Le Green Fablab de Valldaura en Espagne accueille du 27 juillet au 5 août Biology Zero. Pour Makery, Timothée Gosselin, du biohacklab la Myne à Lyon et l’un des dix participants de ce bootcamp intensif de découverte de la biologie DiY, tient son journal de bord.
Valldaura, correspondance
Retour sur les bancs d’école pour une formation quelque peu particulière dans un lieu singulier, le Green Fablab de Valldaura. Un goût de cours de SVT, mais cette fois-ci pour jouer aux apprentis sorciers. Pas de limites, nous sommes libres dans nos expériences. Le Green Fablab est notre nouvelle maison. Bienvenue au Biology Zero. Mon objectif : avoir les bases pour développer notre laboratoire de biologie à la Myne (Lyon) et explorer le monde mystérieux des champignons et bactéries afin de repenser nos modèles de production.
Jour 1
9h00. Une Jeep nous attend à Valldaura. Jonathan Minchin, maître des lieux, nous emmène pour une visite de ce lieu singulier. Je découvre mes neuf camarades aux profils variés qui m’accompagneront ces dix prochains jours.
Je vous présente : Marco Santini, d’Uruguay, jeune explorateur en reconversion ; Vlad Landau, de France, entrepreneur en reconversion après quelques années passées dans des grands groupes ; Carmon Lobdell, des Etats-Unis, architecte et artiste qui s’intéresse au bioart ; Annemie Maes, de Belgique, artiste et apicultrice à ses heures perdues, intéressée par le monde des champignons et du kombucha ; Arnau Tasies, d’Espagne, designer qui après la Fab Academy ne peut plus quitter le Green Fablab ; Zenna Fiscella, de Suède, à la recherche de nouveaux modèles économiques pour nos labs ; Kushkuvar Shah, Aska Desai et Krishna Dadawala, tous trois d’Inde et architectes en stage au Green Fablab.
Après la visite des lieux, nous entamons le bootcamp Biology Zero par une introduction qui donne l’eau à la bouche… et quelques frissons. Comme annoncé par notre professeur des prochains jours, Núria Conde Pueyo, « le futur est maintenant ». Nous découvrons les dernières avancées en biologie, comme la possibilité de modifier son code génétique avec l’enzyme CRISP-Cas9 ou encore les avancées dans les cultures de tissus. Imprimer un cœur n’est plus seulement du domaine de la science-fiction. En ce qui concerne la formation Biology Zero, nous n’y sommes pas encore. Prochaine étape, organisée elle aussi à Valldaura : la Bio Academy pour faire pousser presque tout.
Après une leçon sur les mesures de sécurité, nous finissons notre journée par une première expérience : un prélèvement de bactéries présents sur nos doigts. Le but est de comprendre l’intérêt de la stérilisation. Afin de suivre une démarche scientifique, plusieurs prélèvements comparatifs sont effectués. Un premier sans se laver les mains, un autre après s’être lavé les mains au savon et d’autres après avoir touché différents éléments « sales ». Une fois placés dans l’incubateur… patience…
Jour 2
Découverte de l’évolution de nos prélèvements de la veille. Quelques surprises. Ce que nous considérons propre ne l’est pas tant que cela. Nous pouvons remercier notre système immunitaire !
Avant d’entamer de nouvelles expériences, nous assistons à un cours théorique sur la méthodologie scientifique. Un petit exercice nous permet de mieux comprendre comment mener à bien une expérience scientifique entre hypothèses, observations et conclusions.
Nous préparons différentes solutions propres à chacune des bactéries que nous souhaitons observer. Bien que se procurer certains composants ne soit pas donné (à tous à moins de posséder un doctorat ou d’avoir les finances nécessaires), içi le DiY et le hacking sont maîtres mots. Une visite au supermarché et le tour est joué. Besoin d’acides aminés ou d’enzymes ? Quelques compléments alimentaires feront l’affaire. Un tour au rayon pâtisserie pour l’agar, base de toute préparation.
Jour 3
Après un cours théorique sur l’utilisation d’un microscope, nous entamons de nouvelles expériences. L’idée étant de prélever différentes bactéries aux propriétés particulières qui pourront se développer dans les solutions préparées la veille. Chacune contient les nutriments nécessaires à leur bon développement.
Au menu :
– Bactérie bioluminescente ;
– Acetobacter à l’origine de la production de cellulose dans le kombucha ;
– Lactobacillus présent dans les yaourts ;
– Levure essentielle pour notre pain ou notre bière ;
– Bactérie qui dégrade le polyéthylène ;
Jour 4
Deux groupes sont formés pour mener à bien nos expériences du jour. Le premier commence par des prélèvements d’eau provenant de différentes sources qui seront ensuite cartographiés.
Le deuxième groupe s’attaque à l’observation des cultures de bactéries préparées la veille et de quelques autres échantillons trouvés dans le commerce.
Observation de bactéries prélevées sur nos doigts (GIF de Zenna Fiscella):
Notre journée se conclut par un exercice délicat : colorer nos bactéries pour mieux les observer au microscope et les identifier.
Jour 5
Suite et fin de nos premières expériences. Cette formation est avant tout une bonne leçon de patience… Il est temps pour nous de tirer nos premières conclusions concernant les cultures entamées tout au long de la semaine. Pas si simple que ça en a l’air…
Avant de finir la journée, nous nous attaquons à la dissection d’insectes, une fourmi et une abeille, au moyen d’un microtome DiY.
Et voilà une première semaine qui s’achève sur un rythme soutenu entre théorie et pratique. Les choses ne font que commencer. Cette semaine, nous nous attaquons à la spectrophotométrie, l’extraction d’ADN et nous aurons l’opportunité de visiter un laboratoire de biologie. A bientôt pour de nouvelles aventures !
En savoir plus sur le Biology Zero au Green Fablab
Retrouver notre carte interactive des camps DiY de l’été