MakerTour (3): que partagent les labs?
Publié le 9 décembre 2015 par Etienne Moreau
Partis il y a déjà deux mois pour leur MakerTour qui les mène de lab en lab, en France puis en Europe, Mathieu Geiler et Etienne Moreau chroniquent leur marathon pour Makery. Et posent la question de ce qui rapproche ces ateliers collaboratifs, du fablab charté Fab Foundation à l’atelier d’entreprise.
Voilà bientôt deux mois que MakerTour est sur les routes de France à la rencontre de la diversité des ateliers collaboratifs. Après notre séjour dans l’Ouest, direction les ateliers du Nord et de l’Est de la France.
Les ateliers collaboratifs: tous différents?
Cette phase d’exploration fut un concentré de la diversité des ateliers qui voient le jour ces dernières années. Du fablab charté, né de la volonté d’une communauté, à l’atelier d’entreprise, inspiré des fablabs, le spectre est large.
Chaque atelier est le reflet de son environnement local, de l’identité et des valeurs des personnes qui portent le projet. Chacun possède une finalité, une mission qui lui est propre, unique. Tous différents, donc. La vraie question ne serait-elle pourtant pas : que partagent-ils ? Ces labs font-ils mouvement ? Et vont-ils dans la même direction ?
L’Atelier des Beaux Boulons, un fablab «bottom-up»
Première réponse du terrain : l’Atelier des Beaux Boulons à Auxerre. Ce fablab associatif charté Fab Foundation réunit « une équipe de bricoleurs, designers, techniciens, artistes de tous âges et de tous horizons, désireux de partager (leurs) savoir-faire, de construire des choses ensemble, tout en défendant les valeurs du libre et de l’open source. Un atelier par et pour la ville ». C’est aussi l’un des meilleurs exemples de fablab « bottom-up » en France. Au sens où il est issu d’une initiative indépendante menée par une communauté, qui développe son lab sans subventions et avec peu de moyens, avec un parc machines principalement auto-construit ou récupéré.
Le Bricolab, atelier d’entreprise inspiré des fablabs
Mais le concept des fablabs s’est-il diffusé en environnement d’entreprise ? Allons voir du côté du Bricolab, situé à Ronchin, près de Lille, qui se présente comme « l’espace collaboratif de fabrication interne du groupe Adeo (…). Sa mission est de montrer et proposer ce que sera l’habitat de demain ». En son sein, on mène aussi bien des projets pour le groupe Adeo, anciennement Leroy Merlin (toute la semaine) que des projets personnels des collaborateurs (les midis). Animé par un fabmanager et quinze collaborateurs bénévoles, le Bricolab est devenu un espace de créativité, de liberté et de rencontres.
Une multitude d’alternatives, une même direction?
Ces labs, qu’ils s’appellent fablab charté ou atelier d’entreprise (nous avons également exploré le Protospace du groupe Airbus et Alive de Decathlon), proposent tous une alternative au sein de leur environnement. Une autre façon de faire, d’apprendre, de partager, de fabriquer, de travailler et vivre ensemble en société et en entreprise.
Tous dans une même direction, donc ? Chacun mène son expérimentation d’« atelier collaboratif » d’une manière unique. D’où le besoin d’apprendre les uns les autres, de montrer la diversité des possibilités, d’étudier en profondeur le modèle et les pratiques de ces alternatives.
Ce que nous voulons partager avec MakerTour.
Du verre, de la bidouille et un début de communauté
Depuis notre dernière chronique, sur notre route, nous avons croisé trois autres fablabs. Le Glass Fablab du Cerfav (Centre européen de recherches et formation aux arts verriers) à Vannes-le-Châtel (Meurthe-et-Moselle) fait le pont entre savoir-faire artisanaux et outils numériques. Tandis qu’une étudiante sculpte une rose en verre, un professeur donne un cours de modélisation 3D. Makery s’y était rendu en novembre 2014.
Nybi, fablab associatif, est hébergé au Lorraine Fab Living Lab de Nancy, un lab institutionnel. Nybi y prend ses quartiers les jeudis soirs, où les adhérents de l’association se retrouvent pour bidouiller et partager dans une bonne ambiance !
La création du Fablab Côte d’Opale, à Calais (Pas-de-Calais), provient de la chambre de commerce de l’industrie (CCI) locale. Dans ces situations, communauté et appropriation viennent petit à petit. L’arrivée d’un fabmanager (hyper)actif, Laurent, devrait accélérer les choses !
Prochaines étapes
Au programme de la prochaine chronique, nous vous proposerons d’interroger l’histoire du mouvement en France en prenant d’un côté le premier fablab français, Artilect, ouvert en 2009, et de l’autre de très jeunes fablabs, nés en cette fin 2015 : le Fablab Albi (Tarn) et le Squaregolab de Perpignan (Pyrénées-Orientales).
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