Les fablabs, biohacklabs et medialabs se multiplient. Nous lançons Makery.info pour informer sur ces lieux de bricolage créatif, de partage d’expériences et d’innovation où s’ébauche une alternative à la production de masse.
On les appelle makers aux Etats-Unis, où le mouvement est né, hackers, bidouilleurs, bricodeurs ou adeptes de la fabrication numérique et du DiY (le Do it Yourself). Ils sont la matière première d’un mouvement en pleine ébullition, qui définit une nouvelle façon de travailler ensemble, de faire de la recherche, de concevoir des objets quotidiens, via des techniques démocratisées de prototypage rapide, d’impression et de fraisage numérique 3D, en inventant des solutions de récupération et de réappropriation des processus de production standardisés.
Du design à la biologie en passant par la musique, l’architecture, l’industrie textile et la culture, dans leurs fablabs (un mot valise pour dire laboratoire de fabrication, inventé à la fin des années 1990 au Center for Bits and Atoms du prestigieux MIT, le Massachusetts Institute of Technology), leurs biohacklabs et autres tiers lieux, une constante : le partage d’expériences et l’idée de faire dialoguer l’artisanat le plus classique avec les dernières technologies numériques, le tout dans un esprit d’innovation ouvert (l’open source en est un des fondements).
L’esprit « lab » infuse la recherche et développement, l’enseignement, la culture et le design, et s’insinue un peu partout dans les discours politiques comme une alternative crédible à la production de masse. Pas une semaine ne passe sans qu’un projet de fablab soit dévoilé en France et dans le monde. En 2012, le MIT en labellisait une petite cinquantaine et hackerspaces.org, le site répertoriant les espaces de fabrication numérique partagés, recensait 1127 lieux. Aujourd’hui, la Fabfoundation du MIT en compte 360 et hackerspaces.org 1754.
Cette explosion d’initiatives, c’est le terreau sur lequel voudrait pousser Makery, le premier média totalement dédié aux labs. Makery.info est né de la volonté d’accompagner l’émergence des labs, de rendre plus lisible et visible les acteurs et les enjeux de cette révolution encore largement sous-estimée. Difficile en effet de faire le lien entre une unité d’impression 3D mobile imaginée par une équipe de futurs diplômés de l’Ensad (les Arts déco) à Paris et un mode d’emploi codé pour bloquer les captures de données intempestives via des Google Glass. Quel rapport entre openSNP, un site où tout un chacun peut déposer le séquençage de son génome, et une bactérie mise au point par des chercheurs allemands pour rendre la bière moins somnifère ?
Ces quelques projets montrent la diversité des pratiques. Les acteurs eux-mêmes sont d’origine plus que variée : des étudiants designers, des bidouilleurs qui manient le fer à souder et savent se débrouiller d’un kit Arduino, des artistes qui y trouvent le moyen d’aller directement de l’idée au projet ou encore des chercheurs en rupture de ban avec les processus de l’industrie manufacturière, qu’il s’agisse de biologistes ou d’architectes.
A l’aide d’une équipe de démarrage resserrée, façon commando, composée de professionnels de l’information en ligne, de développeurs baignant dans la mouvance maker, et de purs rejetons de la culture DiY, Makery a pour ambition de fédérer une scène bouillonnante d’initiatives, en s’appuyant sur la communauté des bricodeurs, qu’ils soient chercheurs dans leurs labos d’universités, activistes du logiciel libre au fond de leurs garages, écolos durables en leurs jardins connectés ou artistes décodeurs. Tout en expliquant au public le plus large les enjeux de ces nouvelles pratiques.
Pour éviter que Makery ne rejoigne trop vite le vaste cimetière des médias morts, notre ambition s’accompagne d’une modestie ancrée dans nos pratiques respectives : le site se bâtira au fur et à mesure que notre lettre d’information hebdomadaire le nourrira, à partir de vos contributions, réactions, encouragements, insultes (pas trop on espère…), de nos rencontres avec les makers et des visites de labs.
Nous avons choisi d’aller vite, en partant quasi mains dans les poches pour coller à l’extrême inventivité de ces labs, pour convaincre les investisseurs institutionnels et privés de soutenir un média nouveau accompagnant un mouvement nouveau, de gagner votre confiance en mutualisant autant que possible les ressources issues des labs, qu’ils soient institutionnels, industriels, amateurs, pirates.
Le site Makery.info est de ce fait volontairement sobre et peu fourni. Pour commencer par le commencement, il s’attache à quantifier ce foisonnement. La carte des labs, bio, hackerspaces et fablabs que nous mettons en ligne en même temps que Makery.info, n’est pas exhaustive: nous avons privilégié la vérification des informations ainsi qu’une première typologie de ces espaces (elle aussi soumise à discussion), avec un focus français.
La newsletter couvrira l’actualité des labs, en mettant l’accent dans un premier temps sur le territoire français, plutôt très dynamique (puisque Makery est géolocalisé à Paris Xème), en offrant un maximum d’infos pratiques (agenda, ressources nouvelles repérées en ligne), en posant les questions aux acteurs, sans concession, en toute indépendance. Makery, nourri de vos retours et de vos/nos projets, a vocation à devenir le site d’information des fablabs, hackerspaces, biohacklabs et médialabs.