Les emballages plastiques sont un fléau en Afrique. Pas pour l’ingénieur camerounais Calvin Tiam, qui a mis au point un revêtement de toiture fabriqué à partir de déchets plastiques. Il développe son prototype au Burkina Faso. Rencontre.
Ouagadougou, envoyée spéciale (texte et photos)
Véritable fléau environnemental en Afrique, les emballages plastiques sont partout. Il semble impossible d’arrêter du jour au lendemain leur consommation et les habitudes des populations qui vont avec. Calvin Tiam, ingénieur camerounais en génie des procédés industriels et énergies renouvelables, y voit au contraire une opportunité pour fabriquer des matériaux durables avec une matière première locale et à bas coût.
Un matériau, oui, mais pour quoi faire ? Il suffit de faire le tour du quartier où Calvin Tiam a monté sa jeune entreprise pour tomber sur une autre problématique africaine : les matériaux de toiture. Une grande majorité d’habitations à Ouagadougou sont recouvertes de tôle. Une toiture de fortune, inadaptée au climat subsaharien, qui produit davantage de chaleur. Résultat : à l’intérieur des maisons, la température grimpe facilement jusqu’à 50°C et cet inconfort thermique nuit à la qualité de vie des habitants.
En 2011, Calvin Tiam met au point un revêtement de toiture fabriqué à partir de plastiques usagés. Afin de développer son projet et boucler son business plan, le jeune entrepreneur a rejoint l’incubateur de 2IE à Ouagadougou pour créer son entreprise TECO2 (Toiture ECOlogique et ECOnomique). « Fabriqué localement, ce matériau valorise considérablement les déchets plastiques en polyéthylène, explique le jeune ingénieur. Un mètre carré de revêtement TECO2 représente environ 10 kg de plastique valorisé, soit une réduction de 9 kg équivalent CO2 de gaz à effet de serre dans la nature. »
Jusqu’à 400 fois plus isolant que la tôle, son panneau de plastique présente un meilleur confort thermique et permet de diminuer considérablement la consommation électrique en réduisant le recours aux systèmes de ventilations, voire de climatiseurs. Esthétiquement, le rendu est étonnant : un matériau coloré, un toucher lisse grâce au procédé d’extrusion ou bien plus granuleux avec une thermocompression. Dans les deux cas, on en oublie son origine plastique, ce qui séduit déjà la population locale.
Calvin Tiam termine actuellement ses prototypes avec le soutien de plusieurs laboratoires (LEMC du 2iE au Burkina Faso ; Pimm des Arts et métiers Paris Tech et GFMP de Itech Lyon en France) et veille à ce que son procédé de transformation ne dégage aucun gaz nocif dans l’environnement. Il n’a pas hésité à faire appel au Ouagalab, le fablab du Burkina Faso, pour, par exemple, imprimer ses prototypes de panneaux afin d’en étudier les formes.
Son unité de production semi-artisanale est en cours de construction et a déjà acquis certains équipements. Le jeune entrepreneur ambitionne de recycler 500 tonnes de plastique d’ici un an pour fournir un toit adapté pour quelques 1 300 ménages. L’enjeu pour Calvin Tiam est de contribuer au développement socio-économique du pays en créant à terme une vingtaine d’emplois au sein de son entreprise. « Pour cela, explique-t-il, je recherche actuellement des appuis financiers et des partenaires pour démarrer une première série de production et réaliser une étude complète sur les performances du matériau via la construction d’un habitat pilote. » A bon entendeur…
Pour en savoir plus, contactez Calvin Tiam