La prolongation de «Science frugale» à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes à Paris est l’occasion d’observer comment cette exposition conjugue esprit DiY et recherche scientifique.
Le phénomène est assez rare pour être souligné : Science Frugale, l’exposition participative et évolutive de l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes à l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI), s’est enrichie semaine après semaine depuis son ouverture en novembre 2016. Conçue à la manière d’une expérience scientifique collaborative, elle a impliqué le public dans sa construction. Evénements, ateliers, conférences et rencontres ont enrichi l’exposition qui applique les principes mêmes de la science frugale : une façon de répondre à des budgets réduits, au manque de ressources locales en mobilisant et en réveillant la « créativité expérimentale ».
Workshop « autopsie d’un lecteur de disque », ateliers « Do it Yourself microscope », conférence expérimentale « La smartphonique : faire des sciences avec son smartphone » et autres initiations à l’Arduino ou à l’impression 3D figurent parmi les évènements liés à l’exposition et réalisés en son sein. Résultat : une exploration d’initiatives « frugales », depuis les sciences citoyennes et participatives jusqu’à la production d’instruments scientifiques low-tech et néanmoins performants, en passant par l’expérimentation de formats de médiation à base de « manips de coin de table ».
La galerie de projets expose des instruments scientifiques prototypés sur place avec quelques acteurs de la science frugale comme l’association Trend in Africa, qui réunit de jeunes chercheurs qui militent pour le déploiement d’équipements scientifiques low et hi-tech en Afrique ; l’initiative E-Fabrik qui associe jeunes et personnes handicapées pour chercher des solutions à une problématique vécue par la personne handicapée ou encore EchOpen, cette communauté de médecins, ingénieurs, physiciens et makers regroupés autour d’un projet d’écho-stéthoscope à bas coût (dont on vous parlait ici).
Totem de l’exposition, le MachinChose a été conçu lors d’un atelier proposé par Antanak, Electrocycle et la Petite Rockette à partir de déchets de la recyclerie. « Cette structure ne sert à rien ! », nous prévient Paul Boniface, médiateur scientifique présent sur place. « Mais il a fallu comprendre le fonctionnement des objets initiaux en les démontant pour ensuite les détourner de leur fonction de base », poursuit-il en montrant une partie du MachinChose, une voiture télécommandée réalisée à partir d’une souris d’ordinateur. De quoi susciter des vocations et ouvrir les esprits.
La compréhension par la fabrication d’outils sur mesure, à la fois simples, économes et reproductibles, se retrouve aussi dans un cadre purement scientifique, dans une logique d’interdisciplinarité. Une logique qui permet le partage des connaissances et favorise les échanges.
La désinauguration de l’exposition aura lieu le 7 septembre. Cette clôture festive et réflexive (s’y tiendra un séminaire sur l’idée de l’exposition exploration qui a valu à Science frugale le « Smart and simple award » du prix européen Mariano Gago Ecsite en juin 2017) marquera le lancement de l’exposition virtuelle sur le site PSL Explore et sera l’occasion de réfléchir à la question du réemploi ou du recyclage de l’exposition, pourquoi pas en itinérance.
«Science frugale» à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes,10 rue Vauquelin Paris 5ème, jusqu’au 29 juillet, fermeture en août, réouverture la première semaine de septembre, entrée libre, du mardi au samedi, de 14h à 17h