Les acteurs du réemploi se sont réunis à Paris pour « l’autre Keynote ». A l’heure de la sortie du nouvel iPhone, cet évènement malin fait rimer business et éco-consommation.
« L’autre Keynote », sous-titrée « joyeux sommet des produits tech ressuscités » était organisée le 10 septembre au SenseCube, l’incubateur de start-ups solidaires parisien de MakeSense. Au lendemain de la Keynote Apple dédiée au lancement du dernier Iphone, le marché de l’occasion voulait proposer une alternative à la course en avant technologique, avec un terme plus chic (et un marché), le réemploi.
Un panel d’acteurs du second marché de l’appareil électronique étaient conviés à un débat sur l’obsolescence programmée. Dont RCube, la fédération des acteurs du réemploi, qui travaille à établir des standards de qualité (comme l’effacement des données de l’ancien propriétaire, la réduction de la consommation de matières premières ou encore la limitation de la production de déchets), Back Market, un site de vente d’ordinateurs et tablettes d’occasion livrés avec une garantie, Remaker, un petit Uber de la réparation de smartphones à domicile, ou encore Spareka, un site qui propose des tutos et conseils pour réparer soi-même son vieil électroménager, avec à la clé la vente de la pièce impossible à trouver. Mais aussi Recommerce, poids lourd du recyclage, de l’achat d’occasion et de la réparation, notamment de téléphones portables, que l’on voit fleurir sur les sites marchands et même chez les opérateurs. Et pour cause : Recommerce travaille en marque blanche pour Bouygues et La Poste.
Des années de consumérisme à marche forcée par le renouvellement des téléphones tous les six mois ont fini par saturer nos quotidiens de produits encore bons pour le service, mais hors garantie, voire – et c’était l’objet du débat –, programmés pour lâcher à date fixe. A 20h et devant une salle comble, après une introduction de Renaud Attal, fondateur de RCube, les invités ont été pressés de raconter l’histoire qui les avait menés à questionner l’honnêteté du marché du neuf pour rejoindre celui de la réparation.
« Un jour, j’ai voulu remplacer des cartouches d’encre et l’imprimante me les a refusées, soi disant parce qu’elles étaient périmées. » « Moi, c’est simplement parce que je voulais entreprendre », explique l’un. « J’étais dans la pub et j’en ai eu marre de travailler pour des entreprises sans scrupule », ajoute l’autre… Mais soyons honnête, le marché du réemploi est aussi un marché juteux et la séance d’empathie avec le consommateur a rapidement tourné court.
Le consommateur reste tributaire d’un marché qui lie fabricants et entreprises consommant et renouvelant sans cesse leurs matériels, compétitivité oblige. « L’autre Keynote » s’est parfois emmêlée les pinceaux entre ouverture de marchés de niche dans le réemploi et promotion d’initiatives open source comme le Jerry Do It Together, l’ordinateur open source en jerrican qui parcourt l’Afrique, promu par Romain Chanut, également conseiller web chez MakeSense…
One more thing…
Au final, cette réunion au joli habillage avait pour but de porter un message : le remaking, ce n’est ni sale ni plein de vices cachés. Et Benoît Varin, avec son petit air de Steve Jobs, est revenu vers la scène. Une dernière chose, aurait-il pu dire ! RCube lance un label de certification pour le marché de l’occasion, bronze, argent et or. On ne va pas s’en plaindre.
Si l’on fait crédit à ces jeunes entreprises d’invoquer l’économie circulaire dans leurs affaires, on ne peut s’empêcher de renifler derrière cet événement un petit relent de récup’. De là à y voir une des premières manifestations de « makerwashing » surfant sur le capital sympathie du DiY (en référence au greenwashing)…