«Fablab opéra», laissez-vous retourner par le son des machines
Jean-Philippe Renoult, après avoir écrit pour Makery la bande-son des machines des labs, compose «Make Sound, Fablab opéra binaural» pour une des plus prestigieuses émissions d’art radio au monde.
A quoi ça tient d’embarquer des artistes dans les fablabs ? En mars 2016, quand on avait commencé à discuter avec Jean-Philippe Renoult, artiste sonore adepte du field recording, d’une chronique pour Makery sur le son des machines des fablabs, on ne se doutait pas qu’un jour un opéra allait clore le projet…
Makesound a débuté en avril 2016 sur Makery avec la découpe laser du Woma à Paris. Jean-Philippe Renoult, qui embarque son micro un peu partout dans le monde quand il ne performe pas sur sa shruti box amplifiée (un instrument indien à anches, sorte d’harmonium sans clavier), remixe aussi bien les écoutes de l’affaire Bettencourt que le son d’un gazomètre de 118m de haut et 347.000m3… Pour Makery, il crée la chronique Makesound, une immersion binaurale (c’est-à-dire, pour les profanes, une écoute en 3D), au cœur des machines des makers. Imprimante 3D, découpeuse vinyle, CNC et même four de fusion du verre sont ainsi magnifiés par l’artiste. Chacun des huit épisodes distillés sur Makery est conçu comme le portrait d’une machine dans son lieu d’accueil, fabriquant la bande-son des labs.
Et puis, dimanche 7 janvier 2018, dans le cadre de l’émission hebdomadaire Kunstradio (radio-art) de la radio nationale autrichienne ORF, était diffusée une version longue de ces enregistrements, intitulée Make Sound, Fablab opéra binaural. Un opéra des machines des makers !
A écouter au casque, le fablab opéra démarre gentiment, entre cliquetis et quasi-roulements de tambours. Et puis ça monte, et le son des machines nous entoure, nous pénètre, nous enveloppe et nous dépasse. « J’ai démonté les machines une par une, explique Jean-Philippe Renoult, je les ai désossées et puis j’ai opéré une refonte : j’ai fait couler pour reconstituer une sorte de métamachine, comme un Frankenstein des machines ! Je n’ai pas voulu faire un portrait fidèle des machines des labs mais utiliser la binauralisation comme un moyen d’entendre quelque chose de plus grand qu’une machine depuis un point d’écoute impossible. »
Les plus avertis identifieront encore le son de la CNC ou de la perforeuse. Mais est-ce vraiment très utile ? Make Sound, fablab opéra binaural dépasse l’univers des ateliers de fabrication. L’artiste nous embarque dans un voyage sonore futuriste oppressant, orwellien, fantastique. La bête de CNC rugit. Le binaural en rajoute dans la boucle sonore qui enroule littéralement l’écoute, entre Blade Runner, Planète des singes, Soleil vert… Un univers sonore totalement inédit, qui pour la première fois utilise la matière sonore des fablabs et porte par conséquent plus que bien son titre d’opéra. On n’est pas peu fiers chez Makery d’avoir accueilli la série et l’artiste !
Ecouter le «Fablab opéra» sur le site de Kunstradio
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