#Fablab Festival. Une grande fête du Make plutôt que le rendez-vous des makers: le festival toulousain a accueilli 9000 visiteurs, du 11 au 14 mai. Avec un programme touffu de débats, ateliers et démos, une journée «pro» patronnée par Airbus et quelque 150 fablabs.
Toulouse, envoyée spéciale
C’est Anthony Auffret qui a mis les pieds dans le plat, au dernier jour du Fablab Festival, dimanche 14 mai. Profitant d’une séance de questions sur la table ronde « Innovation et modèles économiques », cet historique du mouvement maker en France (les Fabriques du Ponant, les Petits débrouillards…) demande pourquoi rien n’a changé dans l’organisation du festival alors que Donald Trump est devenu président des Etats-Unis, que la présidentielle française a bouleversé le paysage politique français, que la COP21 est remise en cause… Avec un peu de mauvaise foi, mais un questionnement sincère : les makers ne sont-ils pas au cœur d’enjeux politiques de transformation de la société ?
Pour sa troisième édition du 11 au 14 mai, le Fablab Festival de Toulouse (dont Makery est partenaire) a pourtant changé d’échelle. Il a d’abord réussi son pari d’augmenter encore sa fréquentation : 9000 visiteurs (contre 7500 en 2016), dont 600 fabmanagers le jeudi et 1600 « pros » le vendredi, journée patronnée par Airbus. Une montée en puissance qui s’est faite avec plus de budget (autour de 150000€ cette année, selon Nicolas Lassabe, cofondateur d’Artilect, le fablab toulousain à la tête de la manifestation, contre 80000€ l’an passé), avec plus de pays représentés (20), plus de fablabs (150), plus d’exposants (95), et une dimension européenne affirmée via la thématique Make Europe (une quarantaine de fabmanagers, makers et invités européens).
L’édition 2017 est de fait un succès public. Elle confirme la visibilité accrue du mouvement maker : le maire de Toulouse y a fait sa première visite, Airbus est devenu le sponsor de la journée « pro » – qui a pu hérisser les makers de la première heure avec ses concours de start-ups et son orientation business affichée. « Le but de cette édition était de rassembler les fablabs européens, de changer d’échelle pour préparer FAB14 (la conférence internationale des fablabs, qui se tiendra en France en 2018, ndlr). Il y a bien un élan, tout le monde à envie d’y aller », affirme Nicolas Lassabe.
Cette édition de transition pour 2018, qui verra la France organiser la FAB14 du 17 au 24 juillet (la fabconf à Toulouse du 17 au 20, un fabfestival distribué le week-end et le Fab City Summit à Paris les 23 et 24), reflète les défis et enjeux posés aux makers. Jamais les fablabs n’ont été aussi nombreux, les institutionnels si désireux d’en être, les entreprises si curieuses de cette innovation ouverte qui promet de nouveaux modes de fabrication.
Nicolas Lassabe, le RFF, Fab City Grand Paris et la Fabfoundation sur scène pour appeler à la fabrication de FAB14 France 2018. #MakeEurope pic.twitter.com/Duz6m2JK5n
— Makery (@makeryfr) May 12, 2017
C’est l’édition du changement d’échelle, où les pionniers ont laissé de facto la place aux nouvelles têtes (comme dans l’organisation du festival, qui s’est professionnalisée). Concarneau, Narbonne, Millau, Vitry… Ces villes vont bientôt être équipées de fablabs. Leurs porteurs de projets arpentent les allées, participent aux barcamps, adhèrent au Réseau français des fablabs (RFFLabs), qui tenait le premier jour son AG. « Déjà trois nouveaux adhérents ce matin », se réjouissait vendredi Olivier Gendrin, son président. « Peut-être que le mouvement se banalise, reconnaît Nicolas Lassabe. Aujourd’hui, on est au pic, c’est le bon moment de cristalliser les choses. »
Avis de naissance de fablabs
Emmanuel Poisson-Quinton annonce l'ouverture du fablab @KankArLab dans un quartier prioritaire de Concarneau. #MakeEurope #fablabs pic.twitter.com/N4cRdTjHAm
— Makery (@makeryfr) May 11, 2017
Le stand des fablabs d’Occitanie reflète bien cette dynamique : il a déménagé trois fois au cours des quatre jours du festival ! Conçu brique à brique par les adhérents de la Fedlab Occitanie (on a arrêté de les compter pour la photo après Albi, Limoux, Rodez, Perpignan, Millau, Béziers, Lagardelle-sur-Lèze, Cintegabelle, et le fablab de Narbonne, inauguré deux jours avant le début du festival) et figurait un minifablab à lui tout seul.
Pas de « grande » politique donc, mais des tas de grands sujets de société ont été abordés au cours du festival. Il a notamment beaucoup été question de DiY et handicap, avec la présence de l’ambassadeur maker Nicolas Huchet et sa prothèse DiY Bionicohand.
"L'open source m'a redonné une forme de liberté" explique Nicolas Huchet, fondateur de @Bionicohand @MyHumanKit @FablabFestival #MakeEurope pic.twitter.com/xaerFqBZVb
— Makery (@makeryfr) May 12, 2017
Aux curieux, gourmands et joueurs…
Le frigo boîte de nuit a fait le plein… de bières.
Les ateliers (pour enfants et adultes) ont aussi beaucoup plu, qu’il s’agisse de construire sa miniconsole de jeu (ci-dessous), de découvrir l’impression 3D, Arduino ou de fabriquer un détecteur de luminosité.
A l’extérieur, entre deux foodtrucks bioresponsables, les ateliers Discosoupe antigaspi ont offert des pauses goûter bienvenues.
Sans oublier l’imprimante néerlandaise Focus de Byflow, pour chocolat et autres matières alimentaires, qui a beaucoup fait parler d’elle…
Si les questions politiques qui ont fait la une de l’actualité ont à peine été abordées, c’est peut-être aussi parce que le mouvement maker est encore jeune, qu’il porte des valeurs d’optimisme (DiY, upcycling et écologie du low-tech, Fabcity, éducation par le faire, réappropriation de la production à une échelle locale et personnalisée…). Et que le Fablab Festival, à travers ses démos de technologies agiles, de frugalité dans l’innovation, de modèles économiques réinventés, anticipe sur le monde ancien pour imaginer le futur !
Revivre le Fablab Festival 2017: nos portraits de makeuses, la fabcity sous l’œil critique de l’urbaniste Krzysztof Nawratek, les débats agités autour de l’éducation dans les labs et le live de Makery