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Hack Brexit présente ses premiers outils de fact checking et dataviz

Six mois après le premier hackathon Hack Brexit, les équipes présentent leurs prototypes. © Elsa Ferreira

Un mois après le Brexit se tenait Hack Brexit, un hackathon pour imaginer des outils contre une campagne politique brouillonne ou mensongère. Six mois plus tard, le collectif présente ses deux premiers prototypes.

Londres, de notre correspondante

Mardi 24 janvier, rendez-vous dans le centre de Londres pour Hack Brexit. Le collectif fête ses six mois. En juillet 2016, un mois après le vote qui a décidé de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, Laura Paterson et Charlotte Fereday, bientôt rejointes par Nick Wasmuth, décidaient d’organiser un hackathon pour « créer un débat positif autour de la relation que nous avons avec l’UE », explique aujourd’hui Nick Wasmuth. Si l’organisation se veut non partisane, la majorité des participants ont voté pour rester dans l’UE, reconnaît-t-il. « La tech est l’un des secteurs les plus à risque. On compte sur des personnes qui viennent à Londres sous le label de l’Union européenne, ça n’a aucun sens de limiter ça. »

Pendant le hackathon Hack Brexit, en juillet dernier. © Felipe Sere

Depuis leur première rencontre, le groupe a pris de l’ampleur : ils sont désormais près de 600. En juillet, 10 projets étaient sortis du hackathon. Les organisateurs en ont sélectionné deux pour entrer en « incubateur open source » – des locaux sont fournis aux équipes et des accompagnateurs s’assurent de la bonne avancée des projets. Après six mois de travail bénévole, Hack Brexit présente donc What The Fact, une extension de fact checking, et Ministers Under The Influence, un site de datavisualisation politique.

Premier projet à monter sur l’estrade, What The Fact est une extension Chrome qui permet aux internautes de surligner des passages d’article controversés, d’interroger une base de données qui s’appuie sur le travail de vérification de l’information d’associations partenaires (dont Factcheck, un projet issu de l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis) et de recevoir le verdict : fake ou pas fake.

Le projet n’en est qu’au stade de produit minimum viable (MVP) souligne Jialu Tu, opérateur technique le jour, qui s’est occupé du développement sur son temps libre. Pour que le système trouve une occurrence dans la base de données, le texte doit être exactement le même que celui entré dans la base. Mais l’extension ne peut que se bonifier à l’usage : « Si les internautes soulignent en masse les mêmes faits, ajoute Jialu Tu, c’est une information de valeur pour nos associations partenaires. »

Transparence 

Second projet, Ministers Under the Influence (MUI), a été développé sous l’impulsion d’Unlock Democracy, un groupe de pression pour une plus grande transparence de la vie politique britannique. Au Royaume-Uni, le gouvernement et les députés ont pour obligation de publier certaines données, explique Alexandra Runswick, directrice d’Unlock Democracy. Dont la liste des personnes qu’ils rencontrent, l’objet de leurs réunions et la liste de ceux dont ils reçoivent l’hospitalité et des cadeaux. Mais tous répondent dans une variété de formats qui laisse peu de place à l’analyse ou restent évasifs. « Le ministère de l’Environnement indique par exemple pour tous ses rendez-vous que la raison est “l’environnement et le changement climatique”. C’est peut-être techniquement vrai, mais ce n’est pas vraiment transparent », ironise-t-elle.

L’équipe de Ministers Under the Influence. © Elsa Ferreira

MUI a donc pour objet de rendre ces données lisibles puis accessibles à tous, gratuitement. L’équipe a nettoyé les datas et les a organisées en graphiques. Où l’on découvre notamment que le Premier ministre David Cameron a rencontré 24 fois l’entreprise britannique de défense BAE Systems en six ans d’exercice du pouvoir.

La prochaine étape : intégrer du contexte (pourquoi ces rencontres ?) et de la temporalité (y a-t-il des décisions importantes prises suite à ces rencontres ?). La plateforme devrait être lancée dans les prochaines semaines à l’adresse ministersundertheinfluence.co.uk.

Et demain?

Ed Dowding, fondateur de la plateforme de vote en ligne Represent, tempère l’enthousiasme de Hack Brexit : « Il y a parfois dans les hackathons un côté naïf où les participants oublient d’utiliser Google et créent des choses qui existent déjà. ». Le fact checking et la datavisualisation sont déjà communément utilisés par les journalistes, et plus encore depuis l’élection de Donald Trump. Et certains médias se sont mobilisés dans le contexte de « post-vérité » ou « vérité alternative » pour produire de nouveaux outils.

Le Washington Post vient ainsi de lancer Realdonaldcontext, une extension Chrome qui permet d’ajouter un contexte aux tweets du président américain (vérifiés par les journalistes du Washington Post). Slate US a sorti l’extension Chrome This is Fake, qui sert à identifier les liens pointant vers des sources peu fiables. En France, Le Monde peaufine Décodex, qui permettra (à partir du 1er février) de reconnaître un site non fiable ou d’obtenir des informations sur ses propriétaires et actionnaires.

Hack Brexit s’adresse plutôt aux organisations qui « manquent de moyens techniques à 90% », affirme Nick Wasmuth. « On n’est pas là pour réinventer la roue. On veut travailler ensemble, regarder comment on peut s’intégrer dans l’écosystème », explique-t-il.

Ce qui est sûr, c’est que « des personnes talentueuses et enthousiastes » se politisent et sont prêtes à passer du temps sur ces projets, dit-il. Preuve en est la croissance des adhésions ces dernières semaines. Il faut dire que l’actualité s’y prête. Entre le début du processus de sortie de l’UE et Trump, il y a de quoi faire…

Le site de Hack Brexit