A quoi ressemble un hackathon sur les drones avec l’armée au jury?
Publié le 28 avril 2015 par Carine Claude
Ils étaient 200 compétiteurs, du 24 au 26 avril, pour le tout premier Hack the Drone, organisé par GDF Suez à l’Ecole 42 à Paris. Au jury et en soutien logistique, le Centre d’excellence sur les drones de l’armée de l’air.
Au milieu des codeurs, dronistes et ingénieurs réunis dans l’amphithéâtre de l’Ecole 42 pour la finale du hackathon spécial drones de GDF Suez, quelques uniformes militaires dénotent. Mentors peu conventionnels pour ce type d’événement, l’armée de l’air et son Centre d’excellence sur les drones (CED) sont non seulement membres du jury, mais ils vont aussi incuber les lauréats de ce hackathon, « le premier du genre » d’après l’organisateur Ludovic Parisot, directeur de projet à la direction de l’innovation de GDF Suez (fraîchement rebaptisé Engie).
Au final, 28 protos élaborés pendant 48h, les 25 et 26 avril, par 200 compétiteurs, dont bon nombre d’étudiants des grandes écoles. Les projets sont répartis en quatre catégories : les drones qui inspectent des infrastructures ou des canalisations, ceux qui prennent des mesures, les objets volants qui neutralisent sans danger d’autres drones et enfin ceux qui imaginent des systèmes anticollision.
Quand les militaires challengent les geeks
De quoi titiller la curiosité de l’armée et de la gendarmerie, confrontées au casse-tête de l’interception des aéronefs et à la multiplication des survols non autorisés. Dans la série des bonnes idées farfelues mais pas trop, une sorte de Pac Man vert en peluche inspiré des soft bags utilisés par le robot Rover sur Mars gobe littéralement le drone cible et rebondit au sol, supprimant les dommages collatéraux fréquents dans les interceptions, type chute de débris ou hélice coupante.
Ce proto serait utile « plutôt pour capturer des drones maladroits que malveillants », selon le pitcheur de l’équipe Caméléon, qui imagine bien le faire évoluer avec une projection de mousse ignifugée qui fossiliserait le drone à neutraliser, pour des applications dans le déminage, par exemple.
« Les militaires veulent se challenger avec des geeks, pour des questions d’innovation, mais aussi pour comprendre leur fonctionnement et leur psychologie », explique Ludovic Parisot. Ce genre de rencontre n’est pas inutile non plus pour cerner les motivations des auteurs de survols sauvages…
Des projets incubés par l’armée
Ludovic Parisot ajoute que l’un des officiers présents, docteur en neurosciences, trouve avec le hackathon un « vivier à concepts ». « Sur les questions de neutralisation, poursuit-il, nous avons été rejoints par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et pour les projets antidrones et anticollision, c’est le CED de l’armée de l’air qui les accueillera chez eux. »
En l’occurrence, dans la catégorie neutralisation, le proto vainqueur est celui de l’équipe du PMCLab (fablab universitaire, Paris), qui détecte et localise des drones par un réseau de capteurs sans fil.
L’heureux lauréat, qui remporte 3 000 €, sera donc incubé pendant trois mois sur la base militaire de Salon-de-Provence, avec l’accompagnement des ingénieurs d’Engie et du CED. « Le but est de transformer ces concepts en technologies opérationnelles. On ne veut pas faire qu’une opération de com’ », affirme Ludovic Parisot.
Avec l’armée, les autres partenaires institutionnels et industriels font masse pour cette première. Aux côtés de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) « pour intégrer d’entrée de jeu les questions juridiques », figurent la Fédération professionnelle du drone civil et le Pôle de compétitivité aéronautique Pégase, mais aussi Bordeaux Technowest, le constructeur de drones Parrot et le fournisseur de données par drones civils Redbird. Un portrait de famille de la filière drones en France. Mais pas encore d’authentiques dronistes hackers à l’horizon.
La liste des 6 lauréats par ici
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