Makery

Bertrand Piccard présente les solutions Solar Impulse au Grand Palais

Bertrand Piccard remet le label Solar Impulse à Boyan Slat de Ocean CleanUp. © Bertrand Piccard

Du 30 janvier au 1er février le Grand Palais accueillait Change Now, «l’exposition universelle des solutions pour la planète». Plus de 28000 participants pour prendre connaissance des 1000 solutions présentes sur l’événement. Makery est allé à la rencontre de Bertrand Piccard, l’aéronaute des records autour de la planète avec le ballon Breitling Orbiter et le planeur solaire Solar Impulse, pour qu’il nous parle de sa fondation.

Rencontrer Bertrand Piccard, l’aéronaute « savanturier » comme il se présente lui-même, le recordman défenseur des énergies propres et petit fils du célèbre aéronaute et océanaute pionnier Auguste Piccard, inspire forcément le respect. Auguste, Jacques, Bertrand, c’est une famille suisse où l’on invente et explore depuis trois générations, chacun à sa façon… De la conquête de la stratosphère aux abysses, ils ont imaginé des engins révolutionnaires qui ont accompli ce que personne avant eux n’avait cru possible, sauf peut-être Jules Verne… Sensible à la transition énergétique et la Recherche & Développement sur ce sujet, Bertrand Piccard a marqué ces dernières années la planète en réalisant le premier tour du monde en avion solaire, le Solar Impulse.

Le planeur solaire Solar Impulse :

Un label certifiant qui s’appuie sur la notoriété de Bertrand Piccard

Ne s’arrêtant pas là, et moins de quatre mois après la fin du premier tour du monde de 18 mois en avion solaire, réalisé avec André Borschberg, Bertand Piccard lançait en novembre 2016 à la COP22 de Marrakech une « Alliance mondiale pour les technologies propres ». En juin 2017, le projet se renommait « Alliance mondiale des solutions efficientes » quand le groupe Engie annonçait rejoindre l’initiative à l’occasion du salon Viva Technology à Paris. L’objectif visé alors : présenter aux décideurs politiques « 1 000 solutions rentables pour protéger l’environnement » lors de la COP24 de Katowice en 2018 dans l’objectif de contribuer au plan mondial d’action pour le climat.

L’ambition globale de l’Alliance est toujours aujourd’hui de promouvoir et de présenter aux décideurs politiques des solutions en matière de santé et d’environnement, d’améliorer la qualité de vie, mais aussi de combler le fossé entre écologie et économie. Pour cela l’initiative a mis en place le label « Solar Impulse Efficient Solution ». Trois ans plus tard, plus de 1200 solutions sont identifiées et près de 400 labellisées aujourd’hui.

Lors de Change Now, la Fondation Solar Impulse a annoncé 40 nouvelles technologies identifiées et labellisées. A cette occasion, le néerlandais Boyan Slat, CEO et fondateur de Ocean Cleanup a reçu également la labellisation « Efficient Solution » de Solar Impulse des mains de Piccard lui-même. Ocean Cleanup vise à nettoyer les rivières et les océans et notamment le vortex de déchets du Pacifique Nord.

Quelles solutions pour les villes ?

Pour ce qui est des solutions pour les transports du futur, le moins que l’on puisse dire est que Bertrand Piccard est une fois de plus dans le concret sur le sujet : en novembre dernier il a réalisé 778 kms en deux jours avec un véhicule hydrogène. Il a posé le record du monde de distance avec un véhicule n’émettant que de la vapeur d’eau.

Lorsqu’on lui demande comment il voit le futur des transports, il répond : « les solutions de mobilité à hydrogène ce n’est pas le futur, c’est maintenant. L’électrification des transports est le meilleur moyen de décarboner la mobilité pour des distances jusqu’à 300 km. Au-delà, l’hydrogène est la ressource à utiliser. En Californie, au Japon ou en France, des stations à hydrogène sortent de terre ; en Allemagne, les premiers trains à hydrogène ont vu le jour l’année dernière, remplaçant des trains diesel ; des voitures, camions et bus à hydrogène roulent déjà sur nos routes ; et des chercheurs de la NASA explorent la possibilité d’alimenter un avion uniquement avec de l’hydrogène. »

Lors de notre bref entretien avec lui, nous avons aussi pu lui demander quelles seraient selon lui les priorités à prendre en compte pour réduire l’impact environnemental des villes, cela à la veille des élections municipales. Quel serait son top 3 des solutions labellisées applicables à court terme, de manière à ce que leur métabolisme ait moins d’impact en terme d’émissions de gaz à effet de serre ? Selon l’explorateur, « il faut agir avant tout sur la mobilité électrique pour favoriser la qualité de l’air. Pour les véhicules à combustion, comme les bus, les taxis, les véhicules municipaux, une start-up londonienne Antismog propose un boîtier qui permet de réduire jusqu’à 80% les émissions de particules et d’économiser jusqu’à 20% la consommation d’essence. Le second enjeu se porte plus sur l’aspect urbain en isolant les bâtiments. Il est aujourd’hui possible d’économiser de l’énergie. La société Soprema propose une solution d’isolation extérieure à base de fibres de bois sous plâtre, ou derrière le revêtement ventilé. Ces solutions d’isolation bio-sourcées garantissent des économies d’énergie et le confort des utilisateurs. Le troisième point porte sur les pompes à chaleur, quatre fois plus efficientes que les radiateurs électriques. Les technologies liées à l’univers des smartgrids permettent de moduler les sources de distribution et de se synchroniser avec les modes de consommation. »

La passion des ballons

Cette débauche de solutions pour préserver l’environnement de manière « profitable » au Grand Palais n’a pas été sans recevoir de critiques. En témoigne par exemple ce tweet d’Attac France. Mais pour Makery, il semblait également intrigant d’aller à la rencontre de l’homme qui a fait le tour du monde en ballon à hélium pour lui demander ce qu’il pensait du vol et record Aerocene Pacha de ballon zéro impact qui venait d’avoir lieu quelques jours plus tôt dans le salar de Salinas Grandes en Argentine. Une affaire de génération peut-être – la perspective proposée par Aerocene s’en prend au « Capitalocène » – mais quand on demande à Piccard ce qu’il pense de l’initiative de Tomás Saraceno il répond que pour lui Aerocene est avant tout « une performance artistique et philosophique ». Piccard rappelle aussi que la performance d’Aerocene est sans doute « rendue possible par une toile offrant une isolation presque totale » comme celle qu’il avait lui même utilisée lors de son record de tour du monde sans escale avec le ballon Breitling Observer 3, ou qui peut être également utilisée par les ballons de compétition sportive. Un dispositif qui, lors de son exploit de 1999, lui avait permis d’avoir quatre fois plus d’autonomie pour une même quantité de gaz et de réaliser son tour du monde sans escale en moins de 20 jours. Aujourd’hui Aerocene rêve d’un tour du monde avec multiples escales, en fonction des levers et couchers de Soleil, de la thermodynamique locale, pour connecter aussi avec les communautés au sol et parler des solutions douces… On se prend à espérer une solidarité entre aéronautes.

En savoir plus sur la Fondation Solar Impulse.