Les Rencontres Internationales Monde-s Multiple-s, anciennement Rencontres Bandits-Mages, devaient se tenir à Bourges du 13 novembre au 6 décembre 2020. Mais le confinement en aura décidé autrement et le festival bascule en ligne. Makery s’associe à l’exposition du réseau EMAP, European Media Art Platform, et présentent les différents projets qui devaient être exposés à Bourges. Entretien avec Vienne Chan et Boris Oicherman de Forms of Ownership.
Le collectif Forms Of Ownership devait se réunir à M-Cult, à Helsinki, pour explorer de nouvelles façons d’aborder l’argent. A cause de la pandémie, seule Vienne Chan, qui a exploré les monnaies parallèles et la théorie monétaire moderne, a pu effectuer la résidence pendant quelques semaines et participer au Money Lab 9. Les autres membres du groupe étaient Obsessive Possessive Aggression, qui explore les techniques de viralité et les médias tactiques, l’affirmation subversive et les stratégies de sur-identification numériques, tels les 300 sites web pro-Trump en Macédoine lors de la dernière élection américaine. Egalement le juriste et écrivain, Alan Cunningham ; et l’ex-scientifique devenu artiste et curateur Boris Oicherman. Le groupe a créé un projet appelé « Care Project Administration », constitué d’un manifeste et d’une proposition ambitieuse de projet d’art monétaire intitulé « The Institute of Care », qui s’intéresse à l’action économique et sociale à mettre en place pour financer le travail de soin, et créer une alternative aux fonds de pension privés. J’ai demandé à Vienne Chan et Boris Oicherman de m’en dire plus.
Instructions For Proper Care – Alan Cunningham (Forms of Ownership), bande-annonce :
Makery : Dans votre manifeste et votre proposition pour l’Institute of Care, vous attaquez certains des nouveaux modèles qui remplacent les fonctions sociales de l’État : « Fuck l’altruisme. Fuck GoFundMe. Fuck « les amis et la famille ». L’argent est un droit, et les droits sont une question démocratique. » Cette colère semble un moteur créatif. Voulez-vous développer ?
Boris Oicherman : Cette colère apparente est en partie un choix stylistique. Il s’agit d’un manifeste, un genre qui fait appel à la franchise, à un certain degré d’exagération et de provocation. Nous imitons également, dans une certaine mesure, le style du « Maintenance Manifesto » de Mierle Ukeles Laderman, dont nous revendiquons l’influence. Cependant, une partie de notre colère est réelle. Elle est motivée par la prise de conscience que les seuls facteurs qui rendent humaine la société humaine – l’attention et l’interdépendance – sont ceux qui sont les moins valorisés et les moins pris en compte dans tous les systèmes économiques et politiques dominants. En tant qu’artistes, nous nous penchons sur cette question et nous nous demandons : Comment devons-nous canaliser notre colère et notre créativité pour résoudre ce problème ?
Vienne Chan : C’est juste que nous ne voulons plus tourner autour du pot. Les actions caritatives contribuent certainement à apporter une aide indispensable, mais ce sont des solutions de fortune. L’altruisme a une telle valeur morale positive qu’on a tendance à ne pas voir comment ces modèles déplacent les droits à un niveau privé et individuel qui exacerbe les inégalités. Ils dépendent du fait que votre réseau compte des individus qui ont de l’argent dont ils peuvent – et sont prêts à – se séparer. Ils dissolvent le pouvoir organisateur des communs. Je ne parlerais pas de colère et de créativité.
Vous reconnaissez l’influence de l’artiste Mierle Ukeles. Je me souviens bien de ses grandes « Garbage Truck Parades ». Espérez-vous un effet similaire ?
Boris Oicherman : L’aspect le plus important de l’œuvre d’Ukeles pour nous, n’est pas une œuvre spécifique, mais l’héritage de la féminisation de l’art, particulièrement quand elle déclare que le soin, l’entretien et la maintenance sont de l’art. Elle a passé 30 ans en tant qu’artiste bénévole en résidence dans l’administration de l’assainissement de New York – l’administration qui entretient la ville et en prend soin. Tout au long de cette résidence, elle a créé plusieurs œuvres d’art discrètes – comme le défilé des camions-poubelles – mais son œuvre d’art la plus importante est le système de relations qu’elle a établi pendant cette longue période. Ces relations sont impossibles à représenter dans une image ou un texte, mais cet aspect du travail artistique est le plus important, c’est celui qui peut permettre une transformation systémique.
Vous parlez d’une monnaie appelée « X ». Comment se manifeste-t-elle et comment lui donne-t-on une valeur ?
Vienne Chan : La valeur provient des services de soins fournis, garantis dans le temps par la municipalité. Au départ, nous avons voulu appeler la monnaie « Fucks » ou « FUX », parce que nous entendons souvent les gens dire qu’ils n’ont plus de « fucks » à donner ( « no more fucks to give » – jeu de mots avec l’expression « I don’t give a fuck » signifiant « je n’en ai rien à faire », ndlr), c’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus s’en soucier. Nous voulions donc dire : « On en a quelque chose à faire. Nous y donnons beaucoup de fucks ». Mais nous avons réalisé que si nous voulions que ce projet se réalise, nous ne serions peut-être pas pris au sérieux avec le nom « Fuck ». Nous avons alors pensé à l’appeler « Carex », mais c’est le nom d’une marque de préservatifs en Finlande. La date de l’exposition approchant, nous avons décidé de l’appeler « X » pour l’instant. Peut-être qu’elle s’appellera autrement plus tard.
Vous dites : « L’État est le plus grand collectif que nous ayons et son institution est le gouvernement. Le gouvernement a la responsabilité de prendre soin. Il en a la capacité. L’Institute of Care ne doit pas exonérer le gouvernement de sa responsabilité. » Mais les artistes, qui travaillent à partir de la base, peuvent peut-être adopter des stratégies qui ne sont pas permises aux gouvernements. Qu’en pensez-vous ?
Vienne Chan : La question est problématique, parce que si les artistes mettent en place des stratégies que le gouvernement ne peut avoir, cela voudrait dire que les artistes seraient en quelque sorte séparés du gouvernement. Mais nous devons respecter les lois de l’État dans lequel nous vivons, comme tout le monde. De nombreux artistes en Europe dépendent de financement public, directement ou indirectement. En ce sens, nous pourrions dire que nous sommes considérés comme une stratégie de gouvernement. En même temps, je ne veux pas être une artiste qui vient faire le ménage après le gouvernement, comme le dit Claire Bishop dans « Artificial Hells », (j’utilise le terme « femme de ménage » pour faire référence à la fréquence à laquelle les femmes et les personnes de couleur finissent par faire le « sale boulot », sans être reconnues, comme dans le texte d’Ukeles). La question est peut-être de comprendre ce qui différencie les artistes des autres professions, qui nous rendrait particulièrement aptes à une telle situation. Peut-être que l’artiste d’aujourd’hui est moins lié à une discipline spécifique, de sorte que nous disposons de plus d’outils pour imaginer une société meilleure et les moyens d’y parvenir.
Vous dites que « l’argent est un produit culturel ». Pouvez-vous nous dire en quoi votre projet est similaire (ou non) à ceux d’autres artistes comme Luce Goutelle de Désorceler la Finance, de Paolo Cirio sur les paradis fiscaux, ou encore la pièce de mille milliards de dollars ?
Vienne Chan : L’argent est un produit culturel en ce sens qu’il s’agit d’un contrat social. Et le droit est un produit culturel. C’est un ensemble particulier de règles ancrées dans les valeurs sociales. Je pense que Luce Goutelle a fait un excellent travail pour nous montrer que la finance n’est pas toujours une science, et son travail m’a poussé à essayer d’en comprendre le charabia. Je suis une grande fan du travail de Paolo Cirio qui utilise les règles de la finance pour construire quelque chose de différent. Je suis également une grande fan de la pièce de mille milliards de dollars, alias « Mint the Coin » – c’est une proposition du juriste Rohan Grey qui fait partie d’un projet de loi présenté par la députée Rashida Tlaib. En termes simples, Mint the Coin propose que le Trésor américain frappe deux pièces de platine pour un montant d’un trillion de dollars chacune, puis distribue directement cet argent nouvellement créé dans les foyers pour fournir à chaque personne en Amérique une aide d’urgence contre la pandémie COVID 19. Cette proposition est absolument conforme à la loi et à la constitution elle-même. Ce n’est en aucun cas un projet artistique, mais je le trouve extrêmement artistique dans la mesure où il utilise un support matériel pour former de nouvelles possibilités structurelles. Le projet montre que le droit et ses valeurs ont été séparés, mais il montre en même temps comment les choses peuvent être remodelées. Si le droit s’efforce d’être aussi complet que possible, il est intrinsèquement incomplet et nécessite une interprétation, car les possibilités d’expériences et de situations humaines sont infinies. C’est l’une des critiques que l’on peut faire aux « contrats intelligents » de la blockchain, dans la mesure où leur portée est intrinsèquement très limitée ; supposer qu’ils pourraient remplacer le jugement humain, qui peut rendre compte avec soin des différences, des imprévus et d’autres choses qui ne sont pas conformes aux normes du système, n’est pas très intelligent.
Nous en parlions, les retraites ne sont pas le sujet le plus sexy. Mais nous devons tous vieillir un jour ou l’autre. Je suis à la fin de la soixantaine et je ne me suis jamais soucié d’une retraite privée, mais j’ai une petite pension d’État. Quand j’étais jeune, je n’y ai jamais pensé. Comment faire en sorte que les besoins en matière de soins et de retraites soient du ressort des jeunes artistes ou militants ?
Vienne Chan : Pour être honnête, c’est une chose à laquelle je n’ai pensé que récemment, en m’intéressant aux marchés financiers et à l’influence massive des fonds de pension. L’action des fonds de pension ne correspond pas à ce que leur mission est ou devrait être. Leur mission, à un niveau superficiel, est de gagner suffisamment d’argent pour assurer notre bien-être pendant la vieillesse ; l’essentiel là-dedans est le bien-être, et les moyens qu’ils emploient n’y contribuent pas. La pandémie a mis en lumière les soins aux personnes âgées et les soins (en général), surtout au début, lorsque l’on parlait beaucoup de la mort des personnes âgées. La contre-réponse a démontré que nous nous préoccupions de la situation. Nous nous soucions également des travailleurs sociaux sous-payés. Il existe actuellement de nombreux projets artistiques sur les soins.
Je pense que les jeunes artistes et activistes ont souvent tendance à se préoccuper davantage des autres que d’eux-mêmes. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais récemment, on parle davantage de l’auto-support comme d’un acte politique. Prendre soin de soi devrait signifier plus que prendre une journée de congé et boire du thé, cela devrait permettre aussi de réfléchir à notre propre avenir. Par exemple, dans le cas de la crise des réfugiés, une grande partie de la droite a capitalisé sur la peur du manque d’argent pour notre propre bien-être, donc « nous ne pouvons plus accueillir d’autres réfugiés ». Cela parle à beaucoup de gens parce qu’ils craignent pour leur retraite et pensent qu’ils ne pourront pas se permettre un niveau de vie raisonnable. Cette crainte est également parfaitement légitime. Nous pourrions peut-être réfléchir à la manière dont ces choses sont liées dans le cadre d’une vision globale.
C’est peut-être aussi parce que les artistes et les militants ne sont généralement pas préoccupés par « l’accumulation de richesses », et que c’est ce qu’un système de retraite prétend aider les gens à faire. Il m’est difficile de parler au nom des autres artistes et militants, mais je pense que beaucoup d’entre nous n’ont pas de travail assez régulier pour envisager de cotiser à une caisse de retraite. Pour ceux qui cotisent au système, cela semble logique – mettre de l’argent de côté pour les mauvais jours, puis des experts en finance s’assureront qu’il y en aura suffisamment lorsque nous ne pourrons plus travailler. Mais le système de retraite actuel ne fonctionne pas, sinon nous ne verrions pas les pays relever l’âge de la retraite de manière générale. Le discours dominant est que nous devons travailler plus dur et épargner davantage. Tant que nous n’aurons pas atteint l’âge de la retraite, nous ne réaliserons probablement pas que cela ne suffit pas pour vivre. D’ici là, il sera probablement un peu trop tard. Peut-être qu’alors nous regretterons simplement nos choix de vie. Ou peut-être accepterons-nous que le fait d’être un artiste s’accompagne de sacrifices personnels. Mais ce dont on parle rarement, c’est de la responsabilité de l’État de s’occuper des personnes âgées et des faibles – et en fait de tous ses citoyens, quelle que soit leur capacité à contribuer économiquement. Oui, il existe une pension d’État aujourd’hui, mais à moins que quelque chose change, il est peu probable qu’il y en ait encore une dans 20 ans. Dans le monde entier, les pays s’orientent vers les fonds de pension privés et demandent à chacun d’épargner. Mais comment pouvons-nous épargner alors que la plupart d’entre nous n’a pas d’emploi stable et vit déjà au jour le jour ? Il ne s’agit pas seulement des artistes – le marché du travail en général est de plus en plus fracturé et précaire. Tant que nous dépendrons d’un système de retraite privé, axé sur le profit, qui ne remplit tout simplement pas sa mission, il n’y aura pas assez d’argent pour prendre soin des personnes âgées. Les soins seront toujours motivés par le profit, privant les soignants du temps et des ressources nécessaires pour faire leur travail correctement, alors que les soins appropriés ne seront disponibles que pour les riches qui pourront se les permettre.
Le soin des enfants est également important. Mais je pense que les soins aux personnes âgées se distinguent par le fait qu’il s’agit de s’occuper de personnes qui n’ont plus de travail à fournir pour contribuer économiquement. Lorsqu’il s’agit d’un enfant, la logique à l’œuvre est qu’il devienne un travailleur et qu’il apportera une contribution économique. Mais à l’âge de la retraite, notre travail est terminé et donc notre potentiel économique aussi. C’est la classe des « inutiles » économiquement – la façon dont nous prenons soin de personnes qui n’ont rien à nous donner économiquement en dit long sur nos valeurs sociales, je pense.
Vous dites que les systèmes monétaires sont le plus grand système social. Pourrait-on un jour remplacer la monnaie échangeable par du troc direct contre du travail (comme dans les utopies sociales décrites par Ursula LeGuin dans Les Dépossédés) ?
Vienne Chan : Je ne suis pas sûre que le troc direct pour un travail soit praticable ni même souhaitable à grande échelle. L’argent n’est qu’une représentation, un système de notation. Les analogies sont limitées, mais il pourrait être utile de comprendre ce qu’est l’argent. Par exemple, vous n’aimez pas un morceau de musique, la notation dans laquelle la musique est écrite n’est pas le vrai problème. Même si vous pensez que le système de notation musicale est limité et que vous décidez d’en créer un nouveau, vous finirez par créer un système de notation si vous voulez écrire une partition.
Il me semble que si on voulait remplacer les systèmes monétaires, d’autres formes d’exploitation apparaitraient naturellement, comme nous l’avons vu dans les sociétés « communistes » avant la chute de l’Union soviétique, ou lors du « Grand Bond en avant » en Chine, avec un marché noir pour les privilégiés. Comment votre groupe prendra-t-il en compte cette question ?
Boris Oicherman : Nous ne sommes pas des révolutionnaires. L’objectif est de réparer le système, pas de le renverser. Le concept de réparer et prendre soin nécessite une approche non violente, que l’on peut appeler « non-violence militante ». La « révolution » est remplacée par le « désapprentissage » : une mise à plat consciente et prudente des conventions qui sont à l’origine de la situation actuelle de « négligence », et ce d’une manière hyper-locale, à petite échelle et basée sur les relations. Le changement systémique à grande échelle devrait découler de ces « actes d’attention » locaux. Par conséquent, les interactions d’exploitation n’entrent jamais dans l’équation.
Vienne Chan : Nous ne proposons pas de remplacer les systèmes monétaires, mais de compléter le système monétaire actuel afin que d’autres formes sociales puissent être mieux reconnues. D’élargir l’écosystème monétaire afin qu’il puisse mieux refléter les besoins (locaux), ainsi que les besoins de ceux qui sont actuellement sous-représentés. En ce qui concerne les marchés noirs, sommes-nous réellement libérés des maux qui affligeaient les pays communistes et en quoi les marchés noirs sont-ils une mauvaise chose ? Tout d’abord, à cause du manque de respect des normes de sécurité, etc. – C’est pourquoi nous avons aussi la municipalité comme bras administratif. Deuxièmement, l’exploitation n’existe-t-elle pas déjà ?
Entretien avec Vienne Chan (Forms of Ownership), 2020:
Dans un post-scriptum, j’ai interrogé Vienne Chan sur son travail personnel et son évolution vers le travail social.
Je suis une artiste autodidacte et la vidéo a été mon premier médium. L’esthétique visuelle jouait un rôle beaucoup plus central dans mon travail, dans une approche plus traditionnelle des choses, pourrait-on dire. Puis, à un moment donné, deux choses se sont produites. Je vivais à Berlin et je faisais le truc de la « jeune artiste typique », mais je n’y trouvais pas beaucoup de sens. Ensuite, j’ai commencé à regarder les films de Bela Tarr, et j’ai réalisé que je ne pourrai jamais faire quelque chose comme ça, alors j’ai décidé de simplement quitter le milieu de l’art.
Ensuite, je me suis impliquée dans la communauté des réfugiés à Tel-Aviv. Ce n’était pas intentionnel, c’était juste le quartier dans lequel je vivais parce que je ne pouvais pas me permettre de vivre ailleurs – et j’ai réalisé le projet Photo Green Land, un travail événementiel, dans lequel j’ai invité le réfugié et photographe érythréen Semere Teklay à installer son studio photo dans la galerie. Semere dirigeait un studio photo de rue appelé « Photo Green Land » avec son frère, Angosom. Ils prenaient des photos de réfugiés et de travailleurs migrants sur un fond exotique. D’une certaine manière, l’expérience d’être dans une galerie était très spéciale pour Semere. Il a dit qu’il se sentait « comme un homme blanc », et cela m’a fait réfléchir à ce que l’art pourrait faire de différent pour les gens. J’ai finalement décidé d’aller étudier à l’école d’art.
Dans le groupe Forms of Ownership, c’est probablement moi qui ai la relation la plus compliquée avec le fait d’être une artiste. Je suis une grande fan du manifeste de Charlotte Posenenske, ainsi que de l’action qui en résulte – quitter l’art pour devenir travailleur social. Cela me touche vraiment, mais en même temps, il semble que rien n’a changé depuis qu’elle l’a écrit. Je suis sûre qu’elle a changé la vie d’individus en tant qu’assistante sociale, mais le paysage général est toujours le même, et c’est difficile à accepter. J’essaie d’accepter le fait que je suis une artiste, et que d’une certaine manière, notre façon de penser (à nous les artistes) a quelque chose à apporter à la société.
More about Forms of Ownership.
MoneyLab par le Institute of Network Cultures.
The European Media Art Platform.
Forms of Ownership’s Care Project Administration at Rencontres Internationales Monde-s Multiple-s.