David Rochelet, passé par l’Electrolab, a fondé le Doualab au Cameroun. Il intervient aussi comme responsable pédagogique pour Genius Centers, une start-up et un makerspace pour enfants.
Douala, correspondance
Quoi de mieux que de construire le métier qu’on aime, en aidant les autres à trouver leur voie ? C’est le défi que s’est fixé Danielle Akini, fondatrice de la start-up camerounaise Genius Centers, un makerspace pas comme les autres…
Danielle Akini a commencé par organiser dans son quartier de Douala des ateliers pour que tous les jeunes puissent se former aux nouvelles technologies et au code informatique. Des jeunes à qui la vie ne donnait aucune chance. En 2016, elle fonde la start-up Genius Centers, qui propose aux jeunes de 5 à 17 ans des ateliers basés sur les nouvelles technologies avec une approche basée sur le « learning by doing ». L’enfant réalise, sur chaque série de séances, un projet complet dans des domaines très variés : initiation aux langages de programmation Scratch et Python, robotique, graphisme, création de jeux vidéo 3D, et bientôt impression 3D et utilisation de drones. Le but est à chaque fois de gagner en autonomie pour pouvoir rapidement imaginer et réaliser ses propres projets.
Premiers prix Genius
Dans ce domaine, les jeunes Camerounais ne sont pas en reste : plusieurs Genius se sont déjà illustrés lors de concours internationaux, comme Stan et Davis, qui font partie des sept vainqueurs du concours Code for COP22 organisé par Orange à l’occasion de la COP22 au Maroc. Ils ont reçu un robot Thymio chacun. Ou Sharon, finaliste du concours Foretia STEM Prize grâce à sa plateforme web biabia.org, qui permet de faire des dons aux orphelinats.
Ce qui motive chez Genius, c’est le sourire, la passion, la curiosité et surtout cet instant magique où le robot bouge, où l’on peut jouer à son propre jeu, où les parents découvrent les talents cachés de leurs enfants. Un peu de jalousie, beaucoup de fierté, mais surtout la joie d’avoir pu offrir à leurs enfants un cadre propice à leur développement personnel qui leur donnera la motivation et l’inspiration dans le choix de leurs études et de leur vie à venir.
A Genius Centers, les enfants s’inscrivent pour des séances de deux heures une ou plusieurs fois par semaine, heures qui seront réparties entre leur atelier et la révision de notions d’informatique vues en cours comme les composants de l’ordinateur, la culture tech, ou bien encore l’apprentissage du code informatique. Les parents paient pour une série de sessions et sont accompagnés par une demi-douzaine de formateurs salariés sélectionnés pour leur dynamisme, leur passion pour la tech et leur capacité à travailler avec des enfants. Quelques places sont aussi proposées aux enfants en situation défavorisée pour que tout le monde puisse accéder aux ateliers et pour perpétuer l’aspect social qui a donné naissance à Genius.
Cette année, de nouveaux centres ont ouvert à Douala, plus grands, plus lumineux et mieux situés. L’arrivée de nouveaux investisseurs a également permis l’acquisition de matériels permettant d’envisager de nouveaux ateliers pour les enfants : robot pédagogiques Mbot, imprimante 3D Dagoma Discoeasy 200, drone et divers autres kits donnant petit à petit à Genius des allures de fablab. Tout ceci avec l’accompagnement de formateurs francophones et anglophones.
Le réseau Genius
L’avenir de Genius, Danielle et son équipe le voient sous trois angles, mais avec un seul but : rendre plus accessible les activités de Genius pour que tous les jeunes puissent exprimer leur talent. Diffusion de matériel, plateforme de mise en ligne des formations, franchises, tout est fait pour que Genius ne reste pas un lieu unique, mais un réseau accessible à tous, partout dans le monde, avec un but commun : les enfants, la tête dans les nuages, pleine de projets pour changer le monde sans encore le savoir, et bientôt également les adultes, car eux aussi ont envie de tenter leur chance dans le monde des nouvelles technologies.
« Rien n’est impossible, même en partant de zéro, dit Danielle Akini. Aucun étudiant n’est fondamentalement nul, tous les êtres humains ont un talent caché ou un domaine de prédilection. Notre expérience chez Genius nous fait comprendre qu’il faut avant tout prendre le temps de comprendre les enfants, leurs attentes, leurs envies, pour qu’ils se jettent dans l’univers qu’ils ont eux-mêmes créé. »
L’entreprise est encore jeune et ses défis nombreux pour trouver comment atteindre un bilan positif. Car, au Cameroun, les subventions des institutions sont inexistantes. L’importation de matériel est souvent compliquée et chère et le niveau de vie moyen très faible (le Cameroun est un des pays d’Afrique avec le plus faible salaire minimum). Mais ce ne sont pas ces quelques difficultés qui empêcheront cette année encore les enfants de se présenter aux concours internationaux aux côtés d’Européens, d’Américains ou d’autres nations, dans les mêmes conditions, avec la même passion, parce que, au fond, le rêve est universel.
En savoir plus sur les réalisations des enfants à Genius Centers