Labellisé Manufacture de Proximité en décembre dernier parmi une première promotion de 20 lieux, L’Atelier des Savoir-Faire, dans le Haut-Jura, entre fin février en phase d’incubation. L’équipe a quatre mois pour structurer son projet avec, à l’horizon, une montée en puissance pour ce lieu clé du territoire.
Le projet était déjà bien solide. Monté en 2007 par trois artisans soucieux de transmettre leurs savoir-faire à l’aube de leur retraite (mosaïste, pipier et tourneur sur bois), L’Atelier des Savoir-Faire réunit un réseau de 62 artisans pour 27 disciplines et accueille 10 000 personnes par an, dont 800 jeunes et 200 stagiaires adultes, présente Magali Henrotte, la directrice. L’équipe, quatre temps pleins, un apprentis en communication et un tourneur saisonnier pour des démonstrations, propose un musée, une boutique en dépôt vente, un sentier pour exposer en plein air les œuvres des artisans membres, un fablab, des stages et des formations professionnelles certifiées Qualiopi, ainsi que des accompagnements professionnels des artisans notamment sur les sujets du numérique (site Internet, etc.).
L’Atelier est une structure publique des communautés de communes – 24 communes sont investies dans le projet. L’enjeu est territorial, présente Magali Henrotte : « le projet est de faire des Hauts-Jura une terre d’artisans ». La collectivité a donc un pouvoir décisionnaire important dans la vie du lieu, précise-t-elle. « Les élus décident des financements. Ils sont très présents et très intéressés par le projet. »
Pour assurer l’équilibre financier, atteint depuis environ 5 ans, se réjouit la directrice, le lieu bénéficie également de recettes propres, notamment via les stages d’artisanat, et de subventions de l’État et de l’Union Européenne. Le budget annuel de la structure est d’environ 460 000 euros de fonctionnement et 225 000 d’investissement, précise-t-elle.
L’incubation pour affiner son projet
En décembre dernier, L’Atelier des Savoir-Faire a fait partie de la première salve de lieux labellisés Manufacture de proximité – des espaces de mutualisation des outils de production dont l’objectif est de soutenir et développer la production locale, soutenus par France Tiers-lieux, association chargée par le gouvernement de structurer un réseau français des tiers-lieux, et le gouvernement via l’Appel à Manifestation d’Intérêt de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires. Le projet est donc posé : « monter en puissance » et « mutualiser » les machines et les savoir-faire. Mais la mise en œuvre reste à déterminer. A partir de fin février et pour quatre mois, L’Atelier des Savoir-Faire entrera en « phase d’incubation » afin de déterminer ses besoins, les actions à entreprendre, les machines dans lesquelles investir et le budget nécessaire à la réalisation de leur vision. Ce travail se fera en dialogue avec les artisans du réseau, les élus et France Tiers Lieux.
S’il est encore trop tôt pour présenter un projet précis, Mme Henrotte nous dévoile néanmoins quelques-unes de ses ambitions déjà engagées.
– Créer une boutique annexe au dépôt-vente existant pour des artisans qui ne peuvent pas avoir de boutique à leur nom. La directrice voudrait également ouvrir une boutique à l’essai, afin de proposer aux artisans un très faible loyer avec la possibilité d’achat à la fin de cette période avec déduction des loyers ;
– Enrichir le programme de pépinière d’artisans, grâce auquel L’Atelier loue des locaux à très faibles loyers pendant trois ans pour aider au démarrage de jeunes activités. En addition aux locaux commerciaux, la communauté de communes recherche des logements et ateliers pour permettre à des artisans de s’installer dans la région ;
– Investir dans des machines pour répondre aux besoins de la soixantaines d’artisans et développer le fablab et son offre d’artisanat numérique ;
– Embaucher, souffle Magali Henrotte, en ce moment en cours de recrutement de deux administratifs afin de l’épauler dans ses tâches.
Un projet ambitieux pour une structure au service de son territoire.
En savoir plus sur l’Atelier des Savoir-Faire