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Comment on a monté une borne d’arcade en cinq heures avec trois ados

Une arcade DiY faite par et pour de jeunes joueurs à Agen. © DR

Fabriquer une borne d’arcade à partir d’un microcontrôleur et d’une Recalbox en cinq heures d’atelier avec des ados, c’est le défi relevé par le Florida, à Agen. Récit.

A Noël, on recevait un mail de Pierre-Mary Gimenez-Guillem, « animateur bidouilleur » à Agen, dans le Lot-et-Garonne, qui nous proposait de tenir le journal d’un atelier en cinq séances pour monter une borne d’arcade avec des adolescents au Florida, cet espace militant pour la diffusion des musiques actuelles et l’accès à la culture via le numérique. Comme on n’a pas si souvent l’occasion de prendre l’air (pas qu’on voudrait pas se balader d’un fablab breton à un tiers-lieux gascon, hein…), on a dit banco ! Voici, au terme de quelques allers-retours, le récit de la conception et de l’assemblage d’une vraie borne à l’ancienne par des moins de 16 ans.

Pour bien commencer l’année 2018, le Studio 5 du Florida et le Point Jeunes d’Agen se sont fixés comme objectif de concevoir et d’assembler une borne d’arcade en cinq heures avec des ados. Le Florida, géré par l’Adem (association pour le développement de l’expression musicale), premier lieu labellisé musiques actuelles de France et basé à Agen, est réputé au national pour son activité liée aux pratiques musicales et numériques depuis déjà vingt-cinq ans. A l’aide de son Studio 5 et ses deux animateurs multimédias (dont moi !), il s’adresse à des centaines de Lot-et-Garonnais (de 2 à 77 ans) pour pratiquer les cultures numériques et électroniques.

Jour 1. C’est quoi le plan?

C’est la première rencontre avec les jeunes. Je leur présente le projet et sa mise en œuvre ainsi que les plans de menuiserie et électronique de la borne. J’explique chaque élément qui la compose : une Raspberry Pi 3 sur laquelle sera installée Recalbox, utilisée pour la partie logicielle ; les boutons et joysticks seront câblés directement sur le GPIO (General Purpose Input/Output, les ports entrée-sortie) de la Raspberry. Sur les trois jeunes présents, deux connaissent déjà le micro-ordinateur et la Recalbox, une console de vieux jeux vidéo, on gagne donc un peu de temps ! Je lance aussi l’idée de ressourcer notre projet. J’explique donc en quoi cela consiste et comment le faire.

Jour 2. Rétrojouons

Je parle des ROMs que nos ados vont pouvoir installer sur la borne d’arcade. J’explique comment les cartouches de jeux ont pu tomber dans le domaine public. Ils en sélectionnent quelques-unes pour les installer sur la Recalbox. Puis on les teste avec des joysticks, parce qu’on est quand même un peu là pour s’amuser !

La Recalbox permet d’émuler presque toutes les consoles de jeux, de la Vectrex à la Playstation, des systèmes Atari à la Nintendo 64. © Studio 5

Jour 3. Premiers brasages

Les choses sérieuses commencent. Après une rapide formation au brasage à l’étain, ils se lancent dans les premières soudures de la borne. Il faut fabriquer des câbles spéciaux, connectique de prototypage femelle d’un côté et connexion rapide pour bouton d’arcade de l’autre. Pas facile d’appréhender le brasage en quelques minutes et de réaliser des pièces solides. On s’y reprend à plusieurs reprises sur certains câbles. On ajoute une étiquette sur chaque fil pour l’identifier facilement en cas de panne.

Apprendre à souder, c’est pas si simple! © Studio 5

Jour 4. Le gymkhana du câblage

Certains continuent le brasage qui n’avait pas été terminé lors de la séance précédente. « Le brasage, raconte Gauvain, c’est très énervant parce que difficile. J’ai failli me brûler plusieurs fois avec le fer. » La séance est dédiée au câblage des boutons. Avec les plans et les indications sur les câbles, c’est assez simple.

Un jeu de couleurs pour ne pas se tromper dans le câblage. © Studio 5

Jour 5. La forme finale

On prend le minibus pour aller au Creuset 47, une association d’insertion sociale et professionnelle qui propose des services aux entreprises privées mais aussi des chantiers accompagnés, comme par exemple l’élaboration et la fabrication du meuble en bois qui accueillera la borne. En une heure et demie, on arrive à assembler une grande partie des éléments du meuble. « Voir la forme finale de la borne, se souvient Gauvain, ça a été mon moment préféré ! »

Et voilà la borne (enfin, son cadre en bois)! © Studio 5

Malheureusement, on est obligés de partir avant d’avoir fini. Je laisse à l’équipe du Creuset la tâche de fixer l’écran et les enceintes.

Épilogue

Après ces cinq heures passées avec les jeunes, la borne d’arcade est assemblée. Pour protéger la partie électronique, j’ai dû décâbler les boutons de la Raspberry lors du montage. Je suis alors retourné au Point Jeunes pour refaire les branchements ainsi que quelques soudures qui n’avaient pas tenu, et pour percer une ouverture où faire passer la prise électrique. Et comme il restait toute la partie décoration à réaliser, c’est Charlène de l’Accueil jeunesse qui s’en est chargée avec les adhérents.

Finalisée, décorée, customisée (en dehors des cinq heures de montage). © Studio 5
Elle n’est pas que montée et assemblée, elle marche! © Studio 5

Finalement, ce sont encore presque cinq heures de plus qui ont été nécessaires pour arriver à un objet abouti et entièrement fonctionnel. Le conseil de Gauvain à ceux qui voudraient faire de même : « Attentions aux ROMS ! Pensez jeux libres. »

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