Field Notes explore les cieux en Laponie subarctique (1/3)
Publié le 18 septembre 2019 par Ewen Chardronnet
Field Notes est un laboratoire art&science de terrain organisé du 15 au 22 septembre par la Bioart Society à la Station Biologique de Kilpisjärvi en Laponie finlandaise. Cinq groupes y travaillent une semaine sur des questions situées «au dessus du sol». Premiers jours de l’expérience dans le journal de bord du groupe Second Order.
L’expédition « Field_Notes – The Heavens » organisée par la Bioart Society de Helsinki dirige cette année son attention et ses expériences vers le ciel du cadre subarctique unique de la Station Biologique de Kilpisjärvi et de ses environs – à la frontière Finlande-Suède-Norvège. Les quarante participants se retrouvent une semaine pour en apprendre davantage sur ce qui se trouve au-dessus du sol : la biologie dans l’air, les échanges matériels permanents entre Terre et espace, l’atmosphère comme hyperobjet, les politiques aérienne et spatiale, les histoires samis et les liens du vivant avec le ciel de manière générale.
View this post on InstagramDay2 of #kilpisjärvi with #bioartsociety #field_notes2019
A post shared by Wishnous (@vishrajan) on
La biochimiste Melissa Grant et le spécialiste en automatisation de laboratoire Oliver de Peyer accueillent le groupe High Atmosphere Bio-prospecting qui mène des investigations aériennes sur la présence de vivant, bactéries, microbes, etc. – comme de polluants – dans les nuages, les flocons de neige, l’air.
L’artiste Andy Gracie et le groupe Space-Earth-Space explorent les échanges et connexions tangibles et conceptuelles entre l’espace et la Terre. Un de leurs centres d’intérêt consiste en l’étude des échanges matériels entre l’espace et la Terre, météorites, aurores, etc., et des méthodes pour y parvenir.
Le groupe AIR de l’artiste Hanna Husberg et de la scientifique environnementale Agata Marzecova part de l’idée que la connaissance de l’atmosphère est contingentée par les appareillages techno-scientifiques, les épistémologies et les infrastructures du complexe militaro-industriel commercial et ne peut être séparée des histoires et des politiques du capitalisme et de la pensée scientifique. Elles cherchent à percer les pratiques politiques et esthétiques qui permettent d’appréhender et de ressentir l’atmosphère.
Marja Helander, une artiste d’origine Sámi, accueille le groupe Strange Weather. Du fait que les participants de Field Notes durant leur laboratoire temporaire à Kilpisjärvi sont des invités de la terre Sámi – connue sous le nom de Sápmi – le groupe s’intéresse d’un côté aux incidents de colonisation aérienne, comme les pluies acides, Chernobyl, ou le changement climatique, et comment cela modifie la vie indigène, mais donne également la possibilité de dépasser nos notions pré-conditionnées du ciel via les savoirs situés de la population locale.
Enfin, comme à chaque édition de Field Notes, le groupe Second Order suit un modèle de travail différent des autres. Accueilli cette année par Ewen Chardronnet de Makery, le groupe est composé de philosophes, théoriciens, chercheurs indépendants et autres praticiens appropriés. Leur modèle de travail se déploie sur deux axes : d’un côté ils effectuent des recherches sur les autres groupes, et de l’autre, ils agissent comme agents discursifs, introduisant des perspectives critiques de manière à dépasser les frontières, méthodes et pratiques traditionnelles de la recherche.
Dimanche 15 septembre
Transferts et transitions, par Luis Campos
Champ des possibles. Rare est l’occasion dans sa vie de rencontrer un groupe d’étrangers dans une gare du cercle polaire arctique dans le nord de la Finlande. Plus rare encore de voir un bus rempli d’étrangers amicaux, chacun emmenant un monde fascinant avec lui, encore inconnu et à découvrir. Mais tous comprenant que d’ici la fin de la semaine, le bus serait rempli, non pas de gens, mais de personnalités, d’individus. Comme Rilke l’a écrit un jour : « Oh, comme nous chérissons l’inconnu : / trop vite un visage cher prend forme / à partir de contrastes et d’analogies. » Nous nous dirigeons toujours vers le nord, vers l’inconnu.
View this post on InstagramA post shared by Bioart Society (@bioartsociety) on
Lundi 16 septembre
La première matinée est dédiée à la présentation des groupes. Dans l’après-midi une première randonnée est organisée vers le mont Saana, mont sacré des Sámis et un des rares sommets isolés de Finlande dépassant les 1 000 mètres, avant de se séparer formellement entre les différents groupes.
View this post on InstagramFirst group hike on Saana mountain on first day of #field_notes2019 #bioartsociety #ferallabs
A post shared by Makery France (@makeryfr) on
Arrivées et possibilités, par Luis Campos
Notre première ascension au-delà de la limite forestière du mont Saana nous apporte des vues à couper le souffle mais coupe également le souffle de nos poumons. Le ciel est globalement nuageux, mais percé par des rayons de soleil en diagonale. Au bout de la piste qui fait le tour du mont nous atteignons un refuge de randonnée, au bord d’un lac arctique, où nous organisons pour la première fois notre travail à venir, cherchant à établir quelques règles de base. Nous avions l’impression que c’était à nous d’établir les règles, mais nous avons trouvé là des règles déjà écrites lorsque nous sommes arrivés :
« On attend de ceux qui utilisent ce refuge qu’ils respectent les codes de conduite universellement acceptés dans le désert. » Qu’est-ce que la nature sauvage dans un lieu traversé par les éleveurs de rennes depuis des temps immémoriaux, et étudié par une station biologique depuis plus d’un siècle déjà ? Quels codes de conduite universellement acceptés régiront nos conversations et nos interventions ? La première règle impliquait son statut évident, mais son invocation même soulevait plus de questions pour nous.
« Il peut arriver que la hutte ne soit pas dans le meilleur état possible à votre arrivée. Néanmoins, n’ajoutez pas de commentaires aux notes des derniers visiteurs. Si quelqu’un a négligé ses devoirs, vous ne trouverez probablement pas sa signature dans le livre. » Quelles explorations pouvons-nous faire en ce vaste lieu, dans le sillage d’autres personnes, ou respectueuses, ou inconscientes ? Qu’est-ce que le respect de l’un, l’oubli de l’autre ? Il faut des décennies pour que les cicatrices guérissent dans cet environnement, nous l’avons déjà appris. Mais les cieux au-dessus de nos têtes se suffisent à eux-mêmes – comment pouvons-nous nous suffire à nous-mêmes et aider ceux qui viennent après nous ? Comment sortir du refuge dans les meilleures conditions possibles pour s’ouvrir à ce qui vient d’en-haut (inspiration, muses, micrométéorites et autres visiteurs célestes), à ce qui s’élève (comme nous), et à ce qui nous parle depuis un autre temps, constituant ainsi, et sans le savoir, nos manières mêmes de penser ?
« Ne dessine pas tes initiales sur les murs du refuge. C’est une coutume infâme et rejetable. » Des traces sont toujours visibles dans ce pays : pistes, raccourcis ne respectant par les tracés pédestres prévus, crashs d’avions, camps de concentration, routes. Quelles signatures laisserons-nous ici, intentionnellement ou non ? Quelles coutumes infâmes devons-nous rejeter ? En tant que membres du groupe Second Order, est-il si nécessaire d’insister sur les traces de notre présence ? De faire en sorte que les choses soient si inéluctablement les nôtres ?
« Un nouveau venu fatigué a plus de droits sur le refuge qu’un voyageur déjà reposé et ce dernier devrait si possible, et si nécessaire, le quitter. La raison résout toutes les difficultés. » Nous sommes nouveaux à cet endroit et prêts à être fatigués – prêts à sentir nos poumons et nos muscles brûler, notre cerveau briller avec de nouvelles idées et de nouvelles analyses. Nous nous préparons à nous réjouir dans nos existences conjointes, à travailler et à nous fatiguer, à nous épuiser et à aller … au sauna. Comme l’écrivait Goethe : « Quand la nature saine d’une personne fonctionne comme une totalité, quand on se sent soi-même dans le monde comme dans un tout vaste, beau, digne et précieux, quand un sentiment harmonieux de bien-être procure un plaisir pur et libre, alors l’univers, s’il était capable de sensation, se réjouirait d’avoir atteint son but et s’émerveillerait devant son propre développement et être. Car à quoi servent toutes les dépenses des soleils, des planètes et des lunes, des étoiles et des galaxies, des comètes et des nébuleuses, des mondes accomplis et en développement, si à la fin une personne heureuse ne se réjouit pas inconsciemment d’exister ? »
Nous n’avions pas reçu de règles, nous avions quelques idées. Mais ces règles sont des règles que nous pouvons suivre.
Mardi 17 septembre
Le groupe Strange Weather Group, par Sophie Dulau et Ewen Chardronnet
Aujourd’hui nous avons suivi le groupe Strange Weather dans une randonnée avec Oula Valkeapää, un gardien de troupeau de rennes Sámi. Il nous a amené dans un voyage dans les altitudes subarctiques, et nous avons suivi son pas rapide et assuré à travers le paysage rude et beau. Il a partagé avec nous son mode de vie, en tant qu’éleveur de rennes, et ses connexions profondes avec la nature et les éléments naturels qui le guident à travers les huit saisons de l’Enontekiö. « Le vent est un poème » nous a dit Oula, nous espérons pouvoir nous inspirer de telle poésie.
View this post on InstagramCold river crossing challenge #field_notes2019 #bioartsociety #ferallabs
A post shared by Ewen Chardronnet (@e.chardronnet) on
View this post on InstagramSome of The Strange Weather Group #field_notes2019 #bioartsociety #ferallabs
A post shared by Makery France (@makeryfr) on
Oula Valkeapää nous a montré les différents types de lichen dont les rennes se nourrissent durant la saison d’hiver et nous a conduit jusqu’au sommet d’une colline pour voir un gárdi, un ancien enclos en vieilles pierres où les gardiens de troupeaux avaient l’habitude d’amener jusqu’à 1000 rennes à la fois.
Comme Wikipedia nous le rappelle « les rennes sont les seuls grands mammifères capables de métaboliser le lichen grâce aux protozoaires et aux bactéries de leur système digestif. Ils sont les seuls animaux (à part quelques gastéropodes) où l’enzyme lichenase, qui brise la lichénine en glucose, a été retrouvé. La fermentation du lichen dans leur rumen leur tient chaud et leur permet de supporter de très grands froids malgré peu de mouvements. » S’intéresser au vol erratique des spores de lichens dans le territoire Sámi, et à l’impact des pollutions lointaines et du changement climatique sur ces derniers, sont des questions importantes à considérer pour Field Notes. Nous avons trouvé des histoires racontant l’impact de Chernobyl sur les lichens et les champignons, et également d’hécatombes récentes de milliers de rennes mourant de famine en Sibérie. Les animaux semblent être morts du fait des couches anormales de glaces et de neige dans leur habitat, ce qui rend impossible pour eux d’accéder aux lichens et autres végétations dont ils se nourrissent. Causée par des températures anormalement douces, la fonte de la glace avait produit des niveaux élevés d’évaporation et d’humidité, ce qui a provoqué de fortes averses de pluie qui ont trempé la couche inférieur du sol enneigé (un phénomène que les scientifiques appellent les événements de pluie-sur-neige, ou ROS, pour « rain-on-snow »). Les événements de pluie-sur-neige furent suivis de chutes brutales de températures qui entrainèrent le gel de la neige. Oula confirmait que la glace est un problème pour les rennes affamés.
Nous avons également collecté de nombreuses plantes, lichens, algues et avons été très enthousiastes de trouver des myxomycètes. Le travail du groupe Strange Weather se poursuivra à la station par des observations au microscope.
Le soir le groupe soulevait ensuite la question de comment respecter – plutôt que d’exoticiser – la culture Sámi, et de comment considérer une compréhension modeste du perspectivisme et de la perception du lien nature-culture Sámi, comme des questions éthiques des méthodes de documentation au sein du groupe lui-même.
View this post on Instagramvariations of shapes . lichen in the subarctic . . . #fiel_notes2019 with @bioartsociety
A post shared by Sophie Dulau (@sophiedulau) on
View this post on InstagramOn a walk in the subarctic landscapes with Oula, samí reindeer herder
A post shared by Makery France (@makeryfr) on
Avec le groupe Space-Earth-Space, par Anu Pasanen et Johanna Salmela
Un télescope se trouve au milieu de la pièce à la Kiekula House de la station où séjourne le groupe Space-Earth-Space. Le groupe ajuste son équipement pour les jours à venir : ils construisent une caméra grand angle du ciel sans fil en suivant les recommandations de instructables.com et préparent le télescope.
Certains pensent également à la poésie du langage des météorites, du fait qu’aujourd’hui ils ont l’intention d’étudier les micro-météorites. Le groupe se dirige vers le sentier situé après celui ouvrant l’accès au mont Saana pour collecter des échantillons au pied d’une cascade, considérant que c’est un possible site pour isoler de la poussière cosmique.
Le groupe rencontre l’équipe High Altitude Bio-prospecting qui fait voler son helikite au pied du Saana. Tout le monde essaye d’écouter les ondes VLF. A proximité se trouve le site du crash d’un avion de la Seconde Guerre mondiale. Le ballon flotte au-dessus de nous, un avion passe à proximité. On relève différentes couches de connexions et d’échanges entre l’espace et la Terre. En l’absence d’aimants, une cuillère à café devient un outil utile. Pas besoin de télescope ici.
Après l’excursion, les petites bouteilles remplies de sol et d’eau sont ramenées au laboratoire. Le groupe trouve le temps d’observer l’un d’entre eux avant le diner. Il pourrait y avoir de l’or, mais la question des micro-météorites reste non résolue.
De l’AIR là l’HAB, par Luis Campos
La journée commence par des discussions matinales au sein du groupe AIR autour de l’atmosphère, à partir de théories de la verticalité, de questions entourant la privatisation de l’atmosphère, et de questions de souveraineté atmosphérique. De l’étude des éléments premiers aux grands laboratoires atmosphériques, le groupe s’intéresse à la façon de suivre les résonances et les liens isomorphes des méthodologies d’échec. Après une pause, le groupe se penche sur un film vidéo traitant de la place des drones dans notre monde contemporain et qui explore ce thème à travers des séquences live de vols et de crashs avec narration en voix off.
Crash Theory » de Adam Fish :
Une discussion animée s’en suit sur les nombreuses façons dont les drones, le fait de « clôturer » l’atmosphère et de refondre le monde par les images des bases de données compliquent notre compréhension de l’air, de la justice, de l’environnementalisme, de l’intimité et du soin. Comment s’intéresser aux collisions peut-il nous aider à figurer les entailles infligées à notre nature-culture et à penser des moments de réparation ?
View this post on InstagramA post shared by adrien rigobello, (@adrien_finalv2.cpp) on
Après le déjeuner, il était temps de décoller, et je passais des sommets de la théorie à un essoufflement physique en gravissant le mont Saana avec le groupe HAB, qui explore la possibilité d’une bioprospection en haute altitude. L’objectif était d’atteindre la limite forestière pour lancer la première mission de l’hélikite. Le transport des bouteilles d’hélium de 50 kg sur le sentier de montagne nécessitait les efforts combinés du groupe, qui avait auparavant délimité un espace approprié à quelques minutes de marche du sentier, relativement plat et exempt de roches. En l’espace d’une demi-heure, cette cuvette de montagne était transformée en aire de lancement, les crochets étaient vissés dans les rochers, les câbles d’amarrage attachés et l’helikite était prêt à être gonflé.
Alors que des nuages orageux menaçaient dans la vallée en contrebas, le groupe Space-Earth-Space se joignait à nous pour un moment, revenant de leur collecte de micro-météorites. Alors que les jours suivants visent à explorer les perspectives de ramener des aérobactéries sur terre, le travail d’aujourd’hui consistait en un test d’orchestration du travail d’équipe lors d’un premier lancement, ponctué de fréquents moments d’improvisation et de réparation, le groupe construisant progressivement un chemin technique vers le ciel. Des dispositifs d’enregistrement étaient testés puis fixés au fur et à mesure que le ballon se gonflait, sifflant à mesure que l’hélium s’infiltrait. Finalement, une fois les attaches retirées, l’helikite se hissait rapidement dans une ouverture de ciel bleu, directement au-dessus de nos têtes. Grâce à la médiation numérique, les sons du vent dans l’étai du kite (sorte de « harpe éolienne ») émettaient des tensions célestes étrangement angéliques, se mêlant à des exclamations terrestres de joie devant le ballon montant, à quelque 744 mètres au-dessus du niveau de la mer (et 200 mètres au-dessus de notre sol) s’inscrivant ainsi dans le répertoire international des ballons météorologiques.
Passant d’une matinée éthérée axée sur la théorie du crash à un après-midi de lancement physique, ce fut une journée difficile avec une variété d’ascensions verticales.
View this post on InstagramThe Helikite went up and came back down on Mt Saana- epic experience #field_notes2019
A post shared by Mel Grant (@laughingsnail_open) on
Le groupe AIR, par Vishnu Vardhani Rajan, Ewen Chardronnet et Adrien Rigobello
Après le déjeuner Adam Fish organisait une session de pilotage de drone.
View this post on Instagram#field_notes2019 Day2 in Lapland @bioartsociety
A post shared by Nicolas Maigret (@nicolasmaigret) on
Suite à cette expérience, et en tant que « philosophe corporelle », Vishnu Rajan du Second Order facilitait une activité, une « privilege walk ». Par cette expérience, Vishnu rebondissait sur l’utilisation du concept de « savoir situé » et sur l’usage de méthodologies décoloniales appliquées aux régimes dominants des sciences de l’air et de l’espace, suggérés par Ewen Chardronnet lors de l’introduction du groupe Second Order le matin précédent.
La zoologiste et philosophe américaine Donna Haraway a développé le concept de « savoirs situés » dans le contexte des études féministes de la science dans les années 1980. Haraway encourage les chercheurs à considérer leur point de départ, leur lieu de « réflexion ». Elle dit que les savoirs situés exigent de penser le monde en termes « d’appareil de production corporelle ». Le monde ne peut être réduit à une simple ressource si sujet et objet sont intimement liés. Les corps en tant qu’objets de connaissance dans le monde doivent être considérés comme des « nœuds génératifs matériels-sémiotiques », dont les « frontières se matérialisent dans une interaction sociale ».
Donna Haraway nous dit de « penser avec » et le groupe Second Order suggère aux autres groupes de « penser avec », penser avec l’air, les rennes, le lichen, les Sámis, le cosmos.
Liu Xin a présenté ses travaux sur le smog en Chine en soulevant des questions critiques autour des relations entre nature-culture et air urbain. En enquêtant sur la manière dont les réseaux sociaux documentent et démontrent les réactions du public face à la dramatique pollution atmosphérique, Liu Xin recueille les preuves d’une contre-culture latente qui existe et résiste à l’institutionnalisation de la surveillance du climat.
View this post on InstagramA post shared by thr34d5 medialab (@thr34d5) on
La toxicité est définie et étudiée au moyen de nos sens, expériences et mesures ; la quantification de la santé ouvre un espace d’exploitation capitaliste sous forme de pilules en vente libre, par exemple, ou même de bouteilles d’eau potable. Une publicité produite par une ONG chinoise cristallise particulièrement cette tension :
Au-delà des aspects humoristiques de cette vidéo, nous pouvons observer une transition d’un comportement anesthésié à un comportement plus profondément engagé. Le personnage qui coupe son poil de nez reprend le pouvoir sur son contexte – il n’accepte pas de mettre un pansement sur la situation, mais décide plutôt de prendre ses responsabilités, même si cela fait mal à court terme.
La vidéo suivante a été interdite en Chine. Dans Under the Dome, le réalisateur Chai Jing critique avec poésie la pollution de l’air et appelle à l’action.
Under the Dome de Chai Jing:
Le groupe High Atmosphere Bio-prospecting, par Adriana Knouf
Au moment où j’écris ces lignes, la neige tombe devant Saana mercredi après-midi. J’ai passé la journée précédente avec le groupe HAB de bioprospection en haute altitude. Avec l’objectif ultime de collecter de la vie microbienne dans la stratosphère, le voyage de HAB à Kilpisjärvi a pour but d’explorer différentes possibilités de charge utile avec un ballon captif s’élevant à 200 m au dessus du sol. La matinée a été consacrée à la découverte du matériel et de multiples expériences par divers membres du groupe, allant de la radio à la biologie, en passant par le dessin, la photographie, les arts sonores et le design textile. L’expérience de chaque personne se mêle étroitement avec celles des autres d’une manière passionnante au sein de ce groupe transdisciplinaire.
L’objectif de l’après-midi était de lancer le ballon à partir d’un point situé à mi-hauteur du mont Saana. Bien que cela semble relativement facile à réaliser, ce n’est pas le cas lorsque plusieurs dizaines de kilos de bouteilles d’hélium doivent être transportés à la main. Autant dire que nous avons tous eu nos séances sportives ! Une fois sur place, les choses se sont déroulées sans heurt, depuis l’assemblage du ballon et son arrimage jusqu’au lancement test au-dessus du petit plateau. En bref, cette journée était entièrement un effort de groupe et il était incroyable de voir le ballon juste au-dessus de nous, d’entendre sa transmission radio et de capter les vibrations de la corde de l’helikite qui maintenait un lien avec la terre de cette incursion dans les cieux.
View this post on InstagramA post shared by Hannah Imlach (@hannahimlach) on
“Field_Notes – The Heavens” se poursuit jusqu’au dimanche 22 septembre. Lire le deuxième chapitre du journal de bord.
Field_Notes est un programme organisé par la Bioart Society et fait partie de la série Feral Labs Network.
Le Feral Labs Network est cofinancé par le programme Europe Créative de l’Union Européenne. La coopération est menée par Projekt Atol à Ljubljana (Slovénie). Les autres partenaires #ferallabs sont la Bioart Society (Helsinki, Finlande), Catch (Helsingor, Danemark), Radiona (Zagreb, Croatie), Schmiede (Hallein, Autriche) et Art2M/Makery (France).