On a joué à se tirer dessus en vase clos au Takoyaki CQB
Publié le 20 mars 2018 par Laurent Catala
Inspiré de la culture airsoft japonaise, le Takoyaki CQB vient d’ouvrir à Nanterre. Cet espace de combat fermé pour gamers fans de FPS et de sensations réalistes propose un défoulement à la «Fight Club».
Vous venez de faire le tour des Micromania et votre manette vous tombe des mains ? Vous cherchez plus de réalisme que les jeux de combat (FPS) façon Call of Duty ou Rainbow Six Siege ? Le tout nouveau Takoyaki CQB, du côté de Nanterre, à quelques jets de pierre de la U Arena, vous attend depuis fin janvier 2018.
Tiré du mot japonais takoyaki (spécialité culinaire de boulettes de pieuvres, qui colle ici avec la forme de bille des projectiles) et issu d’une culture airsoft très populaire au Japon (cette version de paintball où les joueurs utilisent des répliques d’armes à feu), le Takoyaki CQB a trouvé sa place dans un bâtiment défraîchi aux allures de friche industrielle. Plusieurs fois par semaine, toute une escouade d’initiés et de newbies s’y retrouvent en mode close combat, armés de leurs fameuses répliques pour tirer (des imitations bluffantes de véritables fusils et pistolets, souvent conçus sous licence directe des fabricants), et s’y adonnent à différents modes de jeu pratiqués en zone close, à la différence des habituelles parties d’airsoft en extérieur, d’où le terme CQB (Close Quarter Battle).
Parcours maison
A l’intérieur, on découvre, derrière les filets de protection, le parcours. Totalement fait main, avec des covers – des planches en contreplaqué configurant le site et protégeant les joueurs des tirs adverses, vissées et montées par l’équipe de Takoyaki QCB, qui a fixé des rubans de LEDs sur leur partie haute pour renforcer l’impression immersive lors des combats nocturnes –, le terrain en est déjà à sa deuxième configuration.
« On a tout assemblé et conçu nous-mêmes. Et on change régulièrement la disposition pour dynamiser le jeu », explique Arnaud Deprez, l’un des quatre responsables du lieu. « La disposition actuelle permet plus de rush, de course, mais aussi une approche plus tactique puisqu’il faut contourner les obstacles. Souvent ce type de terrain s’inscrit dans un esprit de maps inspirées de Call of Duty, mais on est plus dans une logique d’autodéfense. Ça correspond assez à l’esprit japonais et aux espaces exigus de Tokyo. C’est ce qui fait d’ailleurs toute la spécificité de notre lieu. »
En matière d’esprit, celui-ci se révèle surtout communautaire et participatif, soutenu par des initiatives amusantes pour attirer un public différent, comme cette session « Ramène ta daronne » le 21 février, qui a vu des « papas et mamans » venir tester le dispositif qui n’est ouvert qu’aux plus de 18 ans. La société gérant le site est constituée en SAS pour porter un projet en développement : le Takoyaki CQB se joue dans le cadre des Nouveaux Locos, préfiguration d’un futur lieu pluridisciplinaire situé aux Groues, future extension de La Défense à Nanterre. Son modèle reste avant tout celui de passer un bon moment pour un coût raisonnable (15€ la séance de quatre heures si l’on vient équipé, 35€ sinon avec réplique + consommables + protections fournies).
«On est juste des adultes avec des jouets.»
Takami Nakamoto, coorganisateur de Takoyaki QCB
« C’est une activité où on se défoule bien, explique Takami Nakamoto, le Franco-Japonais de l’équipe. Et ça reste valorisant même pour un nouveau joueur car tu peux assez vite toucher ton adversaire, ce qui n’est pas forcément le cas sur des grands terrains extérieurs farcis de snipers. »
En dépit des apparences, l’ambiance est donc plutôt cool. Avant le brief général de sécurité, les aficionados préparent leurs répliques, remplissent leurs chargeurs de billes, vérifient les batteries – pour les répliques électriques de type AEP – et la puissance de tir des billes (limitées à moins d’un joule, soit une vitesse de 330FPS — Feet Per Second) et introduisent le gaz nécessaire, le fameux consommable green gas, au bon fonctionnement de la gearbox, le boîtier contenant tout le mécanisme de percussion pour tirer les billes. Une méthodologie appliquée, que ces adeptes customisent souvent à leur manière.
« J’aime le côté non-stop de ce speed game », explique David, un participant régulier. « C’est pour ça que je privilégie les PA (pistolets automatiques, ndlr) plus mobiles. Sur le mien, j’ai déjà changé la culasse, les chargeurs de gaz, mis un hop-up (percuteur, ndlr) plus résistant. » « L’idée, c’est d’améliorer sans cesse la portée, la cadence et la réactivité », résume Alexis en rajustant son treillis.
Session nocturne en janvier 2018 à Nanterre (réal. Takoyaki Airsoft CQB):
Speed game test
Pas de quoi m’intimider, mais comme je suis un pur débutant, je commence par la zone d’exercice où l’on tire sur des minicibles en mode semi-auto. Je me coltine un PX4 Bulldog prêté par Julien Taïb, l’un des orgas (j’ai commencé par tester un pistolet mitrailleur MP5 SD6, beaucoup plus efficace, mais aussi plus lourd). Autant le dire, je fais rarement mouche et galère un peu avec le viseur récalcitrant.
Puis c’est parti ! Un Monsieur Loyal muni d’un porte-voix harangue les troupes et donne les dernières instructions pendant qu’un décompte se fait entendre à travers la sono grésillante. « 3, 2, 1… » Les cinq joueurs des deux équipes adverses frétillent dans leur camp (dit spawn), s’emmitouflent derrière leurs masques (dits stalker ou mask mesh) et protections de type milsim (Military Simulation) – à défaut, plusieurs couches de fringues peuvent être nécessaires car les billes, on les sent ! – et peaufinent les derniers réglages de leur réplique.
« Zéro. » Tout le monde s’élance, tandis que la musique se met subitement à hurler comme en plein concert de heavy metal. Filant derrière les covers, on se prend rapidement à un jeu qui tire tout de même sévère et s’avère proche des sensations d’un shooter video game sorti de son écran. Bien sûr, je suis immédiatement touché.
Il y a ici des mecs (une seule fille présente ce jour-là) qui sont de vrais pros (des gendarmes et militaires fréquentent le spot), mais surtout des passionnés bien entraînés et bien équipés. Le coût d’une réplique n’est pas forcément des plus onéreux (beaucoup moins que sur des disciplines équivalentes du style paintball), puisqu’il faut compter environ 200€ pour un modèle d’excellente qualité.
Si le jeu est ouvert à tous, on ne va pas déquiller tout le monde tout de suite. Patience et surtout fair play. On lève la main quand on est atteint en criant « out ! » et on regagne sa zone avant de repartir au combat. Bille en tête, bien sûr !
Le Takoyaki CQB, à Nanterre, est accessible sur réservation