Le concours Jeunes talents joue l’open design
Publié le 9 mai 2017 par Pauline Comte
Comment imaginer l’habitat de demain? Le 1er concours Jeunes talents lancé par Du côté de chez vous (Leroy Merlin) a choisi vingt projets. A charge pour leurs créateurs, de jeunes designers makers, de les prototyper.
Luminaires, étagères, cloisons, tables basses, canapés… 290 projets répondant à la thématique des « Jeux de (dé)construction » ont été envoyés au tout premier concours Jeunes talents, lancé début janvier 2017 par la marque Du côté de chez vous (Leroy Merlin) pour « inventer l’habitat de demain ». Fin février, le jury de ce concours ouvert aux 18-30 ans a retenu vingt projets, qui devront être prototypés par les heureux élus, qu’ils soient pros, jeunes diplômés ou étudiants, avant le 14 mai. A la clé, les trois projets lauréats (un grand prix doté de 3000€, un prix étudiant à 2000€ et un prix du public à 1000€) feront l’objet d’une publication et d’une exposition pendant la Paris Design Week en septembre prochain.
En attendant la remise officielle des prix le 8 juin, les internautes peuvent voter jusqu’au 22 mai pour leur projet préféré. Makery, partenaire du concours, est allé à la rencontre de cinq équipes, pour vérifier si leurs protos valorisent l’adaptabilité, l’open design et la modularité.
Blocks range façon Lego
Qui? Teddy Moissant, diplômé des arts décoratifs de Strasbourg, est un designer d’objets sur mesure, mordu de musique. Sensible aux questions environnementales, il a été séduit par l’éthique et la finalité open source du concours.
Quoi? Son projet Blocks, un module de 40 X 40 X 40cm, a d’abord été conçu pour ranger des vinyles. Pour s’approprier le thème des « Jeux de (dé)construction », Teddy Moissant s’est mis dans la peau d’un enfant. Le concept de Blocks ? « Empiler verticalement et combiner horizontalement le maximum de modules possibles pour ranger et stocker », explique-t-il. C’est en pensant aux Lego que lui est venue la modularité par la superposition et par l’association.
Comment? Blocks est conçu en OSB, une matière recyclable en bois compressé écolo et à l’esthétique brute. Son projet économe utilise peu de matière, d’outils et d’énergie. Teddy Moissant se plaît à montrer « l’envers du décor », l’OSB étant généralement employé sur les chantiers et pour des travaux d’isolation. Après une phase de conception et de dessin via des logiciels de tracés 2D, c’est à l’aide de la fraiseuse numérique de l’AV Lab de Strasbourg que Teddy Moissant a réalisé son prototype.
Les modules empilables et autobloquants intéressent déjà un disquaire strasbourgeois. Ils sont pensés pour « amener quelque chose d’urbain et de brut dans nos intérieurs », dit Teddy Moissant.
OMGlow tisse la lumière
Qui? Irina Pentecouteau et Cécile Laporte forment le duo de designers candiD après s’être connues aux beaux-arts de Toulouse il y a quatre ans. Sensibles à l’artisanat, elles s’inspirent des motifs et techniques de tissages qu’elles ont découverts lors d’un voyage en Amérique du Sud. Les créatrices, qui ont vécu les prémices du mouvement maker au fablab toulousain Artilect, s’amusent à allier tradition et nouvelles technologies en s’emparant des outils de fabrication numérique.
Quoi? OMGlow est un luminaire capable de passer de la 2D à la 3D. Une façon de lutter contre l’obsolescence programmée en donnant une autre allure à la même lampe. Le duo « anti-standardisation » surfe sur la tendance DiY en laissant la possibilité à l’utilisateur de s’approprier son luminaire en jouant avec des associations de fils et de couleurs.
Comment? C’est une simple planche de contreplaqué, ajourée à la découpe laser, qui, une fois tournée, forme un abat-jour maintenu par des fils directement tissés sur la lampe. CandiD propose deux modèles prêts à l’usage, accompagnés d’un nuancier qui constitue une base de données de découpes, de coloris et de motifs. « Les gens ont de plus en plus envie de pratiquer par eux-mêmes, on le voit avec le développement des fablabs et des lieux pour réparer des objets », dit Cécile Laporte. Irina Pentecouteau ajoute : « Le designer qui garde sa création pour lui est complètement dépassé. »
Le duo, impliqué dans les questions de démocratisation du design et d’open source, a l’intention de créer une plateforme d’échanges en ligne pour faire grandir le projet et proposer différents luminaires.
Roll-a-Shelve fait des vagues
Qui? Le designer Guillaume Doux, originaire du Vaucluse, est étudiant à la Kedge Design School de Toulon. Penser un mobilier pour qu’il soit directement modifiable par son usager et dévoiler le métier de designer aux yeux de tous font partie de son terrain de jeu. Habitué des ateliers dans lesquels il a appris à expérimenter la matière, Guillaume Doux raconte qu’il travaille « avec les moyens du bord ».
Quoi? Roll-a-Shelve, conçu à partir d’une natte de bambou améliorée qui s’enroule autour d’un châssis, est une étagère à faible coût pour salon ou salle de bain. Le designer, amateur de spécialités japonaises, s’est inspiré des nattes de bambou qui servent à réaliser les sushis. Le bambou a la particularité de résister à l’eau tout en étant léger et capable de supporter du poids. Pour Guillaume Doux, l’open design, « c’est comme si la personne qui achetait son mobilier chez Ikea en voyait la conception ».
Comment? Le jeu des proportions et de la géométrie donnent une forme courbe et variable à l’étagère Roll-a-Shelve, « comme une note de musique sur une partition ». La modularité et le jeu de construction reposent sur un système de crémaillère et d’assemblage mécanique à partir de vis et d’emboîtements. Les principes modulables invitent l’utilisateur à s’amuser avec les rondeurs pour faire varier la forme de l’étagère.
Envies enrubanne l’espace
Qui? Virginie Taché et Enzo Melchiorre, fraîchement diplômés de la Haute école d’art et de design de Genève, sont designers d’objets, bijoux et accessoires.
Quoi? Envies repose sur un concept de tissage de rubans élastiques à emporter partout. Afin de prendre en compte les « modes de vie nomades » à l’ère du coworking et des espaces de travail partagés, Envies permet de personnaliser un lieu rapidement, de le partager et de l’organiser. « En quelques minutes, les gens peuvent créer un bureau qui leur ressemble. »
Comment? Créer un lien affectif avec l’objet, c’est la règle que se fixent les designers. Le projet Envies laisse la possibilité à chacun de s’emparer des rubans et de composer une paroi aux tissages colorés variables. « Intuitivement, les gens jouent et s’amusent avec les élastiques. Ce sont des objets ludiques et attachants », explique Enzo Melchiorre.
Plug and Make s’agrippe aux meubles
Qui? Antoine Taillandier est diplômé en architecture d’intérieur et design produit de l’Ecole Pivaut à Nantes. Ce « designer maker » a fait ses armes au fablab Plateforme C de l’association Ping. « Ce qui m’a plu, c’est la rapidité à prototyper des choses : je dessine ma pièce, je l’imprime et en deux temps trois mouvements, je crée un objet. »
Quoi? Plug and Make « est un jeu et un mobilier », explique Antoine Taillandier. Une planche, des serre-joints, des plugs imprimés en 3D et le tour est joué pour cette planche en bois graphique, ludique et adaptable à tous les espaces, capable de s’agripper aux meubles, grâce à un système de serre-joints.
Comment? « Depuis très longtemps, j’avais l’idée d’un objet qui s’accroche au sommier d’un lit », explique le bricoleur. Tout comme il épingle ses sources d’inspiration sur Pinterest, le designer a conçu un objet permettant à son usager de plugger un pot à crayons ou toutes sortes d’objets sur un plateau. Le projet a été conçu grâce à des outils de fabrication numérique (découpe laser, imprimante 3D).
Le créateur a tenu à impliquer l’utilisateur-joueur. Les fichiers des plugs et de la planche livrés en open source permettront à chacun de fabriquer son objet et de suggérer des modifications ou déclinaisons possibles. Antoine Taillandier joue la carte du DiY : il a prévu de proposer en plus d’un tuto au format PDF (demandé à tous les candidats au concours) un pas-à-pas vidéo pour accompagner l’utilisateur dans la réalisation.
Voter pour le concours Jeunes talents (jusqu’au 22 mai)