Chronique d’une makeuse en matériaux (15)
Publié le 13 juin 2016 par Caroline Grellier
Termatière, entreprise de valorisation de déchets agricoles en matériaux biosourcés, est en phase de prototypage. Entre deux tests de (dé)coloration du sarments, Caroline Grellier poursuit sa course aux études de marché et ses réflexions stratégiques.
Echantillon 12, échantillon 13, échantillon 14…
Toujours plus de tests avec l’équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l’incubateur de Termatière Montpellier Supagro. Après avoir essayé différentes fractions de sarment « nature » pour varier les rendus, je me concentre sur le traitement de la fibre. J’explique aux chercheurs ce que je souhaite et eux se chargent de trouver les solutions. Retrouver la partie créative de mon travail, ça fait du bien !
Nous sommes parvenus à décolorer les fibres en testant quatre méthodes différentes, dont la plus pertinente est un bain d’eau oxygénée, tout simplement !
Nouvelle semaine, nouveau challenge : la coloration. Après quelques essais, nous nous rendons compte que les pigments ont du mal à pénétrer la fibre. La coloration reste en surface, elle est donc assez fragile et moins visible.
Comment teindre véritablement ces fibres de bois particulières ? En retirant la lignine ? A tester, avec des pigments naturels of course, et si possible issus de la filière viticole. Mon but est d’avoir un maximum d’échantillons afin de montrer aux acteurs viticoles des propositions exhaustives de valorisation de leurs sarments.
Logistique, le choix des armes
Côté logistique, ma rencontre avec la chambre d’agriculture de l’Hérault, très réceptive au projet, a été fructueuse. Je dois maintenant enchaîner les rendez-vous avec les acteurs du territoire en mesure de contribuer à Termatière, que ce soit sur le don de sarments, sur le stockage ou même sur la mutualisation d’outils de fabrication. Je ne m’en rends pas toujours bien compte mais… ça avance !
A l’incubateur de l’Ecole des Mines d’Alès!
Depuis quelques mois, j’envisageais de collaborer avec le centre de recherche en matériaux de l’Ecole des Mines d’Alès, le C2MA, pour son expertise sur les problématiques techniques des agro-composites. J’ai notamment besoin de son savoir-faire sur la caractérisation de mes échantillons. J’ai souhaité intégrer son incubateur, afin de faciliter les échanges. Le 1er juin sonnait la fin de ma période d’évaluation. Après passage devant un grand jury… mon entrée officielle est validée ! Comme l’ont souligné les membres du jury, « y’a encore du boulot », notamment côté modèle économique, mais c’est enthousiasmant !
C’est le grand point sensible du projet : les modèles de revenus doivent rester dans la philosophie de Termatière. Et là, ça se corse. Ces dernières semaines, le projet n’a cessé d’évoluer pour trouver des compromis entre les motivations de départ et la réalité du marché. Je me confronte à un fait principal : les clients potentiels de Termatière ne sont pas du tout ceux que j’imaginais. Et j’ai le sentiment que le projet, en s’éloignant de sa dimension sociale, y perd de son sens. S’agit-il d’une étape à passer, d’une stratégie de démarrage à faire évoluer ? A vérifier d’ici quelque temps.
Une dernière petite étude de marché
Termatière entame sa dernière phase d’étude de faisabilité ! Grâce à la bourse « Booste ton projet » du pôle Pepite (pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) du Languedoc-Roussillon, je lance une seconde étude de marché, focalisée sur mes segments « de cœur ». Objectif ? Tester mes deux hypothèses de modèle économique et confronter mes premiers échantillons aux avis des clients.
En complément, fin juin à l’incubateur de l’Ecole des Mines d’Alès, j’entre en formation sur les coûts de revient afin de conforter l’ensemble de mes données économiques. Pour la suite, je ne couperais pas au bilan en septembre sur la première étude de Termatière : la filière viticole et ses sarments. Il sera alors temps de rebondir (si besoin…) ou de mettre en place des stratégies pour accélérer la suite à la bonne échelle !
Projet particulier cherche partenaire particulier(e)
J’en profite pour glisser un message personnel : toi qui es un business développeur passionné de vin et/ou d’environnement, un ingénieur viti-œno à fibre commerciale ou/et un bon logisticien, l’envie d’entreprendre te démange, tu as le sens des responsabilités et tu partages les valeurs défendues par Termatière ? Rejoins l’aventure en me contactant à hello@termatiere.com.
Retrouvez les précédentes chroniques d’une makeuse en matériaux