En marche, mais sans se presser. Lundi 23 avril, le Premier ministre Edouard Philippe présentait « la feuille de route pour une économie 100% circulaire » fixée par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Au total, cinquante mesures plus incitatives que contraignantes encouragent producteurs, consommateurs et collectivités à adopter des pratiques plus vertes et plus vertueuses. Mais sans budget dédié.
Sur le fond, la feuille de route du ministère de Nicolas Hulot s’aligne sur les grands principes de la loi pour une croissance verte adoptée en 2015 qui érigeait la transition vers une économie circulaire comme un objectif national et prévoyait déjà d’atteindre un seuil de 65% de recyclage des déchets en 2025. Elle pousse le curseur un peu plus loin avec un objectif « 100% plastiques recyclés » en 2025, la réduction de 50% des déchets mis en décharge (grâce au recyclage) et la baisse de 30% de consommation des ressources par rapport au PIB d’ici à 2030.
Le gouvernement prévoit la création d’un indice de réparabilité des produits, dont l’affichage sera rendu obligatoire à partir du 1er janvier 2020, la mise en place d’un système de consigne solidaire dans les collectivités, le lancement d’un « pass économie circulaire » pour stimuler l’investissement dans la collecte et la valorisation des biodéchets, la diminution de la TVA pour le recyclage et l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pour la mise en décharge et l’incinération, une mesure déjà critiquée par les collectivités locales.
300.000 nouveaux emplois
A terme, l’ensemble de ces dispositifs devrait créer 300.000 emplois supplémentaires dans l’économie circulaire, leur nombre actuel étant évalué à 800.000. Déjà annoncé lors de la présentation du livre blanc Numérique et environnement le 19 mars, l’appui aux filières de la réparation et du réemploi devrait « créer davantage de nouveaux métiers ou recréer des métiers en voie de disparition comme celui de réparateur », selon Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique.
Les administrations seront également mises à contribution via l’utilisation de 50% de papier recyclé, de téléphones issus du réemploi ou encore de pneus rechappés pour leurs flottes de véhicules. Même les machines à café sont dans le collimateur : elles devront désormais afficher le prix des boissons… avec ou sans gobelet.
Sans budget dédié, la feuille de route s’en tient cependant à des recommandations de soutien à l’investissement. Et les mesures anti-obsolescence programmée, pourtant annoncées tambour battant, se réduisent à des mesurettes destinées à l’information du consommateur « pour recréer chez [lui] le réflexe de la réparation plutôt que de jeter un bien et d’en racheter un nouveau ». Pas de quoi faire trembler Apple.
Consultez la feuille de route pour une économie 100% circulaire