Cette année Makery suit Burning Man de l’intérieur avec Cécile Ravaux des French Burners et Art Bike Relief. Deuxième chronique à J-3 avant l’ouverture de Burning Man sur un chantier pas si facile que cela…
Désert de Black Rock (Nevada, Etats-Unis),
J-3: Nous arrivons enfin sur la playa pour installer notre campement, constitué en majeure partie d’objets recyclés et récupérés.
Nous avons réparé et amené 1000 vélos, dont de superbes « art bikes » designés par Mack “The Infamous Bike Guy” Carter.
Mack Carter n’est pas le seul artiste incroyable de notre équipe. Cette dernière semaine de préparation, nous avons décidé tous ensemble de réaliser une œuvre collective qui sera exposée la semaine prochaine au cœur de la playa. Michelle Lama est une jeune maker-artiste népalaise et réalise son premier « burn ». Elle a à peine 30 ans et cette femme, déterminée à faire évoluer le système éducatif de son pays et à rendre les femmes plus indépendantes, contribue au programme Art Aid Nepal au sein de MakerKT à Katmandou qui s’inscrit dans la philosophie éducative STEAM (pour science, technology, engineering, art, mathematics). Elle intervient ainsi en réalisant des ateliers dans les écoles, ou dans le programme de workshops « Creating Heroines » pour les femmes, afin d’apporter à tous et toutes de nouveaux savoir-faire, peut-être modestes, mais indispensables. Découper du bois, peindre, mettre en place des systèmes électriques sont les compétences qu’elle souhaite développer en utilisant l’art et la créativité de chacun pour rendre ces projets plus ludiques.
Art Bike Relief a invité Michelle à faire partie de notre aventure dans le désert pour designer l’œuvre que nous allons construire au cœur de la playa : The Prayer Wheels. Une installation artistique constituée de 5 vélos redesignés et tous connectés, rattachés les uns aux autres. Une fois ces vélos chevauchés par des visiteurs inconnus, le premier coup de pédale active le système de chaines et déclenche le mouvement d’une cinquantaine de moulins à prière que nous avons fabriqués à partir de pneus recyclés et de roues de vélos. Nous espérons finir ce projet à temps pour dimanche, l’ouverture officielle de Burning Man. Nous avons trois jours et trois nuits pour réussir ce challenge.
Guillaume Godart, un charpentier maker toulousain est notre leader bois. Il a découpé plus de 1,5 km de planches, que les petites mains comme moi brûlons selon une technique japonaise, afin de faire ressortir le détail des planches de bois qui seront ensuite peintes en or par Océane. Sur l’atelier métal et vélos, Lilian, un artiste français aussi, maker et fondateur du collectif invisible Lîle apporte tous ses conseils pour connecter les cinq vélos sous une belle forme artistique.
Nous sommes tous épuisés, le moindre déplacement est un effort considérable. Nous sommes 20 et les conditions dans lesquelles nous réalisons cette œuvre nous font tous craquer à un moment donné. J’apprends énormément de choses. Missionnée sur les moulins à prières, je suis une véritable petite padawan qui suit les conseils pour visser les morceaux de bois sur 100 roues de vélos, mais le manque de force physique et la fatigue ne me permettent pas d’avancer comme je l’espère. Puis le générateur tombe en panne… Nous n’avons plus de lumière, il doit être 23h et nous avons démarré nos ateliers à 8h ce matin sous un vent intense et plein de poussière… C’est à mon tour de craquer. Depuis dix jours, chacun donne son maximum, et inconsciemment, l’esprit de groupe que nous avons développé à travers la réalisation de ce projet font de nous une famille. Il y a toujours quelqu’un pour nous rebooster, nous redonner confiance dans notre mission et personne n’abandonne malgré l’épuisement de tous. C’est Yahav Levy, un jeune étudiant israélien en design industriel avec qui nous avons brûlé les planches, puis transporté sur l’atelier suivant (et qui me trouvait lente lol), qui est venu hier soir pour me remonter le moral. Nous étions en pleine tempête de poussière, après une journée où le vent et le soleil nous ont complètement écrasés. Nous avons besoin de libérer tout le stress et de nous concentrer sur la réussite de notre projet qui m’a semblé à ce moment complètement utopique. L’énergie positive est impalpable mais elle est là et nous sommes plus que connectés tous ensemble.
Le générateur fonctionne à nouveau après une bonne heure de coupure. Il est 1h du mat’ et nous sommes tous à nouveau au travail avec un seul objectif en tête : réaliser notre œuvre.
The Prayer Wheels sera exposée sur la playa et je pense au moment même où je vous écris que malgré toutes les difficultés et les conditions difficiles, nous arriverons à monter ce projet.
Lire la première partie et la dernière partie de cette chronique.
En savoir plus sur les French Burners et Art Bike Relief.