la santé ;
> Permettre la fertilisation croisée et le partage des connaissances, des technologies, des compétences et des expériences entre les artistes, les chercheurs et les communautés scientifiques et citoyennes, et en déduire des conditions d’échanges et de créativité fructueuses ;
> Produire des ressources ouvertes et transférables pour mieux comprendre les processus de co-création entre l’art, la science et la technologie ;
> Susciter l’intérêt du public et le sensibiliser au rôle des artistes dans l’ouverture de réflexions disruptives qui permettent de relever de manière significative les défis sociétaux et technologiques, au-delà du champ d’action des communautés de pairs existantes dans le domaine de l’art et de la science.
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Le consortium ART4MED est coordonné par Art2M / Makery (Fr) en coopération avec Bioart Society (Fi), Kersnikova (Si), Laboratory for Aesthetics and Ecology (Dk), Waag Society (Nl), et est co-financé par le programme Creative Europe de l’Union Européenne.