Le top 10 des vélos en bois et bambou
Publié le 6 mars 2018 par Cherise Fong
Notre sélection de bicyclettes en bois et bambou, fabriquées ou à monter soi-même. Des plus pros aux plus DiY, à chacun sa monture.
Oublions l’acier (trop lourd), l’aluminium (trop faible) ou la fibre de carbone (trop chère). Quand il s’agit de fabriquer un cadre de vélo, rien ne vaut le bois ou le bambou, des matières organiques et légères, qui servent d’amortisseur et sont rigides, fortes et flexibles, dures et durables.
Les pros: made for you
La société néerlandaise Bough Bikes n’a que faire de l’élitisme de luxe des vélos de route en bois précieux. Ses belles bicyclettes en chêne massif durable en provenance du Jura, elle les fabrique en série grâce à une fraiseuse CNC. Avec le slogan « moved by nature » (porté-e/ému-e par la nature), elle porte loin sa vision de les rendre à la fois esthétiques, écologiques et accessibles : son modèle urbain de base (1.565€) peut être transformé en vélo transporteur, en vélo électrique (2.850€) ou même en vélo de société, loué, partagé ou customisé.
Présentation des vélos Bough Bikes (en néerlandais):
Au pays du cyclisme de compétition par excellence, la fabrique italienne Selva, située dans les Alpes au nord de Milan, vend ses vélos sportifs et légers aux cadres de luxe en différentes espèces de bois (hêtre, teck, cerisier, padouk, wenge), customisables avec des composants en aluminium, titane ou fibre de carbone, pesant entre 8kg et 11kg, de 2.490€ à 5.490€.
Au Canada, l’atelier québécois Picolo Vélo utilise fièrement le bois du frêne indigène du Québec pour fabriquer ses vélos de performance de route, dont les cadres sont également laminés d’un vernis polycarbonate hybride hydrofuge résistant aux UV. Si les premiers modèles en sont encore au stade du prototype, leur exposition récente dans les salons de vélo et surtout l’affiliation de Picolo Vélo (Pierre Laplante) à l’Amik Ebénisterie à Montréal laissent promettre un lancement commercial.
La jeune ébénisterie française In’Bô, dont le slogan « fait main dans les Vosges » traduit la passion pour l’artisanat écologique, fabrique également des montures de lunettes en bois et des planches de skate en hêtre. Surtout, In’Bô fabrique des vélos à partir de bambou récolté à la bambouseraie d’Anduze dans le sud de la France, assemblé avec des fibres de lin normand et de la résine époxy à 56% biosourcée. Avec des ambassadeurs médiatiques et des géométries de cadre développées avec un coureur semi-pro, les vélos d’In’Bô sont rigoureusement conformes aux normes professionnelles, fabriqués sur commande et pas du tout donnés (5.490€ à 8.290€ pour un vélo complet). Ils sont aussi disponibles en kit (cadre + roulements + fourche) ou cadre seul.
Présentation des vélos In’Bô:
Fondée par un ancien champion cycliste en partenariat avec un designer expert en bambou expatrié au Vietnam, la petite société américaine Boo Bicycles fabrique depuis 2009 des vélos haut de gamme à partir du bambou vietnamien durable tam vong (ou bambou de fer). Leurs modèles, qui incorporent parfois l’aluminium ou la fibre de carbone, vont du vélo urbain (995$ pour le cadre seul) au cyclocross (4.895$ pour le cadre seul), en passant par le vélo de route, le VTT et l’iconique fatbike.
La fabrication des vélos Boo (en anglais):
Les DiY: made by you
Pour ceux et celles qui n’auraient pas les moyens de se payer un des vélos ci-dessus, ou qui préfèrent fabriquer leur propre monture en bois ou en bambou, voici quelques tutoriels, kits et ateliers pour des vélos à faire soi-même.
S’il ne paraît pas évident et même un peu dangereux de fabriquer un deux-roues sans aucune expérience en menuiserie ou en mécanique cycliste, rien n’empêche d’essayer. C’est ce qu’a décidé cet automne Olivier, étudiant en cursus Diplôme universitaire métier facilitateur au FacLab de l’université de Cergy-Pontoise. Il cherche à fabriquer un vélo, tombe sur le Woody Bike, présenté comme le vélo DiY à fabriquer en fablab, mais qui a été conçu en 2007 par Tymothé Auberson à l’Ecal, école d’art et de design suisse, pour son projet de diplôme et jamais documenté depuis. Et entame un processus de documentation (en cours…).
(MAJ: Merci à Olivier Audet, aujourd’hui fabmanager du Konk Ar Lab à Concarneau, de nous avoir informé de la mise en ligne de la documentation du montage du Woody Bike sur le journal de bord du projet !)
Toujours pour les mordu-e-s du DiY qui sont prêt-e-s à tout donner pour se plonger en fablab, le projet de vélo en bois Rootless, conçu par l’artisan italien Andrea Patrucco, offre un tutoriel accompagné de tous ses fichiers 3D en CC BY-SA-NC, pour que n’importe qui puisse les télécharger et se mettre à construire son propre vélo. Pour mémoire, Rootless était un des projets finalistes des prix YouFab 2014.
Sandwichbikes, ou « le vélo Ikea », vend tous ses modèles (fourche en bois ou en acier, 1 ou 2 vitesses) sous forme de kit à monter soi-même. Le bois de hêtre utilisé pour les cadres vient d’une forêt durable en Allemagne. Les vélos peuvent même être customisés façon Van Gogh et autres délires. Egalement disponible, un modèle électrique exclusif avec placage de noyer.
Les étapes d’assemblage d’un vélo Sandwichbike (en anglais):
L’Américain Craig Calfee fabrique et répare des vélos en fibre de carbone (dont ceux de Greg LeMond) depuis les années 1990, mais ces dernières années, il s’intéresse au bambou. Et distille ses conseils jusqu’en Afrique où il anime des ateliers pour montrer aux Ghanéens ou aux Ougandais comment façonner cadre et vélo durables à partir du bambou qu’ils ont l’habitude de récolter. Il a même créé un kit DiY du vélo en bambou pour débutants. Tous les matériaux et outils sont également vendus à la pièce sur son site.
Présentation du kit DiY du vélo en bambou de Craig Calfee (en anglais):
A l’origine, avec Bamboo Bicycles Beijing, David Chin-Fei Wang, un Américain de Boston vivant à Pékin depuis plusieurs années, voulait apprendre aux gens comment fabriquer des vélos upcyclés à partir de bambou de récup’. D’ateliers communautaires en projet Kickstarter, l’association organise toujours plus de séances de formation dans les communautés et les écoles autour de Pékin et même à Taïwan, inspirant d’autres enseignants et makers en cours de route. Alors que le paysage de l’ébénisterie cycliste est à 99,9% masculin et très largement occidental, on apprécie particulièrement cette initiative intentionnellement inclusive (par ici une vidéo de présentation).
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