Le Jardin d’Alice se bat pour obtenir mieux de la mairie de Paris. Hébergé jusqu’à fin août à la caserne de Reuilly, le collectif d’artistes hackers se voit proposer un petit 115 m² contre leurs actuels 600 m². Le 17 juillet, ils organisaient une soirée de mobilisation.
Le Jardin d’Alice va devoir quitter la caserne de Reuilly à Paris. Voilà la seule certitude des négociations actuellement en cours entre la Ville de Paris et le groupement d’artistes, hackers et makers qui s’est agrégé dans ce collectif élastique (constitué par 3 personnes il y a plus de six ans et qui accueille aujourd’hui la Blackboxe, le Loop et Datapaulette, en plus des artistes du Jardin d’Alice).
Le contrat passé avec la mairie arrive à échéance fin août. Pour l’instant, les deux propositions municipales ne satisfont pas le moins du monde les membres du Jardin d’Alice. Pour Anastasia, du bureau du collectif, « on peut réduire la voilure pour aller dans un local de 300-400 m², mais en dessous, c’est l’éclatement assuré pour nous ».
Et l’appel à la mobilisation générale lancé pour la soirée de vendredi 17 juillet a été entendu. Il y avait foule à la soirée de soutien au Jardin d’Alice. Renommé pour l’occasion « Zone expérimentale à défendre », le Jardin n’a pourtant pas fait dans l’auto-congratulation ou le pathos, tout au plus un texte court et une invitation à signer la pétition pour les quelque 300 personnes présentes.
Le Jardin a préféré faire ce qu’il sait faire : sensibiliser à des problématiques qui dépassent les individualités et concernent le collectif, par la pluridisciplinarité. Sans doute pour s’inscrire dans une actualité au-delà de son propre destin, avec la conférence sur le climat en décembre, COP21, qui a fait l’objet d’une manifestation improvisée vers 20h.
Après quelques fûts de bière et un dîner à prix libre dans une organisation émergente dont le Jardin a le secret, un spectacle fut donné à la lumière d’un camion installé au milieu de la cour. Ce qui m’est dû par la Débordante compagnie résonnait étrangement dans cette soirée de revendication.
Un spectacle sur le thème du changement climatique joué et dansé par Héloïse Desfarges et Antoine Raimondi sur une mise en scène de Jérémie Bergerac. Le texte dramatiquement drôle navigue entre le fact-checking de la consommation énergétique et une intimité torturée par l’esprit de responsabilité. Sous les applaudissements, les acteurs ont affirmé que le spectacle était né au Jardin d’Alice.
Peut-on imaginer qu’il aurait pu se produire dans un espace de 100 m² ? Aucun des locaux proposés par la mairie de Paris au Jardin d’Alice ne dépasse 115 m². La pétition que les spectateurs ont abondamment signée vendredi (1200 signataires) a pour but de pousser les autorités à proposer de nouveaux locaux, plus adaptés au collectif. En guise de défense, la mairie de Paris cite la Gare XP, collectif organisateur de soirées qui a bien voulu signer la convention qui les a fait passer de 1500 à 500 m² en 2011.
Du côté du cabinet de Bruno Julliard, élu à la Culture de la mairie de Paris, on affirme que « les discussions sont toujours en cours » et que la recherche d’un nouveau lieu d’accueil se poursuit. Toujours selon la mairie, le Jardin d’Alice aurait proposé trois bâtiments capables de les accueillir, dont deux appartiennent à l’État.