À Bordeaux, Cap Sciences lance un fablab pour les apprentis makers
Publié le 27 juillet 2015 par Robin Lambert
À Bordeaux au Cap Sciences, un fablab émerge. Son but : faire franchir le premier pas aux non-initiés de la culture maker, à l’aide d’ateliers et de formations machine. En phase bêta du 7 juillet jusqu’à fin septembre, le lieu devrait ouvrir plus largement en octobre.
Bordeaux, envoyé spécial (texte et photos)
Toutes les dix minutes, une annonce enjoint les visiteurs à rejoindre l’odyssée spatiale dans le hall d’entrée de Cap Sciences, le musée technologique de Bordeaux sur les quais, tout à côté du pont Chaban-Delmas. Au-dessus, une autre aventure se prépare. Après un an de gestation, le fablab/living lab 127° entre en phase de pré-ouverture. Depuis le 7 juillet, il n’est pas encore officiellement ouvert au plus large public mais il organise des ateliers de découverte pour les groupes.
L’atelier robotique comme premier pas
Le lieu d’environ 200 m2 est conçu en enfilade: on entre d’abord dans le living lab, espace d’accueil et de convivialité, puis dans un salon de discussion et enfin à l’atelier du fablab, derrière une double porte. Aujourd’hui, un groupe de stagiaires de Cap Sciences (et leurs amis) viennent découvrir l’espace. Première étape : la robotique avec Poppy, un humanoïde open source créé par l’Inria de Bordeaux et l’ENSTA ParisTech.
Pas de code pour l’instant, mais des questions fondamentales. « Qu’est-ce qu’un robot ? » demande Thierry Bourdonné, animateur en formation. « Une machine ? », tente Charlène, stagiaire à Cap Sciences. « Alors un grille-pain, une cafetière, c’est des robots ? Non, il faut aussi la notion de programmation ! » rétorque l’animateur.
Du non-maker à l’apprenti maker
Les participants (en majorité des femmes, fait notable pour un atelier de robotique) découvrent la conception de robot : à quoi servent-ils, dans quelles situations ont-ils un avantage… Avant de formuler un scénario où leur Poppy saura apporter quelque chose d’intéressant. L’étape suivante, commencer à programmer le robot à l’aide d’un langage algorithmique, n’aura pas lieu faute de temps. On est encore en bêta…
Cette première phase représente le côté living lab de Cap Sciences, qui souhaite pousser au maximum l’ouverture du lab au grand public, et pas seulement aux bidouilleurs.
«Notre public cible, ce sont les jeunes qui ne bricolent pas. On est là pour leur faire faire leurs premiers pas dans le monde des makers, leur montrer que c’est possible. Quitte à les orienter après vers les autres labs de Bordeaux, où ils pourront pousser leurs projets plus loin.»
Clément Pasquet, hydrogéologue et fabmanager du 127°
Mais d’où vient ce nom ? « C’est la position idéale imaginée par la Nasa pour ses astronautes lors de la phase de décollage » explique Didier Laval, qui chapeaute le living lab. « On a eu l’idée en lisant un article de Libé (la génération vautrée vit à 127 degrés). Ça parlait du public que l’on voulait toucher, et ça venait de la Nasa, donc c’était parfait pour l’aspect scientifique aussi.»
Un fablab qui sent le neuf
Entrons dans le module fablab : une centaine de mètres carrés, avec un quart de l’espace à part pour les grosses machines (une découpe laser pour l’instant). Une légère odeur d’électronique chaude flotte dans l’air, mais point de tas de bordel de récupération en vue, signe de la jeunesse de l’espace.
Pour le groupe de stagiaires, il s’agit maintenant d’observer le fonctionnement de la découpe laser qui va créer des Google Cardboard, le masque en carton pour la VR de Google. Puis vient la phase d’assemblage et de test.
À l’écart du groupe, Mathias Alarson, médiateur de l’expo Jeux Vidéo qui se tient également à Cap Sciences, a ramené son ami graphiste Marc Lafon pour tâter de la découpe vinyle et bois. « Dès que j’ai entendu parler du concept de fablab, je suis tombé amoureux », dit Mathias. Les deux amis ont comme projet de créer des stickers et logos de super héros « pour commencer à toucher aux machines ». Marc avait déjà entendu parler de fablab dans son école des Beaux-Arts de Bordeaux, par d’autres étudiants. Mais il n’avait encore jamais franchi le pas.
L’objectif à long terme du 127°, financé publiquement (de la ville de Bordeaux à l’Europe, toutes les finances publiques sont sollicitées), est de faire tourner le lab 24h/24, 7j/7, avec cinq animateurs ayant chacun une spécialité. L’accès au lab et à ses machines coûtera 15€ par mois pour ceux qui documentent et diffusent leur projet en open source sur la future plateforme du lab, mais sera plus cher pour ceux qui ne veulent pas partager et souhaitent garder leurs projets fermés. Vu l’emplacement central du lieu et son accessibilité en transports en commun, nul doute qu’il attire de plus en plus de monde à partir de l’ouverture en octobre, placée sous le thème de la ville augmentée.
Plus d’infos sur la page du 127°