Ludipunk joue debout
Publié le 25 juin 2016 par DCALK (Paris/Bruxelles)
Une zone ludique temporaire. Les 21 et 22 mai au Jardin d’Alice à Montreuil, 500 personnes ont joué, co-créé, causé et se sont agitées sur le dancefloor du premier Ludipunk Fest. Un événement concocté par La Mare Au Diable et les auteurs de cette chronique.
Depuis la COP21, le Jardin d’Alice n’avait pas vu tant de monde parcourir le lieu ! Les deux associations Dcalk et la Mare au diable (MAD) ont rassemblé joueurs, auteurs et éditeurs les 21 et 22 mai autour de jeux en proto ou fraîchement édités, de jeux chafouins souvent méconnus du grand public, et, une fois n’est pas coutume, autour de propositions vidéoludiques et de concerts.
Kermesse punk
Dans une ambiance qui sentait bon la bière locale et les falafels maison, le public était au rendez-vous : habitants du quartier, invités et participants venus de France, Angleterre et Belgique. Au programme (copieux) : sérigraphie et fabrication de jeux gourmands, chamboule-tout pour casser du ministre, initiation au game design avec le kit Mécanicartes (dont on vous parlait ici), jeux en print’n play avec la Ludobox, jeux militants comme Ça va péter (en présence de l’auteur Sylvain Dropsy), le Jeu de la ZAD (issu d’un financement participatif) ou encore la Ludothèque Noire de Dcalk. Sans oublier le klezmer punk de Klunk, la finesse de Style Kadhafi et l’électro futuriste de Janski Beeeats ! Où l’on aura vu trinquer punks à chien, mangeurs de tofu, manifestants émérites et traducteurs de langue elfique…
Jeu vidéo, jeu de société même combat?
Il était temps de réunir les deux familles du jeu (vidéo et de société) dans un même festival. Le jeune collectif Random Bazar, associé au festival, a dragué une flopée de créateurs de jeux pervasifs tandis que Pierre Corbinais, le blogueur d’Oujevipo (Ouvroir de jeux vidéo potentiels) distillait sa science vidéoludique sur un plateau débat.
Pour la carte blanche à Random Bazar, Antoine Herren et ses complices ont proposé six installations. L’occasion de se sangler bras et jambes pour découvrir Adsono de Mechbird, de tenir la chandelle numérique sur le tempo d’un concerto de Bach avec le Johann Sebastian Joust de Die Gute Fabrik, ou de recouvrir nos yeux pour parcourir le labyrinthe psychédélique Palimpseste par Le chant du cygne. On attend le 8 juillet pour recroiser la clique à Confluences, à Paris (20ème), pour une soirée 100% concerts chiptune.
Gamejam état d’urgence
Autre expression de l’engagement ludique, la gamejam Jeux debout organisée par Prismatik a réuni une petite quinzaine de créateurs/bidouilleurs/programmeurs avec pour objectif de pondre en (presque) 24h des jeux autour du thème de l’état d’urgence. En sont ressortis les jeux print’n play 49.3, le jeu, pour goûter à la joie tyrannique du passage en force de lois absurdes et Petit patapon, un jeu pour aider les CRS à évincer le dernier manifestant, deux jeux vidéos, une « carte matraque » pour les Mécanicartes, ainsi qu’un prototype hybride mêlant jeu de plateau, impression 3D et captation vidéo interrogeant la place des médias dans les manifs.
En fin de gamejam Jeux debout, on avait plutôt l’embarras du choix pour étendre les domaines de la lutte !
Jeu de société politique, toute une histoire
En amont de l’événement, nous vous avions proposé une interview des Terrorbull Games sur Makery. Le binôme infernal était loin d’avoir tout livré sur l’histoire subversive des jeux de société. Andrew au micro et Tom au crayon ont fait des bonds dans le temps en évoquant aussi bien le Senet, jeu populaire de l’Égypte antique qui invitait moins à se divertir qu’à s’interroger sur l’au-delà, qu’Up Against The Wall Mother Fuckers, jeu de simulation né des protestations sur le campus de Columbia à New-York dans les années 1970.
Pour prolonger l’histoire, on attend d’ailleurs avec impatience leur petit dernier, Trump Trumps, en tout début de campagne de financement participatif. Encore un jeu qui risque de faire grincer des dents. Great !
Retrouvez les précédentes chroniques de Dcalk, association de promotion du jeu en tant qu’objet culturel