Chronique de makers-farmers en formation (7)
Publié le 30 avril 2018 par Alexis Rowell
Dans la (future) ferme en permaculture, on plante tous azimuts: avant les arbres fruitiers, il faut penser aux haies qui les protègeront du vent. Et parer aux ragondins…
Cet hiver a été le plus pluvieux depuis plus de cinquante ans. Février et mars ont été particulièrement froids à la Grande Raisandière, notre future ferme en permaculture dans le Perche. Du coup, nous n’avons pas réussi à faire autant que souhaité dans le jardin. Pour être tout à fait honnêtes, il y a tant à faire que nous nous sentons un peu dépassés… Mais chi va piano va sano e va lontano !
Les arbres fruitiers doivent être protégés des vents dominants, qui secouent continuellement la Grande Raisandière, située sur une colline. Comme le vent dominant vient du sud-ouest, on entend (trop) souvent la circulation de la route principale, elle aussi au sud-ouest, la haie de chênes étant trop peu efficace – Steve, l’ancien propriétaire, les a régulièrement taillés pour son bois de chauffage.
Nous avons commencé à planter une double haie en utilisant des jeunes plants locaux (charme, noisetier, pommier sauvage, acacia, etc.), achetés à la pépinière locale. Il aura fallu deux personnes et un après-midi entier pour enlever les ronces (en utilisant ma nouvelle tronçonneuse électrique !), creuser des trous, planter vingt arbres, les arroser et les pailler. A ce rythme, cinq après-midis seront nécessaires pour planter les cent arbres achetés… Et nous devrons attendre cinq ans pour en voir les bénéfices !
Steve avait déjà essayé de replanter cette haie, mais les ronces avaient pris le dessus. Quand nous avons commencé à les couper, heureuse surprise, nous avons découvert que certains arbres avaient survécu. La nature est si résiliente !
Nous avons planté des boutures d’arbustes fruitiers dans notre nouvelle pépinière au côté sud de la maison où elles recevront le plus de soleil. La paille est essentielle pour les garder au chaud pendant les nuits d’avril puis pour garder l’humidité dans le sol.
L’automne dernier, j’avais rapporté des tas de boutures étonnantes de la ferme du Bec Hellouin (baies de goji, framboises jaunes, etc.) et les avais mises au frigo. Malheureusement, je les ai laissées dans les sacs en plastique que j’avais utilisés pour les transporter et elles ont pourri ! Leçon de choses… J’en ai encore beaucoup à apprendre !
Nous avons fabriqué une miniserre avec des ballots de paille, les emballages en bois qui contenaient nos meubles de cuisine et de la bâche en plastique.
J’ai planté une rangée de saules pleureurs le long de la rive nord du canal. C’est facile : il suffit de planter une branche de 1m50 et hop… elle devient un arbre. Ils vont stabiliser les bords du canal. J’ai l’intention de sculpter un peu la rive sud pour briser les lignes droites, et donc je ne plante rien encore dessus. D’autant que les ragondins commencent à casser les lignes avec leurs jeux…
Mais la pièce de résistance, c’est notre première hügelkultur dans le potager. Ce mot allemand et concept en permaculture signifie littéralement culture sur butte, ladite butte contenant des bûches, des branches ou même des arbres entiers, qui sont censés fournir la fertilité pour des années à mesure qu’ils pourrissent. Certains disent qu’il est préférable de creuser une tranchée et d’y enterrer le bois. Mais la vie est courte, alors nous avons simplement posé nos troncs en ligne et les avons recouverts de la terre végétale qui longe notre hügelkultur.
Compter une heure pour faire (seul) deux mètres de hügelkultur comme ci-dessus. Mais ensuite, il est vraiment important de le recouvrir de paille pour protéger le sol et retenir l’humidité. Nous y planterons des haricots d’ici une semaine, quand la butte se sera un peu stabilisée. La vraie beauté de ce système, c’est que nous n’aurons plus jamais à travailler la terre dans la butte !
Alors cette mare, bonne ou pas bonne?
Vous vous souvenez peut-être que nous avons nettoyé notre mare à l’automne dernier. Je viens de commander un tas de plantes qui devraient filtrer l’eau et améliorer sa qualité. Je vais aussi faire un « raid » dans la mare du voisin avec mes nouveaux waders (voir photo ci-dessous pour les profanes). Il m’offre quelques-unes de ses plantes d’eau.
Avant d’ajouter ces plantes, nous voulions tester la qualité de l’eau. Nous avons donc acheté des kits d’analyse d’eau, qui nous serviront avant l’ajout de plantes oxygénantes et pour après. Les deux mesures clés qui nous intéressent sont les nitrates et les bactéries coliformes.
Un taux de nitrate élevé indiquerait que les engrais chimiques fuient dans notre nappe phréatique depuis les fermes avoisinantes. Autour de la Grande Raisandière il n’y a que des vaches bio, mais plus loin, des agriculteurs utilisent des engrais chimiques, des pesticides et des herbicides.
Les bactéries coliformes (bactéries fécales) peuvent être trouvées dans l’environnement aquatique, dans le sol et la végétation ; elles sont universellement présentes en grand nombre dans les excréments des mammifères. Si en elles-mêmes, elles ne sont pas la cause de maladies graves, comme elles sont faciles à mesurer, elles sont un marqueur pour d’autres organismes pathogènes d’origine fécale, comme des bactéries, des virus et autres parasites multicellulaires.
Nous étions (trop) préoccupés par l’énorme tas de fumier devant la maison qui s’écoulait dans la mare. Et que dire des trois ragondins ou de l’urine de Steve surpris en train de pisser dans la mare l’autre jour ?
Analyse de la qualité de l’eau de la mare:
Heureusement, comme vous pouvez le constater dans le tableau ci-dessus, nous n’avons rien trouvé d’anormal. La qualité de l’eau de notre mare est excellente. Il est temps de…
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