Makery

Retour vers (le) Futur en Seine

Objectviz, la table de visualisation de big data à reconnaissance d'objets de Tangible Display. © Nicolas Barrial

Une brassée de politiques, des robots, des saucissons en lévitation, des protos et des conférences sur l’innovation… Makery a fait son marché au festival francilien Futur en Seine 2016. 

Ils sont tous venus serrer des coudes… et les pinces des robots à Futur en Seine, pendant les quatre jours d’ouverture du festival de l’innovation en Ile-de-France, du 9 au 12 juin. Le Président François Hollande en compagnie de Valérie Pécresse, la présidente de la région qui annonce la création d’un « projet prototypes » (100 000€ en soutien à une douzaine de protos sélectionnés d’ici novembre), les membres du gouvernement Najat Vallaut-Belkacem et Jean-Vincent Placé, et même NKM… Un avant-goût de campagne…

Il faut dire que d’année en année, la Foirfouille de la French Tech francilienne prend de l’ampleur. Pour cette édition 2016, le cœur de l’action se déroulait à la Gaîté lyrique et au Carreau du temple. Les lieux changent, pas la recette, qui mixe toujours conférences, keynotes, stands et démos de protos, applis en tous genres et initiations aux codes. A la Gaîté lyrique, l’espace Edtech, renommé « Edfab » (le numérique au service de l’éducation) et « makers » (un espace un peu trop corpo à notre goût). Au Carreau du Temple, des prototypes, des applis big data et un grand marché des start-ups d’objets connectés (vie quotidienne, santé, sport…). En tout, 150 évènements à Paris et en Ile-de-France sont estampillés Futur en Seine jusqu’au 19 juin. Récit en images et patchwork d’impressions.

Méditation techno vs expérience VR

Chris Dancy envoûte la Gaîté lyrique… © Makery

Chris Dancy a fait un tabac. « L’homme le plus connecté du monde» proposait une session Mindful cyborgs d’initiation à des exercices de « technologie contemplative » entre spectateurs. On est restés hallucinés devant son gloubi-boulga de psychanalyse sauvage. L’esprit ? « Dis-moi comment tu ranges tes applis, je te dirais qui tu es. »

Conférence Hack Share Care avec Salvatore Iaconesi et Oriana Persio. © Makery

Dans l’auditorium, la conférence « Le Hacker : un ami qui vous veut du bien ? » a fait salle comble samedi 11 juin. En prime, Action discrète, déguisée en start-up « Techno Kilotech Kinotech », a drôlement hacké la conférence.

Autre moment fort de Futur en Seine, la keynote « Hack.Share.Care : an open source cure », par Salvatore Iaconesi. L’artiste hacker italien atteint d’une tumeur au cerveau en 2012 a raconté son combat contre les institutions hospitalières pour récupérer ses images médicales, à l’aide d’une vidéo devenue virale qu’il a lancée avec Oriana Persico, pour appeler les bonnes volontés à « hacker le traitement ». Sa tumeur (dont il est aujourd’hui guéri) est devenue une modélisation 3D, ses scans ont été tagués : un écosystème d’artistes, philosophes, médecins et ingénieurs s’est créé autour du projet, pour participer à la réalisation de travaux open source sur Github

A deux pas de la Gaîté, le Musée des Arts et métiers présentait samedi et dimanche un panorama de visites virtuelles (via des casques VR, un écran géant immersif de 12 mètres, des tablettes ou une Kinect…), du tombeau de Toutankhamon au système solaire. Pour l’occasion, Hololens était présenté pour la première fois au grand public à Paris. Le casque de réalité augmentée permet d’accéder à des compléments d’informations sur les pièces muséales… Une expérience bluffante, pas encore tout à fait fonctionnelle (avis de cobayes).

A l’heure de l’apéro (de 17h à 20h), les festivaliers pouvaient faire léviter saucissons et chips par la seule force de la pensée, avec le collectif La Mentalista Guinguette.

Plateau de saucisson en lévitation. © Nicolas Barrial

Bagdad 3D ou la survie de l’Irak antique

Visualisation d’une modélisation 3D (fragment de l’expédition pour Bagdad 3D). © Makery

Numériser les trésors archéologiques irakiens, c’est le pari fou de David Diouf, créateur de Fabstor3d, et du documentariste Jean-Christophe Vaguelsy, associés à l’entreprise d’affichage Holusion pour Bagdad 3D. Du 20 avril au 2 mai, ils ont mené une expédition à Bagdad durant laquelle ils ont réalisé une dizaine de modélisations de pièces archéologiques et trois scans. En octobre, ils repartent pour une grande opération de numérisation et de modélisation 3D du Musée de Bagdad, de l’arche Ctésiphon, des ziggourats, les pyramides à degrés et l’Antique Babylone menacés par Daesh. L’aventure sera racontée dans un film co-produit par Arte, avant d’être montée en exposition. Le temps d’une conférence, samedi après-midi, on pouvait même tester en VR les premières visualisations 3D des marais mésopotamiens, traces vivantes de la Mésopotamie d’il y a 6000 ans.

La Carreau du temple, entre objets connectés et fièvre business

Les makers de Wallonie du studio Superbe et leur musique géométrique. © Nicolas Barrial

Au Carreau du temple, le programme Wallonie numérique était bien représenté avec 5 projets belges. Parmi eux, le studio de création Superbe, repaire de « magic makers », est venu présenter trois petits prototypes à la croisée des algorithmes, de la géométrie et de la musique : Minimom, une petite boîte à son qui enregistre la voix et la déforme, Sonar, une table de mixage miniature avec trois contrôles pour les DJ en herbe, et Geometric Music, une appli pour tablettes pour faire de la musique avec des formes.

Mwoo, l’empathie à hauteur de robot

Le robot Mwoo réalisé par la start-up Stimul’activ. © Makery

Ce drôle de robot aux yeux verts, c’est Mwoo. Un petit robot aide-soignant, qui accompagne les malades d’Alzheimer et les autistes. Lancé par la start-up Stimul’activ en partenariat avec le CHU de Limoges, le robot est doté d’un catalogue de stimulations (bruits, toucher, odorat…) et se prend dans les bras.

La borne d’arcade pour jouer avec le code

Expérimentations et dessin électronique sur la borne «IF». © Makery

Notre cœur d’esthète tressaille pour IF, la borne d’arcade du collectif d’artistes interactifs rennais Avoka, pour son projet We Code Expo. Ludique et joliment rétro, la borne est utilisée comme une porte d’entrée joyeuse à la programmation. En manipulant le curseur et les boutons, le joueur dessine des mouvements sur l’écran, qui sont retranscrits en temps réel en Logo (en hommage à ce langage informatique d’initiation à la programmation). Commence alors un grand jeu de décryptage, façon pierre de Rosette…

«IF», installation interactive du collectif Avoka, 2016:

Futur en Seine continue jusqu’au 19 juin à Paris et en Ile-de-France (à Saint-Ouen, Vitry-sur-Seine, Bobigny…)

En savoir plus sur le programme de Futur en Seine