D’un côté, une maison d’argile rudimentaire, imprimée en 3D pour presque rien grâce à une machine géante italienne. De l’autre, une cabine en bio-plastique à louer pour la nuit des architectes néerlandais DUS.
La course à la première maison 3D durable s’accélère. Après le premier hôtel de luxe, jacuzzi inclus, imprimé en 3D aux Philippines en 2015, les prouesses technologiques de l’entreprise chinoise Winsun (son village assemblé en 24h, son immeuble de cinq étages et sa villa de 1000m2) ou encore le Contour Crafting, cette méthode développée aux États-Unis qui permet la construction d’édifices en un seul bloc et à large échelle, c’est à l’Europe de montrer ses muscles en matière d’impression 3D pour l’architecture.
L’Italie d’abord. Pour l’instant, ni porte ni fenêtre, mais une structure d’argile et de boue imprimée couche par couche. Conçue par l’entreprise Wasp cet été, le refuge est leur premier prototype de maison 3D en paille et terre. Une fois achevée (le chantier est en pause, l’équipe faisant le tour des festivals et autres événements d’impression 3D), la construction fera 4m de haut pour 5m de diamètre. A terme, ces maisons pourraient être bâties, selon les calculs de l’équipe, en une semaine par deux personnes pour un coût de revient de 48€ : « 32€ pour l’énergie, 3€ pour l’eau, 10€ pour la paille, 3€ pour l’essence du moteur. »
Pour mettre au point ce prototype, Wasp (World’s Advanced Saving Project) a développé la Big Delta, une imprimante 3D géante de 12m de haut. « On met de la terre, de la paille et de l’eau dans une machine à mixer puis le matériau est amené manuellement dans la machine, détaille Massimo Moretti. Nous étudions en ce moment des solutions pour mécaniser ce processus. » L’entreprise, spécialisée dans la vente d’imprimantes 3D et la recherche, travaille également à un système de panneaux solaires pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement de la Big Delta.
La Big Delta au travail, août 2016:
Cette construction est la première étape de Shamballa, un village technologique entièrement dédié à l’impression 3D à Massa Lombarda, dans la région Emilie-Romagne, pour « expérimenter l’économie maker, c’est-à-dire notre vision d’une nouvelle économie basée sur des principes DiY », nous explique (par mail) Massimo Moretti, directeur de Wasp. Le but : développer des logements « zéro kilomètre ». « Nous voulons travailler avec des matériaux locaux à faible coût, comme la terre et les fibres, et avec une faible consommation d’énergie », explique-t-il.
L’entreprise développe également le « Maker Economy Starter Kit », un container composé des machines indispensables pour construire un village écologique auto-suffisant. « Dans le futur, il y aura de grandes villes mais peut-être aussi de petits villages indépendants basés sur des principes DiY. Nous travaillons à bâtir ce genre de monde », déclare Massimo Moretti.
A Amsterdam, une nuit dans une «cabine urbaine»
Pendant ce temps aux Pays-Bas, le logement imprimé en 3D se fait plus citadin. Le 30 août, le cabinet d’architecture DUS annonçait l’ouverture à Amsterdam de sa première « cabine urbaine » imprimée en bio-plastique. Si leurs recherches s’orientent plutôt vers le logement temporaire d’urgence, les architectes néerlandais ont ouvert leur « tiny house » (mini-maison) pour de la location courte durée. Soit 8m2 en plastique biodégradable en bord de canal, avec baignoire imprimée en 3D en extérieur. Pudiques s’abstenir…
Imprimée grâce à la Kamermaker (littéralement fabrique-chambre, en hollandais), une imprimante de 3,5m de haut installée dans un container et développée en collaboration avec Ultimaker, le plastique utilisé peut être déchiqueté et réutilisé pour un nouveau design, font savoir les architectes.
Là encore, ce projet sert de vitrine aux architectes de DUS qui travaillent depuis deux ans à la construction d’une maison de 13 pièces, à Amsterdam toujours, destinée à devenir un « hub de l’innovation ». Elle devrait être terminée en début d’année prochaine.
Impression d’un élément de la maison 3D, DUS, 2014:
En savoir plus sur la maison en adobe de Wasp et sur la «tiny house» de DUS