Pour que la découverte de l’espace ne soit pas réservée à une élite, l’Américain Cameron Smith a développé une combinaison spatiale DiY légère et bon marché avec l’aide de makers astronautes amateurs.
Le voyage spatial bientôt à portée de tous ? Oui, mais à condition d’y mettre le prix. Alors que les combinaisons de la Nasa coûtent entre 100 000 dollars et 12 millions de dollars pour les plus sophistiquées, un Américain a eu l’idée de développer sa version DiY à moins de 1 000 dollars. Cameron Smith, son inventeur, est archéologue à l’université de Portland dans l’Oregon et se passionne autant pour les vieilles pierres que pour l’exploration spatiale.
Depuis 2009, ce maker de l’espace s’intéresse à la fabrication de combinaisons spatiales pressurisées plus légères, plus simples et surtout bien moins chères que celles proposées par la Nasa ou par Roscosmos, l’agence spatiale russe. Ses protos de combis ont été fabriqués chez lui et au Pacific Spaceflight, un club informel de R&D qu’il a créé à Portland où il teste plusieurs technologies économiques et DiY pour expédier les humains dans l’espace intersidéral à moindre frais.
Pour vérifier la fiabilité de ses combinaisons dans la perspective d’un vol habité, il s’est adressé au centre spatial Copenhagen Suborbitals, une structure active de la communauté DiY spatiale qui construit fusées et capsules sur un site naval abandonné au Danemark.
La Ted conférence de Cameron Smith (août 2015), avec défilé de combinaisons à la fin (en anglais):
Une collection de protos prêt-à-porter
La combinaison a été conçue pour voler à une altitude de 15 000 mètres. Elle fournit l’oxygène nécessaire pour respirer, maintient la pression et régule la température du pilote. Les différents protos réalisés ont passé des batteries de tests pour vérifier leur étanchéité, leur résistance en chambre d’altitude mais aussi leur stabilité en chute libre, une procédure devant être répétée en cas de sauvetage d’urgence durant la descente de la capsule.
Test par Cameron Smith en simulation de chute libre au Copenhagen Suborbitals (en anglais):
Le premier modèle, Mark I, a été testé en 2013 dans une chambre de pression à l’hôpital universitaire de Copenhague, mais il présentait encore l’inconvénient d’être lourd, complexe et difficile à manier sous haute pression. Mark II, le second proto développé à partir de février 2014, intègre des gants recyclés, des indicateurs de température et d’humidité plus performants et un design permettant davantage de mobilité ainsi qu’un gilet de sauvetage gonflable. Il a été testé au cours d’un vol dans un Bell 206 Long Ranger à 5 000 mètres d’altitude au cours de l’été 2014.
La troisième version développée à partir de septembre 2014 était encore plus légère et moins chère, notamment grâce à l’utilisation de l’impression 3D pour fabriquer les pièces du circuit de gaz. Conçue pour passer la « limite Armstrong » de 20 000 mètres, elle a été testée lors d’une série de vols en ballon.
Le dernier modèle en cours de développement s’attaque à l’allègement de l’ensemble, à la mobilité et à la simplicité d’utilisation, l’objectif du Mark IV étant d’atteindre un poids inférieur à 5 kilos. Son inventeur promet d’en dire plus au cours de l’année 2016.
En bonus
Même si elles ne sont pas toutes aussi élaborées que celles de Cameron Smith, certaines combinaisons spatiales DiY méritent une mention spéciale pour leur créativité. En particulier celles imaginées par le collectif d’artistes Kongo Astronauts basé à Kinshasa, République démocratique du Congo.
Le site de Pacific Space Flight
Le site du programme spatial amateur Copenhagen Suborbitals