Makery

Youfab 2016 ou l’émergence de Fab 4.0

Les poils de «Cilllia» du Tangible Media Group. © Tangible Media Group / MIT Media Lab

Pour sa 5ème édition, le concours international de fabrication numérique Youfab a retenu 23 finalistes. En attendant l’annonce des lauréats par le Fabcafé de Tokyo, organisateur, voici nos coups de cœur.

Tokyo, de notre correspondante

C’est un concours prestigieux, organisé par le réseau des Fabcafés (né à Tokyo) qui mobilise la planète maker. Les 23 finalistes de Youfab 2016 viennent d’être sélectionnés, sur 196 projets reçus, issus de 31 pays, croisant créativité et fabrication numérique, toutes catégories confondues. Le 7 février, un jury international choisira ses lauréats, qui auront droit à l’exposition de leur projet au cœur de Shibuya à Tokyo, en mars.

L’édition 2016 salue l’émergence de la Fab 4.0, telle que définie à la dernière Fabconférence internationale à Shenzhen par Neil Gershenfeld. Alors que l’an passé, les prix Youfab étaient marqués par la Fab 2.0 (imprimantes 3D et autres machines détournées et originales), cette année, parmi les 23 finalistes, des projets tels que les cheveux 3D Cilllia, les textiles connectés de Sensory Lines et de Caress of the Gaze ou encore l’affichage multi-matériaux Leaked Light Field explorent la question de la matière programmable. D’autres propositions mettent en valeur la fabrication digitale à partir de matériaux inattendus, comme le quartz, les fils tricotés ou encore le marc de café. Makery a sélectionné pour vous un petit palmarès subjectif et ludique.

Le plus titillant: «Cilllia»

Le biomimétisme n’a pas fini d’inspirer les chercheurs en matériaux. Le Tangible Media Group du MIT a déjà imaginé comment imprimer, programmer et manipuler des cheveux synthétiques. Avec Cilllia (avec trois «l», oui), chaque poil infime, d’un diamètre variant entre 150 et 50 micromètres, réagissant en symbiose délicate avec ses voisins, serait capable de faire bouger les choses à l’échelle humaine.

«Cilllia», par le Tangible Media Group:

Le plus perçant: «Leaked Light Field»

Toujours à l’échelle en deçà de la vision humaine, Leaked Light Field, projet néo-lumineux des étudiants du Digital Nature Group de l’université de Tsukuba au Japon, propose de transformer presque n’importe quelle surface en écran d’affichage de faux LEDs. Le secret ? Le matériel est percé au laser de sténopés invisibles de 100 micromètres à intervalles réguliers. Seul inconvénient, il faut quand même un écran lumineux conventionnel caché derrière pour assurer l’affichage, mais on imagine bien les applications « surprises », surtout à l’heure des écrans souples.

«Leaked Light Field», par le Digital Nature Group:

Le plus synesthésique: «Sensory Lines»

Si la mode des textiles interactifs a toujours privilégié le visuel, le duo mexicano-hongrois Ejtech a réussi à intégrer directement au matériel textile à la fois l’acoustique, l’haptique et l’affichage dynamique dans le projet Sensory Lines, encore au stade expérimental. On se réjouit de voir les wearable multisensoriels qui en sortiront.

«Sensory Lines», par Ejtech:

Le plus haptique: «Irukatact»

Ici, le biomimétisme reprend la technique d’écholocalisation des dauphins pour explorer un environnement aqueux au bout de trois doigts. Le gant-prothèse open source Irukatact, imprimé en 3D et conçu par l’Américaine Aisen Caro Chacin en collaboration avec Takeshi Oozu à l’université de Tsukuba, utilise un capteur sonar qui envoie des signaux haptiques sous forme de jets d’eau, en fonction de la topographie du lieu et de la distance des objets. Comme précise l’auteure, cette technologie peut aussi s’appliquer à des environnements de réalité virtuelle.

«Irukatact», par Aisen Caro Chacin:

Le plus cérébral: «Audi Mind Race»

Application pure et dure de la puissance des ondes cérébrales, Audi Mind Race est une installation promotionnelle qui reproduit une course de voitures pilotées par des personnes équipées de casques électroencéphalographiques (EEG) de Mindwave. Plus le pilote se concentre, plus sa voiture va vite. Clignotez pour activer le turbo. A quand le prochain champion quadriplégique ?

«Audi Mind Race», par Antiloop:

Le plus rétro: «News Globus»

Les quatre étudiants du Copenhagen Institute of Interaction Design n’ont pas cherché à réinventer le monde. Ils ont pris un globe classique, l’ont rempli d’électronique (dont un Genuino MKR1000) et lui ont associé des éléments de standard téléphonique. L’objet créé est un globe géophonique qui permet de connecter deux pays à l’aide d’un câble et d’écouter au casque les infos concernant le dialogue entre les deux nations.

Présentation de «News Globus», par son équipe:

Le plus énorme: «This New Technology»

Dans le genre « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », l’artiste hollandais Daniel de Bruin s’est amusé à construire une machine à commande analogique qui fonctionne grâce à un jeu de poids et de poulies… pour produire de la poterie bien ronde. This New Technology ou l’âge de pierre à l’ère numérique : on apprécie l’ironie critique des outils de fabrication digitale outranciers.

«This New Technology», par Daniel de Bruin:

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