Experimenta expose les collaborations art-science… jusqu’aux makers
Publié le 18 octobre 2016 par Laurent Catala
Le salon Experimenta à Grenoble, qui s’est tenu du 6 au 8 octobre, a fait place à des créations développées au sein de La Casemate ou d’Artilect. Ou comment l’open source fait son trou jusqu’en vitrine du CEA!
Experimenta, le salon de l’Atelier arts-sciences du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Grenoble et du théâtre de l’Hexagone de Meylan, est l’occasion annuelle d’exposer les types de collaboration entre artistes et chercheurs. A Grenoble, le CEA est une véritable institution, avec son campus, ses laboratoires et ses unités de recherche.
Experimenta n’est pas insensible aux travaux des makers. Sur le campus de la maison Minatec, quelques projets créés intégralement ou pour partie dans des fablabs, perméables à une culture open source pas forcément dans les gênes de la maison-mère CEA, se sont glissés dans l’exposition. Il faut dire que l’Atelier arts-science de Meylan travaille depuis plusieurs années déjà avec le fablab La Casemate.
La Casemate s’est mobilisée autour du projet Place du Chahut de la plasticienne Pauline de Chalendar. L’artiste a travaillé avec le chercheur François Templier du CEA-Leti, un spécialiste des micros-écrans, pour concevoir la minuscule surface permettant de suivre au microscope une grouillante animation de personnages. Pour parfaire l’esthétique hybride du dispositif, une fraiseuse numérique du fablab La Casemate s’est chargée de creuser le support et de façonner la plateforme paysagère servant d’écrin à ce micro-écran. Quand le microLED rencontre le bois en quelque sorte.
Bioressources par Artilect
Plus démonstratif, Artilect, le fablab toulousain, a eu les honneurs d’une double invitation autour de projets orientés bioressources, derrière lesquels on a pu remarquer la patte de Diane Trouillet, la spécialiste bio-art du lab, qui était d’ailleurs au centre de la conférence «Bioressources : de l’engrais pour les artistes».
Le parcours (Bio)luminescence a ainsi offert une petite plongée immersive dans différents phénomènes d’émission de lumière créé par des organismes vivants. Une introduction qui a trouvé toute sa résonance phosphorescente dans la partie finale, où l’on pouvait observer des bactéries de poissons abyssaux plongées dans une solution liquide et régulièrement agitées pour créer un état de stress… lumineux.
Une photo publiée par Makery France (@makeryfr) le
Une stimulation du vivant qui s’est poursuivie à travers les pages de l’étrange Livre Organique entièrement biodégradable de Diane Trouillet et Louise Devalois, faites dans un bio-papier poussant de manière naturelle, créé à partir d’un champignon poussant dans une boisson, le kéfir. Six mois de culture en bocal et le tour est joué. Une solution à la déforestation programmée par nos imprimantes ?
Le casse-tête open source
Tous les protocoles servant à la création de ce Livre Organique sont gravés dessus directement au laser. Une approche à la fois artisanale et technologique, mais surtout très open source et donc très maker, que l’on a pu observer dans plusieurs autres projets hybrides, comme la structure origami connectée Oru du studio Theoriz de Lyon ou le Aïdem d’Ezra et de la compagnie Organic Orchestra, une installation réalisée à partir de papier augmenté et développée en partenariat avec l’Atelier arts-sciences.
Ces projets rompent fondamentalement avec le principe du dépôt de brevets industriels caractérisant les innovations développées au CEA. Un nouveau défi, juridique celui-là, à relever pour l’Atelier ? « Beaucoup d’artistes travaillent en open source et se confrontent donc aux règles du CEA et de ses brevets », convient sa directrice Eliane Sausse. « C’est un problème auquel on doit faire face et qu’on essaie de gérer au cas par cas. Il y a une vraie difficulté pour faire bouger les lignes, mais c’est un enjeu important pour continuer notre activité. » La liberté de l’art, ça a aussi son prix.
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