La fraude alimentaire est un fléau en Chine. Alibaba, le numéro un du commerce en ligne en Chine et l’un des leaders mondiaux, est régulièrement accusé de laisser circuler de faux produits avec ses services B2B, B2C et C2C. Dans le cas de la nourriture contaminée, les conséquences peuvent être très graves, voire fatales. Le géant de l’e-commerce tente depuis plusieurs années de réprimer les produits pirates et vient d’annoncer sa décision de déployer une nouvelle arme dans la guerre continue pour la sécurité alimentaire : la blockchain.
La blockchain, une sorte de tableur décentralisé qui permet la vérification sécurisée et anonyme des transferts de propriété, est plus connue pour son application phare, le bitcoin, qui traîne aussi une mauvaise réputation (la monnaie des rançons et autres transactions illicites…). Mais Jack Ma, le milliardaire fondateur philanthrope d’Alibaba, croit au bon usage de la blockchain pour garantir une plus grande transparence entre fournisseurs et consommateurs. Il a notamment créé le Food Trust Framework, un marché contrôlé pour les produits alimentaires distribués à travers son réseau.
Le 28 mars, Alibaba a signé des accords basés sur la blockchain avec la marque de vitamines Blackmores, la poste australienne et l’entreprise de conseil PricewaterhouseCoopers, ainsi qu’avec le géant laitier Fonterra et la poste néo-zélandaise, afin de développer et lancer des structures pilotes en Australie et en Nouvelle-Zélande, rapportent ZDNet et le New Zealand Herald. La blockchain permettrait aux fournisseurs, et éventuellement aux consommateurs, de suivre les produits alimentaires en temps réel, de façon à empêcher toute intervention malveillante en cours de route. Alibaba n’a pas donné de détails sur l’interface qui rendrait ces informations accessibles au public.
Comme les scandales alimentaires continuent à pulluler en Chine, les consommateurs chinois sont particulièrement sensibles à la provenance de leur nourriture, et la classe moyenne est prête à payer davantage pour des produits de qualité importés.
Le 22 mars, rapporte le South China Morning Post, la branche santé d’Alibaba a signé un accord en Thaïlande avec le CP Group pour lancer un service permettant aux consommateurs chinois d’identifier l’origine et l’authenticité des œufs produits par la marque thaïlandaise en Chine en scannant un code QR sur la boîte à œufs. Mais cette méthode DiY de contrôle de qualité risque aussi d’être soupçonnée à l’heure des arnaques récentes au code QR en Chine.
Les 4 et 5 avril à Québec (Canada), la conférence Fraude Alimentaire – Compréhension Globale 2017 réunissait des responsables de la sécurité alimentaire venus de Chine, des Nations Unies, de l’Amérique du Nord et de l’Europe, dont Arc-net, une plateforme consacrée à la transparence de la chaîne d’approvisionnement alimentaire à l’aide des technologies de la blockchain et des codes QR, développée à la suite du scandale de la viande de cheval en Europe en 2013.
En savoir plus sur la conférence Fraude Alimentaire 2017 des 4 et 5 avril 2017