Le fromage vegan gagne le 1er prix open labs de l’iGem
Publié le 4 novembre 2014 par Quitterie Largeteau et Aurélien Dailly
Un fromage végétalien a remporté la médaille d’or de la première compétition ouverte aux labs communautaires de l’iGEM. La compétition internationale de biologie synthétique, qui a réuni 2500 participants à Boston, aux Etats-Unis, s’est achevée le 3 novembre.
Cette année, pour célébrer les 10 ans de la compétition, la fondation iGEM (International Genetically Engineered Machine) a sorti le grand jeu, en oubliant les pré-sélections régionales pour convier l’ensemble des équipes concurrentes à Boston et son initiatique Giant Jamboree, du 31 octobre au 3 novembre. 245 équipes issues de 32 pays ont convergé jeudi 30 novembre à Boston. Au programme, conférences, partage d’expériences, présentations des projets, ateliers, networking, remise de prix et festivités !
Un congrès scientifique ouvert, voire costumé
Le Giant Jamboree pourrait se cantonner à l’image d’un congrès scientifique classique, entre conférences, présentations des projets et discussions impromptues au détour d’un couloir. Mais, cette rencontre rassemble des étudiants leaders de projets au sein de la compétition iGEM, des citoyens passionnés et hacktivistes issus du mouvement DIYbio et des professionnels chercheurs, artistes, entrepreneurs ou encore… membres du FBI!
Cette année, la compétition iGEM ouvrait une section (et donc un prix !) spécifique aux laboratoires communautaires. Un musée californien, le Tech Museum of Innovation, et cinq biohackerspaces se sont lancés dans l’aventure : Genspace (New York), Baltimore Under Ground Science Space (BUGSS), CounterCultureLabs & BioCurious, LA biohackers et London Biohackspace, l’unique Européen face aux Américains!
Démocratisation des biotechs
Tous ces open labs portent l’envie commune d’une appropriation citoyenne de la biologie synthétique, basée sur le partage de connaissances, d’équipements et de ressources. Sous la houlette d’Ellen Jorgensen, grande figure du biohacking, le projet Open lab développé à Genspace, lab mythique situé à New York, en est un bon exemple.
Complet, il s’attache à la réalisation d’un guide pratique, l’Open Lab Blueprint, pour monter son propre biolab et amorce une plate-forme, BioGlyphics, facilitant l’élaboration et l’utilisation de protocoles expérimentaux graphiques. Ardent supporter de l’open source, Genspace pousse également les limites de l’ouverture affichée par l’iGEM, en touchant au concept même des fameuses biobricks, ces Lego génétiques réservés aux « IGEMers ». L’enjeu actuel est de parvenir à la diffusion libre des biobricks qu’ils ont eux-mêmes produits à tout membre de laboratoires communautaires…
Au premier jour du Giant Jamboree, cependant, c’est une autre proposition de Genspace qui a retenu l’attention: Will Canine, membre de Genspace, a annoncé le lancement d’une campagne de financement participatif Kickstarter pour son projet OpenTrons, premier robot open source permettant de faire du prototypage rapide en biotechnologie.
Médaille d’or pour le projet de « Real Vegan Cheese »
Lundi 3 novembre, le « Real Vegan Cheese project » porté par les biohackerspaces californiens BioCurious et CounterCultureLabs a remporté la première compétition iGEM de la catégorie « laboratoires communautaires ». C’est un ensemble de 40 personnes, dont un certain nombre de carnivores, qui a permis au premier fromage produit à partir de levures génétiquement modifiées de voir le jour (un coup d’œil à la recette en accès libre !). Le débat sur l’impact écologique et sanitaire de l’utilisation animale dans la production alimentaire destinée à l’homme est remis sur la table. Le public apprécie :
Now @CountrCultrLabs and @biocuriouslab are showing off @RealVeganCheese at #iGEM2014 – a fantastic real-world impact #DIYbio project
— Philipp Boeing (@PhilippBoeing) November 1, 2014
Dans les bacs depuis quelques années, le projet de vrai fromage vegan a connu une accélération grâce à l’expérience IGEM, reconnaît l’équipe. Dimanche 2 novembre, à l’occasion d’un pannel sur la participation des labs communautaires à l’iGEM, les figures de proue du mouvement (Ellen Jorgensen, co-fondatrice de Genspace, Eri Gentry, co-fondatrice de BioCurious et Mac Cowell, co-fondateur du DIYBio.org) et autres présents sont tombés d’accord pour reconnaître l’utilité du concours et les opportunités de rencontres et de mise à jour dans le domaine de la biologie synthétique qu’il offre.
#iGEM2014: like getting a preview of the best synthetic biology literature for the next 5 years. Amazing work by all of the finalists! @iGEM — Patrik D’haeseleer (@PatrikD) 3 Novembre 2014
Le défi pour les open labs est cependant financier et les oblige à redoubler d’ingéniosité pour dégoter des financements privés, publics ou communautaires, notamment pour faire face au coût de la compétition (3500 dollars l’inscription d’une équipe au concours). Surtout s’ils n’ont pas accès aux fameuses biobricks, en contradiction totale avec leurs valeurs d’ouverture, laquelle ouverture permet entre autres de voir grandir leurs projets au-delà d’une compétition.