Comme ça, c’est plus simple : il n’y aura aucune régulation aux Etats-Unis concernant l’agriculture produite à l’aide de nouvelles techniques d’édition génomique de type CRISPR-Cas9, a déclaré le secrétaire d’Etat américain à l’Agriculture Sonny Perdue le 28 mars.
On savait les Etats-Unis plus libéraux en matière de veaux aux hormones et autres OGM que l’Europe. Mais à l’automne 2016, en fin de mandature et face à l’émergence des techniques d’édition génomique à bas coût, le président Barack Obama avait lancé une évaluation d’une « stratégie nationale de modernisation du cadre réglementaire des produits biotechnologiques » auprès de la FDA (alimentation), de l’EPA (environnement) et de l’USDA (agriculture), confirmée en une série d’auditions au long de l’année 2017.
Un revirement que le département américain de l’Agriculture assume en affirmant qu’il « n’a pas l’intention de réglementer des plantes qui auraient pu être développées par des techniques de sélection traditionnelles ». Sonny Perdue avait déjà pris parti lors de rencontres avec des entreprises qui se plaignent de longue date des obstacles réglementaires relatifs aux organismes génétiquement modifiés. Le communiqué est d’ailleurs catégorique : « Grâce à des méthodes innovantes, les phytologues peuvent maintenant créer de nouvelles variétés de plantes qui ne se distinguent pas de celles qui ont été mises au point par des méthodes de sélection traditionnelles. Ces nouvelles approches de sélection végétale comprennent des méthodes comme l’édition du génome et présentent des opportunités énormes pour les agriculteurs et les consommateurs en mettant à leur disposition des plantes capables de protéger les cultures contre les menaces telles que la sécheresse et les maladies. »
Sonny Perdue vient donc affirmer qu’il est urgent de ne rien faire, ouvrant franchement la porte à un développement rapide de différentes cultures déjà testées en plein champ depuis deux ou trois ans, comme l’huile de soja CRISPR de Calyxt, les pommes de terre sans tâche pour McDonald’s de JR Simplot Co. et Monsanto, ou les pommes qui ne brunissent pas de Okanagan Specialty Fruits.
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— Farmer's Daughter (@FarmFlavorFun) November 6, 2017
A noter que, la veille de l’approbation de sa fusion avec Bayer, Monsanto a investi 25 millions de dollars (20,4 millions d’euros) dans Pairwise, une start-up qui planche sur la création de « diversité » dans les semences agricoles grâce à CRISPR, une technique que Monsanto a adoptée en octobre 2016 via un accord non exclusif avec le Massachusetts Institute of Technology.
Cette décision américaine intervient une semaine après l’approbation de la fusion de Monsanto avec Bayer par la Commission européenne, et ce, alors que la Cour de justice européenne doit se prononcer sur l’édition génomique dans l’agriculture courant avril. L’annonce de la position américaine envoie également un message à des pays comme la Colombie, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Norvège, en pleine réflexion sur l’élaboration de leurs politiques de réglementation de ces nouvelles formes controversées de génie génétique.
Et Sonny Perdue d’enfoncer le clou : « Grâce à cette science, les agriculteurs peuvent continuer à répondre aux attentes des consommateurs en matière d’aliments sains et abordables produits d’une manière qui consomme moins de ressources naturelles. Cette innovation aidera les agriculteurs à faire ce que nous voulons faire au département de l’Agriculture : faire le bien et nourrir tout le monde. »