OpenCat, le robot de compagnie pour ceux qui préfèrent les chats
Publié le 5 juin 2018 par Cherise Fong
Pas une semaine sans annonce fracassante des géants de la tech sur notre avenir avec les robots. OpenCat est né de l’imagination d’un maker, qui s’inspire de l’indépendance du chat et le propose en open source.
Alors que Boston Dynamics s’apprête à commercialiser son SpotMini domestique et que Sony vient de lancer la nouvelle incarnation d’Aibo dotée d’intelligence artificielle, Rongzhong Li, professeur en informatique et maker indépendant, a développé depuis sa chambre en Caroline du Nord aux Etats-Unis un robot de poche qui prend l’essence des deux chiens et les décline en version féline : OpenCat.
Né en juillet 2016, OpenCat est d’abord un projet artistique, dont son concepteur cherche assidûment à développer les capacités. Le robot-chat peut aujourd’hui marcher, trotter et sauter à quatre pattes, s’orienter, se redresser, trouver son équilibre, reconnaître des visages et des obstacles, réagir aux caresses, miauler… associé à une voix de synthèse, son créateur affirme qu’il peut même riposter en langage humain si on le maltraite.
Démo d’OpenCat par Rongzhong Li (février 2018, en anglais):
Ce prototype aspire à l’accessibilité universelle. Quiconque voudrait fabriquer son propre robot félin peut le faire grâce à l’open source, un Arduino, un Raspberry Pi, une imprimante 3D et l’envie d’apprendre. En attendant une éventuelle production de masse, pour aller plus loin, Rongzhong Li a déménagé à Pittsburgh en Pennsylvanie, qui offre un réseau plus large de talents et d’opportunités, et lancé cette année la start-up Petoi.
Dans le même temps, il rassemble sur invitation une communauté collaborative autour de la version simplifiée d’OpenCat. Le but est de lancer cette version mini à court terme sous forme de kit pédagogique. « Il y a déjà une personne qui a presque réussi à fabriquer un clone opérationnel, nous affirme Rongzhong Li, bien sûr à l’aide de sa propre expertise et en surmontant pas mal de défis. Mais son prototype est perspicace et original, même sur ce modèle simplifié. »
Hello World! pic.twitter.com/QbbZt0sm8Y
— OpenCat (@PetoiCamp) March 3, 2018
Rongzhong Li cherche aussi des collaborateurs à plein temps qui pourraient compléter ses compétences et sa perspective, car « c’est très difficile de lancer une campagne de financement participatif sans avoir de partenaire dévoué ». L’inventeur cherche déjà à ouvrir le projet : « L’idéal, ce serait que je puisse me concentrer sur le développement en réalisant plein de nouvelles fonctionnalités sur la version complète du chat, pendant qu’une équipe expérimentée et efficace transforme ces fonctionnalités en produit concret. Mais plus le prototype devient complexe, plus il est difficile de le reproduire à grande échelle… D’où la nécessité d’organiser le projet en entreprise avec des budgets prévisionnels. A terme, non seulement une entreprise rendra la production plus efficace, mais elle facilitera le transfert des connaissances. »
Vive les robochats!
Si Boston Dynamics continue à inspirer la création de robots à pattes DiY de plus en plus sophistiqués, tout en terrifiant le grand public avec ses applications militaires implicites, Rongzhong Li s’intéresse davantage aux qualités écologiques, esthétiques et émotionnelles de son OpenCat, un des projets amateurs les plus avancés en matière de robots animaux.
«Je voulais savoir combien de temps il me faudrait pour faire courir un robot avec des composants bon marché. Je suis quelqu’un qui voit de la valeur dans les déchets, qui hésite à jeter les choses et à polluer la planète.»
Rongzhong Li
Quant à l’aspect un chouïa Frankenstein de l’OpenCat, son créateur répond que la recréation de la vie est un vieux sujet de philosophie. « Même si j’ai créé ce robot, l’harmonie traditionnelle entre les humains et la nature me manque vraiment. Je regrette d’avoir utilisé beaucoup de plastique pour le fabriquer. Mais il peut aussi amplifier l’élégance des êtres vivants, inspirer le respect du merveilleux dans la vie. Pour comprendre entièrement comment fonctionne ce robot, on doit maîtriser pas mal de sujets. Et découvrir au bout du compte que tout est lié, et que les déchets peuvent être considérés comme un poison ou un trésor. »
S’il a choisi de créer un robot félin au lieu d’un gorille, une pieuvre ou tout autre insecte, c’est peut-être à cause de la nature élégante et imprévisible des chats. « J’ai toujours aimé regarder les vidéos d’animaux, j’admire leur structure squelettique et la mécanique de leurs mouvements. J’ai commencé par développer un algorithme plus général pour les mammifères quadrupèdes avec différentes géométries de membres et de configurations d’articulations. J’ai même rampé comme un bébé pour réveiller mon propre instinct de mammifère quadrupède. Même si la simulation parfaite de ces mouvements demande encore du travail, je cherche surtout à fournir un cadre technologique plus intuitif et moins cher pour explorer la mécanique ambulante. J’ai vu le chat-robot courir dans ma tête pendant un an avant de réussir à le faire marcher. A terme, le hasard sera une composante essentielle pour créer l’illusion du libre arbitre. Et j’introduirai un peu d’humour pour représenter le caractère espiègle des chats. »
Etant données les possibilités de personnalisation à l’infini comme l’étendue des applications dédiées pour l’enrichir et le modifier, OpenCat donne un aperçu de la future version féline, DiY et open source du fameux robochien japonais. « Aibo est le pionnier des robots de compagnie, admet Rongzhong Li. Cependant, il a été créé par une grande entreprise qui s’oriente vers le marché haut de gamme. On peut imaginer que le futur robot de compagnie sera à l’image d’un animal de compagnie traditionnel, connecté et capable de converser, mais sans qu’on ait la responsabilité de le nourrir et le soigner. Le prix sera fondamental pour la popularité des robots de compagnie. » En guise de conclusion, Ronzhong Li customise la célèbre citation de Thomas Edison sur l’électricité : « Nous ferons des robots de compagnie si bon marché que seuls les riches élèveront des animaux. »
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