L’Open Bidouille Camp a fêté le 24 septembre ses quatre ans par un «spécial nature» à Paris. La petite ceinture, cette portion de voie ferrée à l’abandon dans le 14ème, a été joyeusement réoccupée par des ateliers écolo-électroniques.
Un Open Bidouille Camp (OBC) sur les rails de la petite ceinture ! C’était samedi 24 septembre, à l’invitation du collectif Les pipistrelles, chargé d’étudier la nouvelle vie de cette portion du 14ème arrondissement de l’ancien réseau ferroviaire qui fait le tour de Paris.
Cet OBC (dont Makery est partenaire) marquait l’anniversaire de cette fête au système D de plein air : le premier OBC s’était tenu il y a quatre à Saint-Ouen, près de Paris. Depuis, explique Ophelia Noor, l’une des fondatrices, « plus de 40 OBC ont été montés ». Pas seulement en région parisienne, et pas seulement par ses fondateurs, mais par quiconque respecte l’esprit de l’événement en adhérant à sa charte. Qui rappelle notamment qu’un OBC doit être gratuit et ouvert à tous, dans un esprit de découverte DiY et d’open source. D’ailleurs, ce même 24 septembre se tenait l’OBC d’Auxerre, qui revendique 750 visiteurs sous le soleil. A Paris, 1300 personnes ont participé à la balado-bidouille.
Makerspace, passerelle et rails en verdure
Rendez-vous avait été donné dès 11h, rue Didot, devant la Maison des pratiques artistiques amateurs (MPAA) de la Ville de Paris où était déjà installée une belle brochette d’ateliers : makerspace, robots à programmer, réparation de vélos… Bref, les gammes d’une vraie fête de la bidouille. L’air de rien, le MPAA jouxte la petite ceinture. Seul indice : une passerelle en échafaudage ouverte pour l’occasion toute la journée.
La portion de rails concernée, entre la rue Didot et la rue Jean Moulin, a été concédée par la SNCF à la Ville de Paris, pour une mission d’aménagement qui a échu à l’architecte Concetta Sangrigoli. Laquelle a eu l’idée d’associer l’Open Bidouille Camp pour une journée de réappropriation des lieux dans un esprit de co-conception.
L’espace protégé des pipistrelles
Pas question de pénétrer dans ce qui constitue d’ordinaire un interdit sans signer la petite décharge papier tendue par des bénévoles ; « Vaccin pour le tétanos à jour », ok, « Ne pas grimper sur les talus », ok… Car la petite ceinture est un espace protégé à plus d’un titre, territoire ferroviaire d’abord, maintenu quasiment comme si un train allait y passer demain, et espace naturel, ensuite, où se niche la plus grande colonie de pipistrelles d’Europe, ces chauffes-souris minuscules qui ont donné leur nom à l’association invitante.
Sur les rails, l’agitation de la surface s’ouvre, un sentiment d’aventure s’empare des visiteurs, qui circulent d’atelier d’éveil écologique en atelier bois installés le long du rail.
Makers aux oiseaux
Les enfants sont parmi les plus makers, les parents sont les plus surpris de leur enthousiasme à faire de petits travaux de menuiserie. Mention spéciale à l’équipe de Small Bang qui proposait de construire une mangeoire à oiseaux Birdlab – à emporter –, constituée de deux planches reliées par des cordes. Le studio transmédia produit avec Birdlab, une expérience de science citoyenne qui associe une application pour smartphone, des jeux d’observation d’une mangeoire d’oiseaux à l’autre, le chant des oiseaux et les chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle.
Plus loin, avec Ici Terre, on plante une petit barquette de graines à pousser, de quoi alimenter sa salade de pousses de radis, moutarde, etc.
La balade passe ensuite par l’association d’insertion par l’écologie Espaces, chargée de l’entretien de la petite ceinture, qui propose notamment de fabriquer un nichoir pour les chauves-souris du cru, une boîte hermétique avec une petite fente au-dessous pour les laisser entrer et se pendre à l’envers, bien sûr.
Au bout de la portion ouverte, une barrière, que les plus aventureux franchissent au risque d’une amende pour « traversée de voies » – d’un train fantôme – ; des tunnels, des graffitis, bref, le sous-monde de Paris et ses trésors abandonnés. On y croise la figure locale de la petite ceinture, Daniel, ermite qui a occupé plus de dix-sept ans une guérite sur cette portion.
Retour à la surface côté ville, où une camionnette, en apparence fermée, cache une chambre noire en mode food truck pour développer des négatifs « à l’ancienne ».
Argile, tête de mort et initiation à la soudure
L’espace makerspace attire les curieux. Ce sont les Fabriqueurs de Malakoff qui l’animent avec notamment un proto de CNC à l’argile… qui est tombé en rade. L’idée de cette imprimante 3D en terre glaise leur est venue, explique le co-fondateur Grégoire Simonnet, en observant la déception des gens qui soulevaient des objets imprimés en plastique (trop légers, pas naturels). Tant pis pour le proto, c’est le badge à tête de mort OBC clignotant qui remporte le plus de succès, avec initiation à la soudure à la clé.
Christian Lossendiere, prof de techno, fait démonstration d’une fraiseuse CNC à coût réduit, à monter soi-même et dont il a équipé récemment le Skylab, l’éco fablab de Saint-Quentin-en-Yvelines.
C’est aussi l’intérêt d’OBC, rappelle Ophelia Noor : « Les particuliers peuvent venir partager leur passion comme c’est le cas de la chercheuse Rayna Stamboliyska et son atelier cosmétique bio ».
La journée bien dépensée, d’ateliers en rails, ponctuée de petite restauration concernée comme Food2rue, une initiative économique de femmes en situation d’exclusion, s’achève vers 18h en musique, avec Nirina Lune au chant et Nicolas Bras et ses instruments à base de tubes PVC, masque africain augmenté et Loop machine, qui concluaient idéalement la journée.
Le site d’Open Bidouille Camp