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L’art de la pile microbienne aux Designers’ Days

Piles microbiennes du projet «Biotricity» exposées au festival annuel du RIXC à Riga en 2014. © RIXC

La pile microbienne est au cœur du projet «Ligne d’une vie», porté par une coopération franco-lettone. Ou comment des designers et des artistes convoquent la vue et le toucher pour raconter la «biotricité».

Après la fée électricité, l’elfe «biotricité» ? A l’occasion des Designers’ Days, le rendez-vous du design parisien, Les Arts Codés à Pantin présentent ce 4 juin une rencontre d’artistes et de designers qui imaginent de nouvelles narrations pour promouvoir les potentialités des piles microbiennes, cette énergie électrique insoupçonnée produite à partir de déchets organiques, d’eaux sales ou d’autres substrats pollués ou riches en bactéries. Les artistes lettons Rasa Smite et Raitis Smits, accompagnés des designers français Francois Brument et Sonia Laugier du collectif In-Flexions, expliqueront comment ils se sont lancés dans ce projet de collaboration autour de l’énergie verte.

Rasa Smite et Raitis Smits ont cofondé le RIXC, centre des nouveaux médias créé à Riga en Lettonie il y a près de 20 ans. Engagé ces dernières années dans la promotion des techno-écologies durables, le RIXC coordonne la plateforme de coopération européenne « Renewable Futures » (futurs renouvelables). « Pour pouvoir continuer d’innover et changer le rôle de l’art dans la société, les arts numériques ne peuvent aujourd’hui se contenter de mixer les médias, mais doivent également chercher des zones de contact avec d’autres domaines », défend le RIXC. Le duo d’artistes, dans le cadre de Renewable Futures, sera accueilli cette année par Ars Longa, autre association historique des nouveaux médias aujourd’hui impliquée dans la fabrique d’artisans d’art Les Arts Codés à Pantin. 

Rasa Smite et Raitis Smits devant «Pond Radio», installation d’écoute de l’activité des piles microbiennes. © RIXC
Piles microbiennes de l’installation «Biotricity» lors de l’exposition «Fields» du festival annuel du RIXC à Riga en 2014. © Raitis Smits

Générer de la bio-électricité

Rasa Smite et Raitis Smits développent depuis plusieurs années Biotricity, série d’expérimentations au carrefour de l’art et de la science « qui envisage des scénarios de développement durable pour les éco-systèmes locaux ». Avec ces travaux, le duo veut « reconsidérer nos relations avec la nature et les systèmes biologiques, sociaux et technologiques, le monde commun des humains et des micro-organismes ». En collaboration avec des scientifiques, Rasa Smite et Raitis Smits travaillent sur des piles microbiennes ou MFC (microbial fuel cells) de nouvelle génération. Ils construisent ces piles dans différents environnements, en intérieur dans des espaces comme des écoles ou des galeries, et organisent des installations de production d’électricité à petite échelle dans des marais ou des champs.

«Pond Battery», six piles microbiennes installées pendant sept mois au Jardin botanique de l’université de Riga, 2014:

Ils ont également conçu un système de mesure qui transmet en continu les niveaux d’activité des bactéries sur Internet. Les mesures sont transformées en visualisations et sonifications et les données collectées sont ensuite réinterprétées en graphiques cartographiant les fluctuations de production d’électricité des bactéries. Chaque pile produit en moyenne 0,6V d’électricité.

Graphe visualisant les variations de production d’électricité pendant «Pond Battery». © RIXC
Atelier à Weimar en janvier 2016. L’objectif était notamment de voir si les piles bactériennes peuvent permettre une production d’énergie lors du traitement des eaux usées. © RIXC

Associés via Ars Longa au projet, François Brument, designer et commissaire de la première exposition sur l’impression 3D en France (actuellement au Lieu du design), et Sonia Laugier du collectif In-Flexions apportent leur patte de designer pour enrichir le projet de nouvelles narrations. Si leur collaboration est activée cette semaine, leurs propositions ne seront pas livrées avant début 2017 sous forme d’objets 2D (physique et/ou virtuel) et 3D (physique et/ou virtuel). Cette coopération organisée dans le cadre de « Renewable Futures » entre RIXC, Ars Longa et In-Flexions aura aussi pour objectif de proposer plus largement « des idées de protocoles de design par les datas dans/pour un monde complexe, celui du vivant ». 

« Design by data : exploration des données biotech », conférence dans le cadre des D’Days aux Arts Codés le 4 juin à 16h