Makery

Open Democracy Now ou l’incursion des geeks en politique

Open Democracy Now, 4ème édition à la mairie du 18ème. © Robin Lambert

À l’approche de la présidentielle, les défenseurs des civic tech organisent des événements pour renouveler l’engagement citoyen. Makery s’est glissé au 4ème hackathon Open Democracy Now, qui s’est tenu à la mairie du 18ème de Paris du 16 au 18 septembre.

Un dimanche matin de septembre pluvieux, sous les lustres électriques et le décor rococo, la quatrième édition du hackathon d’Open Democracy Now entame son troisième et dernier jour. Ce marathon de code et brainstorming au service de la citoyenneté est organisé par le gratin des civic tech en France, simples citoyens ou organismes de promotion de l’open data : DemocracyOS France, Etalab, Open Law, Open Source Politics et République citoyenne.

Le thème de ce hackathon (des sessions de travail réunissant développeurs, designers et autres spécialistes pour un marathon de prototypage) : la démocratie ouverte, et plus particulièrement lors de cette quatrième session, l’inclusion des populations qui ne votent pas ou peu : jeunes, défavorisés, etc. Deux sessions quotidiennes, l’une de pitchs, l’autre de restitution en fin de journée, se sont soldées par une restitution finale, dimanche soir. Quelque 50 personnes ont participé en 25 groupes à ce hackathon.

Ouverture du hackathon le 16 au soir avec discours du maire du 18ème, Éric Lejoindre. © Pierre-Louis Rolle

A la différence d’autres hackathons, qui n’ont que 48h pour prototyper, Open Democracy Now a pris son temps : on retrouvait les projets nés lors de la première session, en janvier, leur permettant de gagner en maturité. C’est le cas de Laprimaire.org, développé en partenariat avec Mavoix, la plateforme qui entend hacker l’Assemblée nationale lors des prochaines législatives, en proposant des candidats en direct. Le site de Laprimaire propose à monsieur Tout-le-monde de se présenter et de voter pour un candidat à la présidentielle issu de la société civile, explique Pierre-Louis Guhur, étudiant en informatique à l’ENS Cachan (Ecole normale supérieure). « 80% des Français rejettent la désignation des candidats par les partis », renchérit Thibauld Fabre, qui a créé le site en avril 2016 pour changer la façon de faire en politique « rapidement, efficacement et sans bain de sang ».

Thibauld Fabre vérifie les contributions de Mavoix sur le système de vote de Laprimaire.org. © Robin Lambert

Des 500 candidats spontanés qui se sont présentés sur Laprimaire.org depuis avril, 16 restent en lice. L’essentiel du travail de développement se concentre aujourd’hui sur le système de vote à choix multiples sécurisé par blockchain (la technologie du bitcoin), sur lequel Mavoix.org apporte son concours. En quelques mois, près de 100 000 internautes ont utilisé Laprimaire.org. Ils devraient désormais attribuer à chacun des candidats un score allant de « très bien » à « insuffisant », plus une mention « à rejeter » si le système de vote ne leur convient pas.

« On est légalement obligés de créer le parti “Laprimaire.org” pour présenter le candidat final à la présidentielle. Mais ce sera le seul parti appelé à s’autodissoudre après le scrutin. On tire la chasse à chaque élection ! », explique Thibauld Fabre.

Parmi les dizaines d’autres idées brassées durant Open Democracy Now, en voici trois axées sur la politique et son impact :

1. AgoralabTV est un débat télévisé interactif avec des citoyens, sur des thèmes co-construits avec eux sur Internet, en partenariat avec des chaînes télé existantes.

2. Impacty est le projet d’un site qui mesurera l’impact des politiques publiques grâce aux big data.

3. Democracy Box est un petit boîtier wifi qui devrait fournir en réseau local des outils de démocractie participative, sur le modèle de la Pirate Box.

Tous ces projets ont en ligne de mire l’Open Source Summit de novembre (hackathon #5) et le hackathon international du sommet de l’Open Government Partnership (hackathon #6) de décembre, qui se tiendront tous deux à Paris.

Un Framapad recense tous les projets du hackathon