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A Mumbai, l’éducation par le faire à la STEAM School

L'équipe «Flypoint» de la STEAM School et son indicateur de collecte d'ordures. © Maker's Asylum

On a demandé au maker indien Abhijeet Khandagale d’aller à la STEAM School, une semaine de prototypage partagé sur le développement durable entre la France et l’Inde au Maker’s Asylum de Mumbai.

Mumbai, correspondance

Que fait-on avec une caisse de vin vide ? On l’apporte chez Maker’s Asylum pour en faire une lampe pour l’anniversaire d’un-e ami-e ! C’est l’état d’esprit chez Maker’s Asylum, un makerspace plein de gens tous fous du faire. Pour sa 2ème édition du 6 au 15 décembre, la STEAM School, coorganisée par le makerspace de Mumbai et le CRI Paris, a proposé à une centaine de participants venus d’Inde et de France de s’inspirer de cet état d’esprit pour apprendre le prototypage numérique et développer des projets durables. L’initiative faisait partie de Bonjour India 2017-2018, un partenariat franco-indien qui propose 300 événements autour de l’innovation technologique, sociale ou environnementale en Inde.

Session de discussion du matin à laquelle tout le monde participe avant de se répartir en équipes. © Maker’s Asylum

La STEAM School encourage l’application du design, des travaux pratiques et des techniques de résolution de problèmes pour faire face aux « défis de durabilité mondiale avec une perspective locale » selon les objectifs en développement durable de l’ONU pour 2030. Parmi les thèmes abordés, la santé et le bien-être, l’éducation, l’eau et l’hygiène, l’énergie propre et à bas coût, les villes et communautés durables.

Un peu de design thinking avant d’entrer dans le vif du sujet. © Maker’s Asylum

La centaine de participants a travaillé en équipes sous la supervision de mentors tels Anand Damani de l’agence de design indienne Briefcase ou Rickie Moore, directeur du programme Global Entrepreneurship à l’EM Lyon Business School, et d’un jury dont faisait notamment partie Navi Radjou, l’auteur de L’innovation Jugaad. Ils étaient ainsi une quarantaine de mentors à collaborer avec les participants au cours de sessions dédiées.

En parallèle, étaient organisées tous les soirs des conférences ouvertes où Navi Radjou a notamment parlé de « comment faire plus avec moins de ressources ». Des industriels ont animé des meet-ups autour de la gamification (Ubisoft), de l’upcycling (Global Shapers et CII), du textile… Pour évoquer la durabilité au club Khar Antisocial, la chercheuse et fondatrice du Needlab de Barcelone, Sameera Chukkapalli, et l’experte en matériaux durables Shubhi Sachan ont partagé leurs recherches, le tout suivi d’une soirée en boîte.

Les étudiants et chercheurs de la STEAM School se sont répartis en dix-neuf équipes, chacune développant ses propres projets. L’idée n’était pas de créer un produit pour le marché mais plutôt de comprendre le processus nécessaire pour proposer des solutions aux défis en développement durable : l’approche par le design, la formation d’équipes pluridisciplinaires aux fonctions multiples, le déchiffrage des énoncés de problèmes, le recours aux outils disponibles, la fabrication et la présentation d’un prototype rudimentaire.

L’une des équipes «énergie propre» et son accessoire vélo pour produire de l’électricité. © Maker’s Asylum
Cura, un «wearable» low-cost pour surveiller la douleur. © Maker’s Asylum

L’équipe dédiée aux villes et communautés durables, baptisée « Grandma was an upcycler », a élaboré une application de jeu d’upcycling pour Mumbai. Parmi les autres prototypes figuraient un WC pop-up, des boîtes d’empathie ou une guitare pédagogique gamifiée à bas coût.

La Guitar 101 aide les enfants à apprendre les bases de la guitare sans payer de cours. © Maker’s Asylum

En début de journée, quelques exercices physiques pour développer les muscles tout en stimulant le cerveau. Et ce conseil de Vishal Dubey, de retour pour cette 2ème édition : « Fabriquez des souvenirs aussi bien que des prototypes. Faites ce que vous aviez toujours envie de faire mais que vous aviez trop peur ou étiez trop gênés de faire. »

Les sessions pour apprendre à souder ont fait le plein. © Maker’s Asylum

Les premiers jours ont été dédiés à l’apprentissage – de l’usage des outils au prototypage 3D, en passant par l’électronique et le design. Puis, les participants, encouragés à se rendre sur le terrain pour comprendre les problèmes et évaluer leurs solutions théoriques, discutaient en fin de journée de ce qu’ils avaient appris.

Découverte des «chefs-d’œuvre de la fabrication additive»:

Les projets et solutions créés dans le cadre de la 2ème STEAM School ont ensuite été exposés au salon Tech 2017 organisé par l’Unesco à Visakhapatnam du 16 au 18 décembre 2017, dédié au « développement de pédagogies numériques pour construire une société durable ». Certains prototypes seront également incubés par Maker’s Asylum en collaboration avec ses partenaires industriels, comme Dassault Systèmes India.

Et à la fin de la STEAM School, les présentations où on partage aussi le sourire. © Maker’s Asylum

En clôture de cette STEAM School 2017, Bertrand de Hartingh, directeur de l’Institut français en Inde, a encouragé les jeunes en Inde et en France à collaborer davantage en création et en innovation. Vaibhav Chhabra, le fondateur de Maker’s Asylum, « ému » par « l’énergie qui foisonnait au sein du Maker’s Asylum le dernier jour du programme, même après que les présentations de projets étaient terminées », espère que « les graines du changement ont été semées chez chaque participant » et que « nos makers, vieux et jeunes, vont utiliser ce qu’ils ont appris pour provoquer des changements positifs dans la société en innovant et en partageant leurs savoirs avec le plus de personnes possible ».

En savoir plus sur la STEAM School au Maker’s Asylum et sur les projets de la 2ème STEAM School