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Laval Virtual repousse les frontières de la réalité virtuelle

Au salon Laval Virtual, le stand de la VR-Connection regroupe les acteurs français de la réalité virtuelle. © Nicolas Barrial

Le salon Laval Virtual, ses 6000m2 d’exposants et son record de visites, s’impose comme le rendez-vous européen de la réalité virtuelle. Avec la Chine en vedette, et une débauche de solutions techniques.

Laval, envoyé spécial

Le salon Laval Virtual, qui s’est tenu du 22 au 26 mars dans la cité de la Mayenne, ne veut rien lâcher pour conserver son titre de premier rendez-vous européen de la spécialité. Lors de la première édition du salon en 1999, la réalité virtuelle (VR) était encore une niche. Mais en 2012, un proto sorti de nulle part, l’Oculus Rift, a réveillé l’appétit pour la VR. Certaines études prévoient un marché à 150 milliards de dollars en 2020. Dès 2014, Laurent Chrétien, le directeur du salon, initiait une première sortie de territoire pour la marque Laval Virtual, avec les Laval Virtual Days à Paris.

Cette année, Laval Virtual a joué la carte chinoise : Laurent Chrétien a signé un accord avec le district de Laoshan pour la création d’un Laval Virtual Asie en novembre 2017 et accueilli un pavillon chinois sur le salon, financé par ledit district. L’organisation a de nouveau poussé les murs pour atteindre une surface d’exposition de près de 6000m2. La présentation du salon a aussi changé de braquet : encore plus de stands exclusifs, d’espaces VIP et un bar central qui donnait au salon un air de discothèque. Et un record de fréquentation à la clé : 17 700 visiteurs.

Quand la Chine s’est éveillée… à Laval

Impossible de louper, à l’entrée du salon, la dizaine de stands d’entreprises chinoises, couvrant à elles seules l’ensemble de l’offre matérielle en VR : casques, capteurs, caméra, etc. Là où un salon américain aurait vu le loup entrer dans la bergerie, les Européens perçoivent une nouvelle ligne d’approvisionnement. Si les propositions semblaient de bonne facture, les vidéos de présentation un peu kitsch et la barrière de la langue ont fini par laisser le pavillon chinois un peu désert.

Pico Neo, l’un des kits VR que l’on pouvait découvrir sur le pavillon chinois. © Nicolas Barrial
Une hôtesse chinoise nous fait l’article d’un casque «made in» China. © Nicolas Barrial

L’union de la réalité virtuelle «made in» France

A l’opposé des stands chinois, les Français de VR-Connection ont fait front commun en proposant de réunir les acteurs français de la VR au sein d’un groupement d’intérêt économique (GIE). L’initiative, lancée en novembre 2016 par les fondateurs du parc VR lyonnais Eydolon (on y revient), a pour but de répondre collectivement à de gros appels d’offre. Avec leur stand en forme d’agence du futur, les « French VR craftsmen » ont fait le plein d’adhésions pendant le salon. Une VR-Connection qui promet un label d’expériences « sans nausée ». Quand on sait qu’il y a plus de vingt causes possibles au mal des simulateurs, on leur souhaite bonne chance…

Virtualis proposait une expérience thérapeutique en VR contre le mal de mer. © Nicolas Barrial

HTC adoube des gants virtuels hollandais

HTC, le fabricant taïwanais du Vive, casque VR leader sur PC, partenaire du salon, avait invité sur son stand l’équipe hollandaise de Manus VR à faire la démo de sa paire de gants virtuels. Et son directeur Arsène van de Bilt d’expliquer que les gants offrent une simulation très stable pour les mains « parce qu’elles ne reposent pas sur un tracking extérieur ».

Les gants Manus VR à l’essai sur le stand HTC. © Nicolas Barrial

Malgré la présence sur le stand Samsung d’une expérience au casque Samsung Gear VR, ce sont les casques de réalité augmentée (RA) à 5000€ l’unité comme le Microsoft Hololens qui ont eu la faveur du public.

Microsoft présentait des applications développées par l’agence française Conseil3D pour Areva ou Total. Alstom proposait sa propre application de maintenance et Holoforge Interactive une formation de grutiers à coups d’hologrammes. L’Américain Daqri proposait une alternative à l’Hololens avec son Smart Helmet. Mais le stand imposant du spécialiste de la vidéoprojection 4K, le Canadien Christie, rappelait que le seul système de RA qui équipe actuellement les pros, c’est celui du Cave.

Inspection des travaux finis en réalité augmentée. © Nicolas Barrial

Tout pour la démo

Si le mastodonte Microsoft peut attendre que la tendance lui soit favorable, la plupart des start-ups sont condamnées à multiplier les démos. « Elles servent à financer la recherche pour des projets plus pérennes », affirme Ludovic Clamens, fondateur de Realtime Robotics qui a conçu le robot-bar de la soirée d’ouverture. Même son de cloche chez les Berlinois de 3T avec leur table de ping-pong interactive proposée en démo pour 6000€ la journée. Quant à Orbital Views, qui proposait à Laval Virtual un vol en apesanteur et en VR, il y a trouvé un partenaire avec Novespace, filiale du Centre national d’études spatiales (Cnes) spécialisée dans les vols paraboliques !

La table de ping-pong des Berlinois de 3T se prenait pour un Ipad. © Nicolas Barrial

L’art-science des universités japonaises

Chaque année, à Laval Virtual, le rendez-vous à ne pas louper, c’est celui avec les universités japonaises. Une fois de plus, on n’a pas été déçu avec l’Institut de technologie Kanagawa qui présentait Real Baby, un baigneur qui s’anime en VR, expérience de sensibilisation à la parentalité récompensée d’un Laval Virtual Award.

Real Baby a trouvé des parents d’adoption tout au long du salon. © Nicolas Barrial

Le stand de l’école de design média de l’université Keio était consacré à l’étude des sports « superhumains », un sujet nourri de mécaniques absurdes dont certaines étaient à l’essai.

L’un des engins du stand «Superhuman Sports», pas encore en compétition aux JO. © Nicolas Barrial

Ce thème du sport superhumain en 2020 a été abordé par le professeur Masahiko Inami au cours du Vric (Virtual Reality International Conference), le colloque scientifique de Laval Virtual. Mais comme celui-ci se tenait hors les murs, la plupart des visiteurs en ont ignoré jusqu’à l’existence… Autre déconvenue, l’ACM Siggraph, pourtant partenaire du salon, et son petit stand (avantageusement occupé par l’artiste Yann Minh). Du coup, l’artiste chercheuse Judith Guez a investi une galerie d’art du vieux Laval avec l’exposition Projet Art&RV, comme une ébauche de off à Laval Virtual.

L’une des expériences proposées dans l’exposition «Projet Art&RV». Nicolas Barrial

Laval Virtual propose également des concours d’innovation. Cette année, le double vainqueur, grand prix du jury et prix business, communication & services, c’est la start-up franco-belge Mymesis pour sa plateforme de communication holographique. Une sorte de Skype augmenté de VR ou AR. La réalité virtuelle qui devient enfin sociale, le thème du prochain Laval Virtual ?

Le site du salon Laval Virtual