Ikea à l’offensive open source
Les géants de l’industrie surfent sur l’open source et Ikea n’échappe pas à la règle. Le 14 février, le « living lab du futur » Space10, sorte de boîte à idées officielle d’Ikea, a dévoilé les plans sous licence libre du Growroom, un kit pour jardin sphérique à monter soi-même pour faire pousser des légumes en ville. Le living lab danois avait d’abord édité son prototype d’agriculture urbaine en mode propriétaire à Copenhague, avant de le passer en open source avec le soutien d’Ikea, « pour encourager les gens à construire le leur localement ».
Reposant sur le principe de montage qui a fait la célébrité de la firme suédoise, une boîte à outils basique et de l’huile de coude suffisent pour assembler en 17 étapes les pièces en contreplaqué, prévues pour être découpées à la CNC au fablab ou au makerspace du coin.
Bien qu’ayant opté pour une diffusion en Creative Commons, les designers de Space10 insistent : chaque partage et réalisation de la Growroom doit mentionner les crédits originaux de Space10 et de ses deux architectes Mads-Ulrik Husum et Sine Lindholm. Cette démarche, encore marquée par une logique propriétaire, est toujours loin des initiatives communautaires comme celle des makers-farmers du réseau Aker et leurs kits de ruches, poulaillers et boîtes à compost (nous vous en parlions ici) ou celle d’Open Desk, un site collaboratif où les designers proposent leurs plans de meubles sous licence libre pour précisément court-circuiter Ikea.
En attendant Delaktig
Co-conception et open source : déjà en novembre 2016, Ikea évoquait son nouveau positionnement avec Delaktig, future gamme de mobilier recyclé à 40%, customisable et sous licence libre. Le 29 janvier dernier, l’industriel a dévoilé les détails d’un lancement prévu pour début 2018. Le tout premier produit sera un sofa dont le prix serait compris entre 378€ et 853€.
Ce qui fait cher la tentative de récupération des fameux Ikea hackers, cette communauté massive de fans détournant le mobilier Ikea de ses usages. En juin 2014, Ikea avait tenté de faire fermer le site de trucs et astuces Ikeahackers. Sous la pression de la presse en ligne, des fans et de personnalités comme Cory Doctorow, Ikea avait finalement fait marche arrière. A l’instar de Coca Cola ou de Nike, Ikea aurait-il compris que la personnalisation de masse était un puissant levier stratégique pour asseoir son hégémonie ? Le voilà qui encourage désormais la culture DiY autour de ses meubles…
Plans de coupe et instructions de montage de la Growroom