Pour sa troisième édition, #OctoberMake, séminaire stratégique annuel du Réseau Français des Fablabs, a revu sa formule en croisant les réseaux. L’occasion de s’interroger – fablabs, fabriques, tiers-lieux … – sur ce qui fait commun.
Pour la deuxième année consécutive #OctoberMake a pris ses quartiers du 17 au 20 octobre à La Piscine, tiers-lieu culturel et éducatif animé par Les Petits Débrouillards à Nancy – Maxéville. Pour les nouveaux, le séminaire démarre par une visite des espaces : bar associatif, coworking, salles de formation et fablab (le Piscin’Lab).
Sans tarder nous rentrons dans le vif du sujet. La nouvelle version d’OctoberMake, étendue sur 4 jours et avec des invités, annonce un programme dense avec la journée d’étude « Agir par les communs » en guise de démarrage.
Vers une action publique collective (et documentée)
Programme de recherche-action à l’initiative du Commissariat Général à l’Égalité des Territoires (CGET), du RFFLabs, du réseau francophone des TILIOS (Tiers-lieux Libres et Open Source), soutenu par le CNAM, TiersLieuxEdu et Artfactories, Agir par les communs « interroge ce que les tiers lieux (au sens large – fablabs, lieux intermédiaires, living labs, laboratoires d’innovation publique…) donnent à voir des communs et des articulations (subtiles) entre communs, droit et action publique. »
Les différents intervenants (Rémy Seillier du service Recherche du CGET, Matei Gheorghiu du Comité Scientifique du RFFLabs, Charlotte Dudignac et Fanny Le Brech du réseau Coopérer pour Entreprendre, Nicolas Loubet pour les TILIOS, Emilien Ghomi du CNAM ou encore le juriste Olivier Jaspart) offrent tour à tour des éléments de genèse, contextualisation et feuille de route pour « une action publique collective » (dont vous pouvez retrouvez la généreuse documentation par ici).
Recherche-action (sous licence Creative Commons Zero, CC0)
De quoi parle-t-on ? D’acteurs de terrain qui mettent en place des initiatives d’intérêt général (tiers-lieux, jardins partagés, coopératives, etc) hors des instances de l’État : c’est ici-même que s’agitent les communs, que se déploie l’action publique collective. Dès lors, comment essaime-t-on ces projets qui font leur preuve ? Comment appuyer le développement des communs en local ? Au niveau national ?
Dans la foulée, les participants sont introduits à un dispositif de recherche-action, y contribuent puis choisissent l’un des trois ateliers l’après-midi, dont la mise en commun sous licence CC0 est déjà une manière de faire ensemble. Le vendredi est également une journée dédiée aux groupes de travail du RFFLabs : Labs et apprentissage, Écologie, Accessibilité et handicap, Métiers des Fablabs, Europe & International, Documentation. Et un petit dernier sur les Pratiques artistiques.
Culture commune
La création du groupe « Pratiques artistiques » s’est imposée à la lecture du Livre blanc des Fablabs dans lequel le champ des arts et de la culture est évoqué à la marge. Dans une logique contributive, il souhaite réunir les personnes au sein du RFF qui accompagnent des artistes, mettent en place des résidences et développent des partenariats avec des institutions (école d’art, centre d’art, etc.), pour partager, documenter et valoriser ces actions.
Parmi les documents mis en partage lors de cette matinée, le rapport Lieux en commun – Des outils et des espaces de travail pour les arts visuels (avril 2019) d’Isabelle Mayaud, commandité par le Ministère de la Culture. Le dénominateur commun de ces espaces étant de « réunir des créateurs dans une configuration de travail où s’inventent de nouvelles formes d’organisation et de transmission des connaissances et des savoir-faire », rien d’étonnant dans ce recensement, d’y trouver des fablabs, hackerspaces et autres fabriques atypiques.
Pour lier labs et pratiques artistiques, Makery propose également une « carte de l’art et des labs » mise en place il y a un an en partenariat avec le Ministère de la Culture.
Faire le lien
À noter que ce sont parfois les artistes eux-mêmes qui font le lien entre les lieux, à l’instar du projet Le Dôme des artistes Cyrille Courte et Shoï Extrasystole. La réalisation de cette œuvre architecturale et sonore pour la station de radioastronomie de Nançay en Région Centre, trouve un appui dans la communauté de compétences d’un fablab à Tours, est accueilli en résidence dans un hackerspace à Orléans, avant d’être performé dans un lieu pluri-artistique à Bourges.
Au-delà des ancrages historiques, territoriaux, sectoriels, de chacun de ces lieux (de la « famille » des fablabs, des arts numériques et de la culture libre ou des friches culturelles), les liens sont actifs.
October Make se poursuivait avec des discussions sur tiers lieux & éducation avec l’association TiersLieux Edu, sur la mobilité des makers avec le programme européen Vulca, l’événement Makerfight de Technistub et ses combats de robots, sur la FAB16 à Montréal l’an prochain, la Fab Academy, l’agriculture avec AgriLab et l’open source avec Chantier Libre. L’assemblée générale venait également apporter des échanges constructifs.
Pour conclure cette édition d’OctoberMake, saluons La Piscine pour son organisation et accueil, et le travail de représentation et d’animation externe effectué depuis un an par les « personnes cœur » du RFF, pour activer ce type de liens, nécessaires, pour que (sur)vivent le(s) réseau(x).
En savoir plus sur #OctoberMake et le Réseau Français des Fablabs.